« Les données de plus de 6.900 terminaux examinés par le FBI en 11 mois sont restées inaccessibles à ce jour ».
Décidément, les Etats-Unis qui contrôlent la sécurité internationale du réseau Internet se heurtent, depuis quelques mois, à un véritable dilemme de la sécurité numérique. En effet, les agents du FBI se montrent particulièrement désemparés face aux avancées de la technologie de la fabrication des smartphones et de la performance des algorithmes du chiffrement des données.
Ils ont de plus en plus de mal à extraire les données des terminaux mobiles des criminels, et leur travail d’enquête est en train de devenir cauchemardesque. Christopher Wray, directeur du FBI, a récemment déclaré que le chiffrement des données contenues dans les smartphones est devenu un sérieux problème pour les enquêtes de l’agence. « Les données de plus de 6.900 terminaux examinés par le FBI en 11 mois sont restées inaccessibles à ce jour » a-t-il révélé.
C’est la fusillade qui a fait 26 morts dans une église de Sutherland Springs, au Texas, qui est en train de relancer le débat sur le chiffrement des terminaux intelligents. Un des responsables de la police fédérale américaine a fait l’aveu de ne pas pouvoir accéder aux données du téléphone appartenant au tueur présumé afin de tenter de lever le voile sur les raisons pour lesquelles il est passé à l’acte.
Nous savons depuis une longue période que le chiffrement des données personnelles constitue pour l’utilisateur ce qui est le gilet pare-balles pour le policier. En clair, l’algorithme du chiffrement apparait aujourd’hui comme un bouclier efficace contre le contrôle massifié des cybers citoyens par tout type d’autorité. Mais depuis le bras de fer qui a opposé Apple et le FBI après la fusillade de San Bernardino survenue fin 2015, le chiffrement est devenu un obstacle majeur au pouvoir d’enquête de la police fédérale US.
Aujourd’hui, le monde numérique s’oriente vers le blindage de traces laissées par les usagers des terminaux d’accès à l’Internet. Si le cryptage parait être une solution efficace contre le vol des données personnelles, il pose des problèmes aux forces de police et à la justice dans leur lutte contre le crime et le terrorisme. La difficulté de casser un code d’accès à un terminal par les experts du FBI est déconcertante. Des questions se posent alors sur les moyens de lutte contre le danger de l’utilisation des technologies de cryptage pour des actes illicites. Se pose aussi la question du respect de l’intégrité des données personnelles par ces mêmes autorités lorsqu’elles ne sont pas en face d’actes réprimés par la loi.