L’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) devrait persister dans sa stratégie de défense de ses parts de marché via un maintien de ses niveaux de production lors de sa prochaine réunion à Vienne le 4 décembre, malgré le coût de cette politique sur les finances de ses membres, y compris l’Arabie saoudite.
Cette persévérance inquiète néanmoins les membres les plus fragiles du cartel, à l’image du Venezuela, qui craignent de voir le baril sombrer vers les 20 dollars, et expriment de plus en plus ouvertement leurs critiques à l’égard de cette stratégie. Un revirement de l’Opep ne pourrait cependant survenir que si les grands producteurs non membres de l’Organisation, particulièrement la Russie mais également la Norvège, participent à une réduction coordonnée de la production mondiale. Si des consultations devraient certes avoir lieu entre Moscou et les ministres du Pétrole de l’Opep avant le 4 décembre, il paraît peu probable qu’elles aboutissent à un effort commun. « A moins que les pays non-Opep disent qu’ils sont prêts à coopérer, je pense qu’il n’y aura aucun changement », selon un pays membres de l’Opep. « L’Opep ne réduira pas toute seule (sa production) », -t-il dit.
Le retour de l’Iran appréhendé par les marchés
Lors de la dernière réunion semestrielle de l’Opep en juin, le ministre saoudien du Pétrole Ali al Nouaimi et ses homologues des monarchies du Golfe dissimulaient à peine leur satisfaction. Pour eux, la décision prise par l’Opep en novembre 2014 de défendre ses parts de marché portaient ses fruits alors que les cours du pétrole étaient tombés à quasiment 65 dollars le baril contre 115 dollars en juin 2014. Depuis, la chute des cours s’est poursuivie et le baril de Brent de la mer du Nord se traite aux alentours de 45 dollars. Certains pays membres de l’Opep s’inquiètent de cette tendance, d’autant que l’Iran pourrait revenir en force sur le marché avec la levée des sanctions internationales à son encontre.
L’offre toujours abondante
L’Opep a néanmoins partiellement atteint ses objectifs. Avec la faiblesse des cours, la demande mondiale progresse et la croissance de la production de pétrole de schiste aux Etats-Unis a été brisée. La production des pays hors Opep devrait en outre baisser en 2016 pour la première fois en près de 10 ans en raison de coupes dans les investissements. Mais la production mondiale demeure supérieure aux besoins et même les finances de l’Arabie saoudite, architecte de cette stratégie suivie par l’Opep, s’en ressentent. L’agence Standard & Poor’s a ainsi prédit que son déficit budgétaire devrait bondir à 16% du PIB en 2015 contre 1,5% en 2014. Ryad se dit toutefois en mesure de maîtriser cette situation et ne semble guère disposer à changer de cap.