Avec seulement 6% de la population mondiale, la région MENA (Moyen-Orient/Afrique du Nord) accapare un tiers des achats de blé dans le monde.
Avec plus de 10 millions de tonnes/an, l’Egypte est le premier importateur mondial de blé, suivie par l’Algérie, le Maroc, la Tunisie, l’Irak, l’Iran, la Syrie, le Yémen, etc. C’est ce que rappelle, dans une déclaration à Agence France Presse (AFP), Sébastien Abis, chercheur à l’Institut des relations internationales et stratégiques (Iris) et auteur de la Géopolitique du blé (Paris, Armand Colin).
On l’aura remarqué, tous ces pays sont situés dans la MENA (Moyen-Orient/Afrique du Nord). Avec seulement 6% de la population mondiale, cette région accapare un tiers des achats de blé dans le monde, indique ce chercheur. « Du Maroc à l’Egypte, la consommation y est la plus élevée du monde: 100 kilos de blé par habitant et par an », a-t-il déclaré à l’AFP, soit « le double de l’Union européenne, le triple du reste du monde ». Et de relever que la qualité des sols, le climat, le manque d’eau et la croissance démographique sont autant d’éléments qui plongent cette région dans une « hyperdépendance céréalière ».
En 2013, le blé coûtait 80% de plus qu’en 2005
Sébastien Abis qualifie d’ »expontentielle » la demande mondiale sur le blé, soulignant qu’entre 1998 et 2013, celle-ci a excédé à huit reprises la production et qu’en 2013, le blé coûtait en moyenne 80% de plus qu’en 2005.
La production mondiale de blé a atteint 720 millions de tonnes en 2014. Cette céréale est la base de l’alimentation pour 3 milliards de personnes dans le monde mais, relève Sébastien Abis, ceux qui le consomment le plus sont souvent incapables de le produire.
Selon l’AFP, « cinq pays ou régions seulement produisent plus de la moitié du blé mondial (Inde, Chine, Russie, Etats-Unis et UE – France très largement en tête) auxquels s’ajoutent une poignée d’exportateurs, Canada, Australie, Ukraine et Turquie. Ce club (85% de la production mondiale) contribue à alimenter un marché international de 160 millions de tonnes par an, pesant environ 50 milliards de dollars ».