L'Algérie accroît ses objectifs en matière d'énergie renouvelable (document OGB) - Maghreb Emergent

L’Algérie accroît ses objectifs en matière d’énergie renouvelable (document OGB)

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L’Algérie ambitionne de doubler sa capacité d’énergie renouvelable, passant de 12 GW actuellement à 25 GW d’ici à 2030. Avec la baisse que connaît le prix des panneaux solaires photovoltaïques (environ 40 % depuis 2008 selon Noureddine Yassaa, directeur du Centre de développement des énergies renouvelables d’Algérie), l’énergie solaire devient un secteur de plus en plus concurrentiel.

 

 

Détentrice de la seconde plus grande réserve de gaz d’Afrique et de la troisième plus grande réserve de pétrole du continent, l’Algérie a récemment revu à la hausse ses objectifs d’ici à 2030 en termes d’énergies renouvelables, encourageant une plus grande diversification de la consommation intérieure.

En février, Youcef Yousfi, l’ancien ministre de l’énergie, a élaboré une stratégie visant à produire 27 % de l’électricité du pays à partir de sources d’énergie renouvelable d’ici à 2030. Cet objectif a été majoré suite à la nomination en mai du nouveau ministre de l’énergie, Salah Khebri, qui a annoncé un programme destiné à faire passer ce chiffre à 37 %. Khebri estime que l’utilisation accrue des énergies renouvelables et l’amélioration de l’efficacité énergétique pourrait conduire à des économies de 42 milliards de dollars sur 15 ans, avec 60 milliards de dollars d’investissement prévu.

 

Une consommation intérieure en rapide expansion

 

L’intérêt pour les énergies renouvelables s’est vu renforcé par une consommation intérieure en rapide expansion. Les générateurs au gaz produisent 98 % de l’électricité de l’Algérie et les prix de l’énergie sont gelés depuis 2005. Selon l’agence américaine Energy Information Administration, la consommation annuelle d’électricité a augmenté d’environ 10 % pendant 3 ans jusqu’à 2012, année pendant laquelle les autorités ont été obligées d’imposer des coupures afin de rationner la consommation d’électricité.

L’Algérie ambitionne de doubler sa capacité d’énergie renouvelable, passant de 12 GW actuellement à 25 GW d’ici à 2030, principalement grâce à la production solaire. Avec la baisse que connaît le prix des panneaux solaires photovoltaïques (une baisse d’environ 40 % depuis 2008 selon Noureddine Yassaa, directeur du Centre de développement des énergies renouvelables d’Algérie), l’énergie solaire devient un secteur de plus en plus concurrentiel, ce qui pourrait conduire à une importante réduction des coûts.

En outre, l’Algérie bénéficie de l’un des taux d’ensoleillement les plus élevés au monde, allant de 1 700 kWh par mètre carré dans le nord à 2 650 KWh dans le sud. ” Les panneaux solaires photovoltaïques et l’énergie éolienne sont les options les plus pertinentes pour l’Algérie, ces formes d’énergie étant les plus faciles à intégrer dans le tissu industriel existant ” a déclaré à OBG Abdelali Badache, président de la Commission de Régulation de l’Electricité et du Gaz (CREG). ” La question du retour sur investissement est un point sensible en ce qui concerne les sources d’énergie renouvelable. Nous avons néanmoins constaté ces dernières années que les prix ont considérablement baissés et pensons que les énergies renouvelables représentent aujourd’hui un investissement solide “, a-t-il ajouté.

La Société des Energies Renouvelables (SKTM), une filiale de la société nationale Sonelgaz, créé en Avril 2013 pour superviser les projets d’énergies renouvelables, a confirmé à la fin de l’année dernière que des centrales solaires dotées d’une capacité combinée de 343 MW étaient en cours de construction dans les Hauts Plateaux et les régions du sud, la majorité des installations devant être opérationnelles d’ici fin 2015.

Pour aider à stimuler l’investissement privé, le gouvernement met également en place un cadre réglementaire relativement libéralisé. Les projets d’énergie solaire et éolienne seront basés sur un contrat d’achat d’électricité de 20 ans garantissant des tarifs préférentiels pour l’électricité générée. Depuis avril 2014, le gouvernement propose un système de tarif de rachat assez généreux. Pour les projets dont la capacité varie entre 1 et 5 MW, l’électricité produite par les installations photovoltaïques est payée sur une base tarifaire de 16 Dinars algériens (0,14 €) par kWh durant les cinq premières années, un taux préférentiel distinct étant appliqué à ceux excédant 5 MW. Après la période initiale de cinq ans, les tarifs sont indexés sur un taux qui dépend de la performance.

Les taux de tarif de rachat pour les projets renouvelables seront subventionnés par un prélèvement de 1 % sur les revenus pétroliers, pratiqué par le Fonds National pour les Energies Renouvelables et la Cogénération (FNER). Les autorités pensent que ce système permettra au pays de tirer parti d’un potentiel solaire considérable, tout en préservant les ressources en combustibles fossiles et en développant l’expertise nationale dans les services connexes d’ingénierie de l’énergie, de conseil et de maintenance.

 

Un leader mondial

 

L’Algérie, ainsi que l’Afrique du Nord dans son ensemble, présente un fort potentiel pour l’exportation d’énergie renouvelable en Europe. Le bassin méditerranéen est déjà quadrillé de lignes d’interconnexion, mais les taux d’ensoleillement élevé et les vastes terrains d’Afrique du Nord ont fait de la région un point de polarisation des efforts de l’UE pour faire passer sa part d’énergies renouvelables à 20 % d’ici à 2020. Un certain nombre de projets cherchant à capitaliser sur cette ambition a été lancé au cours des dernières années, notamment le projet Desertec, un concept de grande envergure qui cherche à produire de l’électricité dans le Sahara pour alimenter les consommateurs européens.

Si l’Algérie ne participe pas au projet, le pays prend néanmoins part, depuis mai dernier, au dialogue avec l’UE sur les questions de l’énergie. Les pourparlers ont été initiés à Alger par Yousfi, le ministre alors en poste, et par Miguel Arias Cañete, le Commissaire européen à l’action pour le climat et l’énergie. Des experts des deux parties devront coopérer sur une variété de questions liées à l’énergie, principalement la question du gaz naturel, mais aussi de l’énergie renouvelable, de l’efficacité énergétique, du développement du marché de l’énergie et du développement des infrastructures.

A l’approche de la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques (COP21), le pays cherche également à renforcer la coopération transfrontalière dans le secteur des énergies renouvelables, ainsi qu’à devenir un leader régional dans le domaine. ” Notre volonté est de mettre sur pied, dès l’année prochaine si possible, un Forum Africain des Energies Renouvelables en tant que plateforme regroupant les décideurs africains avec leurs partenaires ainsi que les dirigeants CEO des compagnies publiques et privées “, a déclaré en juillet Ramtane Lamamra, le ministre algérien des Affaires étrangères.

Ayant attiré, selon un rapport de 2015 de Bloomberg New Energy Finance, l’une des parts les plus importantes (428 millions de dollars) des 5,5 milliards investis dans les marchés des énergies renouvelables d’Afrique en 2014, l’Algérie semble aujourd’hui avoir non seulement l’ambition, mais également les moyens d’atteindre ses objectifs.

 

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