L’ex général Hocine Benhadid juge que le déballage médiatique de Amar Saidani sur le rôle du DRS et son patron, le général Toufik, dans les rouages de l’Etat vise à affaiblir le DRS pour ouvrir la voie au 4e mandat de Bouteflika qui va servir à prémunir le « clan » contre les poursuites dans des affaires de corruption. Toutefois, il estime qu’un 4e mandat pour le président sortant est impossible, vu l’état de santé déclinant du président.
La charge que mène Amar Saïdani contre le DRS (Département du renseignement et de la sécurité) est l’œuvre du clan présidentiel dirigé par Saïd Bouteflika, le frère cadet et conseiller du président de la République, selon l’ex-général Hocine Benhadid – ancien commandant de la 8e Division blindée de l’ANP. Elle s’explique par deux raisons, observe-t-il dans une interview à notre confrère El Watan parue ce mercredi : la première est la volonté du « clan » d’ouvrir la voie au quatrième mandat de Abdelaziz Bouteflika, une fin qui passe nécessairement par l’affaiblissement de tous ses adversaires y compris le DRS. La deuxième raison est que ce clan « veut sauver sa peau » contre les affaires de corruption dans lesquelles ses membres sont impliqués dont Saïd Bouteflika lui-même. « Ils ne veulent pas rendre de comptes à l’avenir. C’est une question de survie pour eux, une manière de se protéger encore pendant cinq ans avant de trouver une autre solution », opine-t-il. Pour espérer bénéficier de l’impunité, le clan présidentiel, de l’avis de Benhadid, s’attaque au DRS pour l’affaiblir. « Or, l’heure de rendre des comptes viendra, après un an ou après dix ans », assène-t-il.
Un 4e mandat pour Bouteflika est impossible
L’ex général estime toutefois qu’un 4e mandat pour Bouteflika est « impossible ». « Bouteflika ne peut ni parler ni se mettre debout. Ce serait un scandale vis-à-vis de l’opinion nationale et internationale. L’Algérie serait la risée des nations. Ses proches veulent trouver une «astuce» pour qu’il puisse le faire, mais il n’y a rien à faire. Personnellement, je ne crois pas que Bouteflika veuille d’un quatrième mandat, ce sont ses proches qui n’arrêtent pas de jouer du bendir. Il n’y a que certains ministres et appareils qui font dans l’à-plat-ventrisme », relève-t-il.
Benhadid pense que le DRS ne peut pas obliger Bouteflika à ne pas aller vers un nouveau mandat. « C’est la discipline et l’éducation militaire qui interdisent de s’adresser au Président en ces termes ; je rappelle que Toufik est militaire comme l’a été Bouteflika. Ce dernier est ministre de la Défense, Toufik ne peut pas se permettre de lui interdire de se représenter, il peut juste lui suggérer qu’il serait préférable, pour l’Algérie, d’abandonner l’option du quatrième mandat vu sa maladie. Pas plus ».
Les changements opérés au sein du DRS ne sont pas importants
Par ailleurs, l’ex-général minimise la portée des derniers changements opérés par le président de la République au sein du DRS, notamment la suppression de la direction de la police judiciaire du DRS, qui a enquêté sur les grands scandales de corruption. « Ce n’est pas important. En plus, tous ces dossiers d’enquête sont chez les officiers du renseignement. Ils n’ont plus besoin d’autres dossiers. Ces «changements» sont présentés par le clan comme un affaiblissement du DRS, mais le Président ne peut rien contre ce service. Toufik, malgré son âge et le temps qu’il a passé à la tête du DRS, est le dernier rempart de l’Algérie, sinon le pays sombrera ». Selon lui, si le patron du DRS a laissé faire les proches de Bouteflika pendant les quinze dernières années, c’est « parce que ce n’est pas son rôle de s’opposer au Président ». Et de conclure par un appel au président Bouteflika de sortir par la grande porte. « Car, cinq ans de plus avec lui seraient un danger pour le pays ».