Au-delà des chiffres de l’ARPT, faisant état de plus de 8 millions d’abonnés de la 3G, qu’en est-il réellement de son usage réel ? L’Internet mobile n’est pas encore ancrée dans les pratiques des internautes algériens, pour plusieurs raisons.
En sillonnant les principales artères de la ville d’Oran, ses places publiques, ses cafés, ses transports en commun, et ses campus universitaires, il ne se dégage pas impression d’une importante utilisation des terminaux mobiles à des fins de connexion Internet. Une petite virée par le tramway d’Oran, qui relie les deux université d’Oran, l’USTO et Es-Senia, desservant sur son tracé la quasi-totalité des facultés et autres instituts et écoles supérieures, peut s’avérer intéressante vu le nombre d’étudiants et d’enseignants qu’on peut rencontrer. Selma étudiante en médecine à l’INESSM d’Oran s’installe au fond de la rame. A cette heure de la journée (9 heures), le tramway offre encore des places libres à condition de monter à la bonne station comme celle de la Place d’Armes où beaucoup de passagers descendent pour rejoindre le centre-ville. Premier geste, presque instinctif, elle ouvre son sac pour happer son téléphone avant de démêler ses écouteurs bien enfuis dans une petite pochette. On pourrait croire qu’elle va écouter de la musique comme le font la majorité des jeunes de son âge. Pas du tout. Selma révise un cours de pathologie générale, grâce à un enregistrement audio téléchargé gratuitement à partir du site d’une université étrangère. A la question de savoir si elle disposait d’une connexion 3G lorsqu’elle est dehors, elle esquisse un simple hochement de la tête pour dire « non ». L’air plutôt gênée, elle fini par répondre : « Franchement, aux tarifs actuels de la 3G, il est beaucoup plus intéressant d’avoir une connexion fixe de type ADSL. On a l’avantage d’avoir un débit de meilleurs qualité mais surtout une possibilité de téléchargement illimité », justifie-t-elle. Ceci dit, tempère-t-elle, « il m’arrive d’acheter une connexion de 24 heures à raison de 100 dinars, histoire de checker mon email ou d’en envoyer lorsque je sais que je ne peux avoir une connexion Adsl avant plusieurs heures. Sinon je télécharge à la maison tout ce dont j’ai besoin pour le consulter à tout moment ». Sur plusieurs trajets effectués en tramway, et à différentes heures de la journée, des exemples comme celui de Selma sont rares. Un smartphone c’est surtout utilisé pour écouter de la musique ou pour jouer. L’usage des tablettes y est encore plus rare.
3G, usage minimum
Pour Yacine, étudiant en première année de licence à la Faculté des Lettres, des Langues et des Arts de l’Université d’Oran, le rapport est tout autre avec Internet, mais surtout avec sa tablette qu’il chouchoute plus que tout. Originaire de Mascara, Yacine se définit comme un « inconditionnel des réseaux sociaux » en particulier un « addicte » de Facebook dont il ne peut « plus s’en passer », affirme-il, tout en sourire. « Ça me permet de rester en contact permanent avec ma famille mais aussi avec amis du quartier et du lycée. Je communique également avec des personnes avec qui je partage les mêmes centres d’intérêt », explique-t-il. L’arrivée de la 3G tombe donc à point nommé pour Yacine. Loin de sa famille, Yacine, qui partage avec un camarade de Tlemcen une chambre à la Résidence universitaire « 30ème anniversaire de la révolution », a choisi une offre d’une semaine de connexion 3G permettant un accès gratuit à Facebook pour 150 dinars seulement. Avec un « budget de 600 dinars par mois », il peut ainsi bénéficier d’une connexion quasi permanente. A cela, il faut ajouter les heures de connexion passées dans les cybercafés. « C’est beaucoup moins cher, et je peux espérer un volume de data plus important pour télécharger », dit-il encore.
La nouvelle tendance des espaces WiFi dans les cafés
Mais depuis peu, Yacine a découvert un nouveau filon. Des cafétérias qui offrent l’accès Internet en WiFi gratuitement. Un phénomène qui commence à prendre de l’ampleur à Oran. Au départ, c’était plutôt réservé à un standard de cafétérias et autres salons de thés dits « branchés ». Mais depuis quelques mois, ces services sont apparus dans des cafés de quartiers populaires. Dans le quartier de Maraval, par exemple, pas moins trois cafés offrent le service WiFi à leurs clients. Le premier qui a osé cette évolution, c’est le café « Sofiane » au nom de son propriétaire, Daoud Sofiane, ancien meneur de jeu du Mouloudia Club d’Oran (MCO), élu meilleur joueur de la saison 2004-2005, et auteur de plusieurs réalisation en équipe nationale. A certaines heures de la journée, le café donne les allures d’un véritable cyber espace. Une atmosphère « studieuse » avec comme supports des smartphones et des tablettes, et où les discussions tournent souvent sur la dernière vidéo en vogue sur les réseaux sociaux ou les derniers transferts de joueurs répercutés par les sites spécialisés. Une activité supplémentaire qui vient agrémenter d’avantage les soirées de football que les clients partagent ensemble devant l’écran géant du café. Le dernier classico espagnol a été, à ce titre, une occasion très spéciale pour les habitués de ce café. Ces derniers pouvaient en effet partager leurs impressions en temps réels sur les réseaux sociaux.