L’Opep ne devrait pas réaliser entièrement son objectif de réduction de la production pétrolière même si l’Arabie saoudite a dit avoir extrait moins que son quota, ont averti des délégués du cartel, estimant néanmoins que parvenir une réalisation de 80% serait une bonne chose, un objectif rempli à moitié au moins étant jugé lui acceptable.
L’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) prévoit de réduire sa production de 1,2 million de barils par jour (bpj) à 32,50 millions de bpj à partir du 1er janvier. La Russie et d’autres pays non membres de l’organisation comptent pour leur part réduire leurs extractions de quelque 560.000 bpj.
La réduction de la production vise à faire remonter des prix qui avaient chuté pratiquement de moitié depuis leurs pics de juin 2014, en raison d’un marché engorgé.
Les cours accusaient un recul d’environ 1% vendredi vers la mi-journée à 52,5 et 55,5 dollars le baril respectivement pour le brut léger américain et le Brent de la mer du Nord.
« Le respect (des engagements) ne sera pas à 100%, il ne l’est jamais », a dit une source de l’Opep, ajoutant qu’une réalisation à 50-60% de l’objectif serait suffisante au regard des précédents engagements.
Le premier exportateur du cartel, l’Arabie saoudite, et le Koweït, ont dit jeudi avoir réduit leur production davantage que prévu. Le Koweït, à la tête de la commission chargée de surveiller le respect des engagements qui se réunira le 22 janvier à Vienne, a dit qu’il s’agissait de « montrer l’exemple ».
L’accord est respecté à plus de 60% pour le moment, sur la base des déclarations des pays producteurs, a dit jeudi le ministre koweïtien du Pétrole, Essam Al Marzouq.
« Nous devrions enregistrer une nouvelle fois une conformité de 60 à 70% », a dit à Reuters le consultant spécialisé Daniel Gerber de Petro-Logistics, faisant référence au précédent accord de réduction de 2009.
Historiquement, le taux moyen du respect des engagements de l’Opep est de 60% en moyenne, selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE).
« Normalement pour l’Opep, la bonne conformité est proche de 80% », a dit un autre délégué de l’organisation. « Ce ne sera pas 100%. »
Préocupations
D’après l’AIE, le respect des engagements a culminé jusqu’à environ 80% en 2009 et cela fut suffisant pour permettre un redressement des cours pétroliers avec un baril qui est passé de 46 dollars début 2009 à 69 dollars fin juin de la même année.
Trois mois après cette réduction convenue, l’Arabie saoudite et ses alliés du Golfe affichaient le plus haut niveau de conformité. Ryad avait procédé à une réduction plus importante qu’il n’aurait dû, selon les données de l’AIE, et l’histoire semble devoir se répéter en 2017 si les annonces de jeudi de l’Arabie saoudite sont confirmées.
A l’époque, l’Algérie avait respecté la quasi-totalité de son engagement et le Venezuela le sien à hauteur de 69%.
Si les analystes s’attendent cette fois-ci à un respect des engagements élevé de la part des pays du Golfe membres de l’Opep, des sources du secteur et du cartel se montrent plus mesurés.
« On craint que le Venezuela et l’Irak ne tiennent pas leurs engagements », a dit une source bien informée, ajoutant que la Russie semblait se conformer à l’accord.
L’Irak, initialement opposé au compromis de l’an passé, a annoncé cette semaine une baisse de sa production. Le Venezuela, en manque de liquidités et fervent artisan d’un accord mondial, a également annoncé son intention de s’y conformer.
La Russie a réduit sa production de 100.000 barils par jour au cours des tout premiers jours de janvier, ont dit à Reuters des sources du secteur.
Une éventuelle hausse de la production dans les pays exemptés tels que la Libye et le Nigeria pourrait saper les efforts de réductions entrepris ailleurs.
« Si les choses vont bien dans ces pays, il pourrait être très difficile pour l’Opep de maintenir un objectif de production de 32,50 millions de bpj », estime Gerber de Petro-Logistics.