Seuls 5% des 13,5 millions de tonnes de déchets produits annuellement sont recyclés, essentiellement pour récupérer du plastique, alors que 60% sont potentiellement recyclables.
Le clip du rappeur La Fouine a créé la polémique, en présentant une ville d’Alger sale et violente. Mais si les images présentées caricaturent la réalité, le traitement des déchets en Algérie est encore loin des normes voulues par les autorités : en plus des nombreuses lacunes dans la collecte des déchets domestiques et industriels, seuls 5% des 13,5 millions de tonnes de déchets produits annuellement sont recyclés, essentiellement pour récupérer du plastique, alors que 60% sont potentiellement recyclables.
En 2014, ce taux devrait passer à 17%, selon la ministre de l’Environnement, Mme Dalila Boudjemâa, avant de dépasser le seuil des 40% en 2016. A voir ce qui se fait sur le terrain, ces objectifs semblent toutefois difficilement réalisables, tant les progrès paraissent lents, alors que le recyclage des déchets est devenu « un impératif économique, sociétal et environnemental », de l’aveu même de Mme Boudjemâa.
Le gouvernement affiche pourtant la volonté d’aller vite et de travailler sur tous les tableaux. Un premier pas a été franchi avec les différents dispositifs mis en place pour maîtriser les déchets industriels et inciter à la création d’entreprises spécialisées dans leur gestion et leur recyclage.
16 entreprises d’envergure
D’ores et déjà, la récupération et le recyclage des déchets commencent à devenir une activité économique comme une autre. 39 déchetteries ont été créées et 247 micro-entreprises sont recensées dans le secteur, qui compte seulement 16 grosses entreprises spécialisés dans la récupération. 124 centres d’enfouissement techniques existent, avec tout le système de traitement, pour remplacer progressivement les décharges publiques, appelées progressivement à disparaître.
La plus emblématique de ces décharges est celle de Oued-Smar, dans la wilaya d’Alger, remplacée par celle de Ouled Fayet, fermée à son tour. Les deux sites ont été symboliquement transformés en espaces verts pour marquer la transition. Mais de là à développer un secteur économique performant, employant 1,5 million de personnes en 2025 comme le prévoit Mme Boudjemâa, le pas semble énorme à franchir.
Le dispositif mis en place englobe aussi des mesures incitatives destinées aux entreprises, avec un recours au principe de base du « pollueur-payeur », afin d’offrir une source de financement qui s’ajoute à l’effort de l’Etat.
Performance environnementale
En plus de l’introduction de contrats de « performance environnementale », déjà signés par 300 entreprises, une étude d’impact sur l’environnement est désormais requise pour tout nouvel investissement industriel, selon Mme Boudjemâa, qui s’est montrée intraitable. « Aucun industriel ne peut s’installer sans étude d’impact environnemental », a-t-elle prévenu. Une taxe est également prévue, calculée en fonction de « la charge de pollution ». Celle-ci est actuellement payée par 85 à 90% des entreprises qui y sont soumises. Il s’agit essentiellement de celles ayant une activité considérée comme « dangereuse ou polluante ».