L’effet du Brexit, voté par les Britanniques, demeure incertain sur l’économie marocaine, selon l’analyse des experts marocains qui restent unanimes sur la nécessité de l’adoption de nouveaux accords commerciaux et donc la construction de nouvelles relations économiques avec la Grande Bretagne (GB).
De l’avis du président de l’Institut marocain des relations internationales, (IMRI), Jawad Kerdoudi, le Brexit va avoir un impact sur les échanges commerciaux entre le Maroc et la GB, eu égard au rétablissement des droits de douane entre les deux pays.
“En principe, suite à la sortie du Royaume-Uni de l’UE, il y aura un rétablissement des droits de douane entre Maroc et la GB et donc on peut craindre une certaine baisse des échanges commerciaux entre les deux pays”, a déclaré à la MAP M. Kerdoudi.
L’expert a estimé, cependant, que la GB doit entamer des négociations avec plusieurs pays, dont le Maroc, pour la signature des accords de libre-échange de façon à rétablir l’exonération des droits de douane, mais ça risque de prendre du temps et impacter les échanges commerciaux entre les deux pays.
Devenu un pays hors UE, le Royaume-Uni pourrait orienter différemment ses relations avec le monde, en optant pour tel ou tel bloc, a relevé M. Kerdoudi, se demandant si le Maroc va figurer parmi les priorités de la GB.
Sur un autre registre, l’expert a noté que si la sortie de la GB de l’UE cause une régression économique au niveau européen, la demande européenne adressée au Maroc connaitra une baisse, qui sera amortie par la diversification des débouchés du Royaume.
De son côté, l’économiste Omar Kettani a indiqué qu’après la sortie de la GB de l’UE, le Maroc doit renégocier les accords de libre-échange avec l’UE et revoir sa politique extérieure avec le Royaume Uni, relevant que l’application de nouvelles règles prendra du temps.
“Le Maroc devrait avoir une vision ouverte et être capable de négocier des accords gagnant-gagnant, surtout que la GB sera un pays libre des restrictions européennes”, a recommandé M. Kettani.
Selon l’institut Amadeus, les incertitudes sur l’avenir économique et politique de l’Europe, premier partenaire du Royaume, auront certainement des répercussions sur les relations entre l’UE et le Maroc.
Cependant, le Royaume-Uni, qui a toujours eu une politique diplomatique et de défense indépendante de l’UE, restera un partenaire important du Maroc et notamment en matière de lutte anti-terroriste et de coopération sécuritaire, estime l’Institut.
Sur le plan économique, la Grande Bretagne et le Maroc, qui possède un statut avancé avec l’UE, devront probablement négocier, dans un avenir proche, de nouveaux accords commerciaux et donc construire de nouvelles relations économiques, relève la même source.
Le Wali de Bank Al Maghrib, Abdelatif Jouahri, a minimisé l’effet sur l’économie marocaine d’une éventuelle sortie de la Grande Bretagne (GB) de UE, le qualifiant de “limité”.
“La probable sortie de la GB de l’UE aura certes un effet de Tsunami pour l’Europe, mais n’impactera l’économie marocaine que de près de 0,1 point”, avait dit M. Jouahri lors d’une conférence de presse tenue à l’issue de la deuxième réunion trimestrielle de cette année du Conseil de la Banque centrale.
La balance commerciale entre le Maroc et le Royaume-Uni s’est affichée déficitaire à fin 2015 au détriment du Royaume du Maroc, avec un solde commercial estimé à 1,98 milliard de dirhams (MMDH), selon les chiffres de l’Office des changes.
Les exportations du Maroc vers la Grande-Bretagne sont estimées à 6,01 MMDH, alors que ses importations de ce pays de l’Europe continentale se sont chiffrées à 7,99 MMDH à fin 2015.
Les voitures particulières viennent en tête des importations marocaines en provenance du Royaume-Uni avec plus de 1,85 MMDH, suivies des autres produits pétroliers (1,55 MMDH) et des fils à chaud et tubes en fonte ou en acier (806,85 MDH).
En revanche, le Maroc exporte vers la Grande Bretagne principalement des vêtements (1,69 MMDH), des voitures particulières (1,51 MMDH) et du matériel électrique (520,19 MDH).
Ces volumes font de la Grande-Bretagne le 7e client et le 15e fournisseur du Maroc. Le Royaume-Uni est le 62ème investisseur au Maroc.
Notons, enfin, que le Maroc reçoit 1 pc des investissements britanniques dans le monde.
Les Britanniques se sont prononcés jeudi pour une sortie de l’Union européenne (UE), après le dépouillement des bulletins dans les 382 centres de vote. Le camp pro-Brexit a obtenu 51,8 pc des voix. La participation au scrutin a été forte, avec 72,2 pc, selon les chiffres officiels.
La décision des Britanniques de sortir de l’UE porterait un coup dur à l’économie britannique qui risque de pâtir d’un choc d’incertitudes avec une croissance ralentie et un chômage en hausse.