Le PDG de l’opérateur historique Algérie Télécom (AT), M. Azouaou Mehmel, se plaint de l’explosion des volumes des données, causée par le décollage de la vidéo IP. Il l’a reconnu, lors de son passage à l’émission hebdomadaire de l’ »Invité du Direct » de Radio M, la webradio de Maghreb Emergent, puisqu’il affirme que l’on se dirigera inévitablement vers la segmentation des abonnements data (Internet). En clair, il prépare ses abonnés à réapprendre à ne plus avoir de l’illimité, et de devoir payer à l’usage même les services gratuits de la vidéo en ligne offerts par des sites comme Youtube de Google et la majorité des sites sociaux. Il faut préciser que cette gratuité est à l’origine de la montée en charge de la bande passante internationale d’AT diminuant alors sa profitabilité. De nombreux observateurs prévoient que l’opérateur procédera à une segmentation de ses offres ADSL en proposant de multiples forfaits de paquets data différents. Peut-on donner raison à M. Mehmel lorsqu’il affirme que l’illimité est en train de tuer le métier de l’opérateur des infrastructures ? A notre avis, si le constat est réel, il y a erreur sur le traitement de la problématique. Il faut reconnaitre que le fait de supporter aux clients d’AT une partie du coût de la bande passante ou les pousser à réduire leur consommation de vidéos et contenus riches afin d’éviter une hausse de leur facture est considéré par les spécialistes de la régulation comme une atteinte à la neutralité de l’Internet.
Si, comme le suggère M. Mehmel, ce débat existe ailleurs, il ne faudra pas l’importer en le débarrassant de son contexte. Car, ailleurs, les régulateurs protègent les usagers. Ailleurs, la boucle locale est ouverte, et les usagers ont le choix de l’opérateur Internet qui leur garantisse les meilleurs avantages et une qualité de service que les internautes algériens n’ont jamais connu à ce jour. Le régulateur Algérien, seule autorité qui valide le modèle économique de la commercialisation des données, doit garantir aux internautes un accès égal à tous les services ou contenus en ligne de leur choix, sans que le coût de leur accès ne soit dépendant du type du contenu visité. L’ARPT est appelée à défendre la neutralité de l’Internet. AT veut garder le contrôle du marché data pour mieux protéger ses intérêts. Ce qui est normal. Mais où est l’intérêt des usagers qui sont la raison d’être de l’opérateur ? L’engouement des internautes algériens pour les contenus Rich Media, et notamment la vidéo, ne devrait pas nous mener vers un Internet fermé à l’image d’un programme de télévision à la carte, mais vers un Internet ouvert consolidé par une concurrence réelle entre les opérateurs des télécommunications.