De Kherrata, El Kadi Ihsane
Des milliers de citoyens venus de toute l’Algérie sont venus commémorer à Kherrata la journée historique du 08 mai. Le processus politique débutera après l’Aïd.
C’est une fontaine fraiche, au bord de la route qui a symboliquement sonné la dispersion après plus d’une heure de marche sous le soleil à scander par milliers tous les mots d’ordre, anciens et nouveaux du mouvement populaire en faveur du changement démocratique en Algérie.
Le jeun, la chaleur, et la forte affluence populaire n’ont pas permis de prolonger la manifestation populaire de ce samedi 08 mai à Kherrata par une séance de travail entre hirakistes, comme le souhaitaient de nombreux visiteurs. Scénario prévu par les initiateurs de l’appel de Kherrata qui ont opportunément organisé, dans la fraîcheur et la convivialité, un débat public fertile dans la soirée du 07 mai après l’Iftar en présence de la population locale et de dizaines de Hirakistes venus de tout le pays pour partager cet agora politique. Les intervenants au micro étaient partagés entre la nécessité de structurer le mouvement populaire et celle de maintenir son caractère horizontal.
L’idée de tenir une première de concertation a par contre fait l’unanimité et les orateurs de Kherrata ont réaffirmé leur mobilisation pour l’organiser dans leur ville si telle était la volonté des acteurs du Hirak ailleurs dans le pays. Le débat public s’est poursuivi jusqu’à minuit, heure à laquelle une marche s’est mise en branle pour se diriger vers le lieu historique ou ont été assassinés des dizaines d’habitants de Kherrata dans les sanglantes représailles coloniales qui ont suivi les manifestations des Algériens réclamant l’indépendance, le 08 mai 1945.
Un comité national de préparation de la première rencontre consultative HIrako-hirakienne va être installé dans les prochains jours afin d’entamer ses travaux après l’Aïd, ont assuré plusieurs activistes locaux au cours de leur échange avec leurs invités des autres wilayas. « L’initiative est maintenant mure et portée par Kherrata. Elle n’est pas calquée sur l’agenda électoral des législatives du 12 juin. Elle doit éviter la précipitation et s’assurer des conditions de son succès » affirme Mourad, un des acteurs du Hirak de Kherrata.
Donner corps à une suite
A défaut de rencontre politique, reportée déjà dans la semaine à plus tard par les organisateurs, la marche de célébration du 08 mai 1945 s’est transformée en puissant serment d’unité des acteurs du Hirak mélangés une fois de plus à Kherrata.
Le parcours choisi a été, compte tenu des circonstances, plus court que celui du 16 février dernier, date de reprise des grandes marches populaire en Algérie, avec la marche commémorative de l’an 2 du Hirak, lancé en « avant première » à Kherrata. « Je suis venu de Ghardaia pour partager avec nos frères des autres wilayas ce moment historique et parler de l’avenir de notre mouvement » a expliqué un des manifestants, suiveur de Radio M. Les mots d’ordre en défense des détenus de la 3e vague de répression en cours ont été particulièrement scandés.
De nombreuses figures connues ont fait le déplacement parmi les ex détenus – Walid Kechida, Abdelkrim Zeghileche, Amira Bouaroui, les avocats Me Mustapha Bouchachi, Me Nabila Smain, ou les acteurs des droits de l’hommes Said Salhi, Moumene Khelil, les organisations politiques de tous les courants, les anciens dirigeants de partis politiques comme Saïd Khelil, ou encore les porte parole de projets politiques nouveau comme Hicham Khiat.
Abdelwahab Fersaoui, le président de RAJ, particulièrement sollicité par les médias a tenté d’expliquer « les hésitations » qui ont suivi sa proposition publique (14 avril) de tenir à Kherrata le 08 mai 2021, une première rencontre consultative ; « l’accueil de cette idée sur les réseaux sociaux a été largement positif.
Il y a eu malheureusement des problèmes de préséance qui ont retardé la mise en œuvre de la préparation. L’important est que l’idée d’un processus consultatif pour aller vers une conférence nationale incluant tous ceux qui restent dans le camp populaire en faveur du changement radical, est une idée qui a fait un grand pas auprès de ceux qui avaient peur de toute forme d’organisation du Hirak.
Ils sont aujourd’hui là à Kherrata et ils sont demandeurs d’une suite. C’est à nous d’agir ensemble maintenant pour donner corps à cette suite ».