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Maghreb

« L’Oued Soummam est extrêmement pollué à cause des rejets industriels » (CNDPA)

Par Yacine Temlali
avril 5, 2014
« L’Oued Soummam est extrêmement pollué à cause des rejets industriels » (CNDPA)

[caption id="attachment_2023" align="alignnone" width=""]Poisson mort dans l'oued Soummam (ph. Zil, publiée sur www.seos-project.eu)[/caption]

« L’eau est polluée à tel point qu’il n’est même plus nécessaire de faire des analyses pour en prendre conscience. La pollution est visible à l’œil nu », regrette le directeur général du CNDPA Mohamd Kacher. « Les gens ayant l’habitude de pêcher sur les rives de la Soummam devraient cesser de le faire », met-il en garde.


 

« L’oued Soummam (dans la wilaya de Béjaïa) est extrêmement pollué et il ne faut, en aucun cas, boire de son eau car le risque d’intoxication est élevé. Il faut éviter, aussi, de pêcher dans cet oued. » Cet avertissement sans équivoque a été lancé par le directeur général du Centre national du développement de la pêche et de l’aquaculture (CNDPA), M. Mohamed Kacher.

Selon M. Kacher, le nombre élevé d’usines et d’unités industrielles existant tout le long du fleuve est à l’origine de cette pollution. « Les unités de production qui se trouvent en grand nombre dans la région déversent leurs déchets dans le fleuve détériorant la qualité de l’eau. Certaines sont spécialisées dans des activités générant des déchets à risque », précise-t-il.

Le développement de l’activité économique dans la région de la Soummam s’est accompagné d’une grande menace écologique susceptible d’avoir un impact direct sur la santé des habitants de la région. « L’eau est polluée à tel point qu’il n’est même plus nécessaire de faire des analyses pour en prendre conscience. La pollution est visible à l’œil nu », regrette le directeur général du CNDPA.

Le fleuve Soummam, qui traverse la wilaya de Béjaïa à partir de la rencontre des fleuves oued Sahel et oued Bou Sellam à Akbou, est long de 195 kilomètres. Il a un débit moyen de 10 mètres cubes par seconde.

« Boire de l’eau de la Soummam peut avoir des conséquences à très court terme », assure M. Kacher ajoutant que « dans ce fleuve, il y a aussi quelques espèces de poissons qui vivent localement où proviennent avec les eaux libérées des barrages. Consommer ces poissons peut avoir des effets néfastes sur la santé avec le temps. Les gens ayant l’habitude de pêcher sur les rives de la Soummam ne sont pas rares et ils devraient cesser de le faire ».

 

Inquiétude de la population

 

Des habitants de la Bejaïa ont déjà donné l’alerte il y a un peu plus d’une année, notamment à travers une association locale. Lors d’un colloque tenu à l’université de Béjaïa la même année, des scientifiques ont parlé de « la prolifération d’organismes nocifs qui représentent une menace pour le fleuve », ajoutant que les analyses menées sur place ont mis évidence « une dégradation continue » des eaux de la Soummam.

M. Mohamed Kacher nous a informé de l’ouverture d’un tout nouveau laboratoire d’analyses à Aïn Benian, à Alger, équipé de moyens modernes et qui permettra une meilleure visibilité de la pollution de l’eau en Algérie de manière générale. « Pour réduire le taux de pollution dans la Soummam, il faut que toutes les usines cessent de déverser leurs déchets dans l’eau. Il s’agira, ensuite, de faire le bilan de la situation. Ce n’est qu’à partir de ce moment-là que les mesures à prendre seront connues », a-t-il expliqué.