La question de l’exploitation du gaz de schiste a été mise en sourdine en raison de la forte contestation dans le sud. Elle vient de faire doucement son retour dans les projections du gouvernement algérien.
Selon le communiqué du conseil des ministres publié hier, le président Abdelaziz Bouteflika a appelé le gouvernement » à valoriser davantage toutes les ressources et richesses dont dispose le pays, y compris les hydrocarbures fossiles conventionnels et non conventionnels ainsi que les énergies renouvelables ».
La dernière fois que le chef de l’Etat a parlé de gaz de schiste remonte au 27 janvier 2015 et c’était pour signifier un moratoire implicite de l’exploration et de l’exploitation du gaz. Le président, à travers un communiqué du conseil des ministres, indiquait que les forages-tests, initiés à In Salah, seront achevés « à très brève échéance ».
Et il avait demandé au gouvernement de lever « les incompréhensions et les inquiétudes » et de confirmer que « l’exploitation proprement dite de cette énergie nouvelle n’est pas encore à l’ordre du jour ».
Il soulignait cependant que si l’exploitation du gaz de schiste devenait une » nécessité pour la sécurité énergétique du pays à moyen et long termes, le gouvernement devra, cependant, veiller avec fermeté au respect de la législation par les opérateurs concernés, pour la protection de la santé de la population et la préservation de l’environnement ».
« Un don de Dieu »
Le ton était plus conciliant en raison de la contestation civique à In Salah mais le cap de l’exploitation à un moment ou un autre du gaz de schiste n’a jamais été abandonné. Le 24 février 2015, le traditionnel message du chef de l’Etat à l’occasion de l’anniversaire de la nationalisation des hydrocarbures le soulignait avec force.
« »Le pétrole, le gaz conventionnel et de schiste, les énergies renouvelables sont des dons de Dieu. Il nous incombe de les fructifier et d’en tirer profit, pour nous et pour les générations futures ».
La référence de Bouteflika aux hydrocarbures non-conventionnels intervient dans un contexte de baisse de réserves gazières alors que l’ambitieux programme du renouvelable censé réduire la consommation interne en gaz est très loin d’avoir démarré.
Or, ainsi que le constatait l’ancien PDG de Sonatrach Abdelmadjid Attar, si le programme du renouvelable n’est pas réalisé d’ici 2030, l’Algérie pourrait ne plus exporter de gaz. Il avait relevé que l’Algérie produisait en moyenne 83 milliards de m3 par an et que la consommation locale était de 40 milliards de m3.
Faute d’un démarrage sérieux du programme du renouvelable, le recours au gaz aux hydrocarbures non-conventionnels parait être la seule réponse des autorités à cet inquiétant déclin. L’Algérie, selon les informations publiées par Sonatrach, détiendrait les 4ème réserves mondiales de gaz de schiste avec près de 20 000 milliards de m3 en place.
En février 2015, Sonatrach précisait que l’Algérie disposait de 4.940 trillions de pieds cubes (TCF) de réserves de gaz de schiste, dont 740 TCF récupérables sur la base d’un taux de récupération (TR) de 15%. Ces évaluations portaient sur les prospects d’Ahnet, Timimoun, Mouydir, Illizi et Berkine. Les réserves à l’état liquide (pétrole, condensat ..etc.) de ces 5 bassins s’élèvent à 248 milliards de barils, précisait Sonatrach.