L’armée algérienne a effectué pendant deux jours des manœuvres militaires tactiques, le long des frontières avec la Libye, sous la supervision du général de corps d’Armée, Ahmed Gaïd Salah. Un signal sur la détérioration de la situation sécuritaire à nos frontières sud-est.
Ces exercices ont duré deux jours, les 27 et 28 mai, selon un communiqué du ministère de la Défense, au cours desquels les capacités de combat face aux menaces aux frontières, ont été mises à l’épreuve. Ces manœuvres visent, selon l’ANP, à améliorer « nos capacités de combat, l’organisation de la coopération et l’entraînement à la planification et la conduite des opérations, faisant face à toute menace à nos frontières nationales ».
Ces opérations ont mobilisé des unités de l’armée de terre, de l’aviation et des formations de la défense aérienne du territoire. Elles interviennent après le déploiement de 5000 soldats supplémentaires dans cette zone, pour parer à toute infiltration de groupes djihadistes en provenance de Libye. Leur médiatisation inhabituelle par le ministère de la Défense, est un signe que la situation est tendue aux frontières, d’autant que la Libye s’enfonce chaque jour dans une crise politico-sécuritaire sans précédent, faisant de ce pays une base favorable à l’implantation de groupes djihadistes subsahariens et source d’instabilité pour la région.
Nouveau découpage militaire du territoire
Selon le quotidien arabophone El Khabar, l’Etat-major de l’ANP serait sur le point de procéder à un nouveau « découpage » du territoire en créant un « secteur opérationnel » au niveau de la zone frontalière d’Illizi, avant de le transformer en « Région militaire », qui serait la septième à travers le pays. Ce déploiement sans précédent intervient aussi, suite à des renseignements sur une intense activité de groupes terroristes dans le sud de la Libye, qui sert de zone de repli aux djihadistes chassés par l’intervention française au Nord Mali. Début mai, l’armée algérienne avait annoncé avoir abattu une dizaine de terroristes près de Tinzaouatine (Tamanrasset) et récupéré un important lot d’armes, de munitions et de matériel de transmission.
Cette tentative d’incursion avortée, avait pour objectif, selon des médias français, de porter un coup spectaculaire, semblable à celui d’In Amenas en janvier 2013. Car le « traumatisme » de l’attaque contre le site pétro-gazier de Tiguentourine, qui avait causé la mort de 38 employés, et amputé l’Algérie de 18% de capacités d’exportation, est encore présent dans l’esprit des plus hautes autorités du pays, à commencer par son commandement militaire.
L’objectif de cette démonstration de force serait double : envoyer un signal fort aux groupes terroristes et sécuriser les sites pétro-gaziers, pourvoyeurs de 99 pour cent des revenus d’exportations du pays.