L’exemple le plus édifiant des retombées négatives des accords de libre-échange signé par le royaume est celui de l’accord avec la Turquie. En cinq ans, les importations marocaines depuis la Turquie ont doublé (9,8 milliards de DH en 2012) contre seulement 2,8 milliards de DH d’exportations. Le déficit commercial avec Ankara s’est ainsi établi à près de 7 milliards de DH en 2012.
L’ouverture tous azimuts de l’économie marocaine, avec la signature de plusieurs accords de libre-échange, n’a pas produit l’effet escompté, affirme une étude du ministère de l’Economie et des Finances portant sur la période 1998-2014.
Le constat que fait cette étude est clair : la multiplication d’accords de libre-échange a fragilisé l’économie marocaine et l’a rendue moins compétitive dans un contexte d’intégration à l‘économie mondiale.
Selon le document de la Direction des études et de la prévision financière (DEPLF), intitulé « Décomposition de la compétitivité structurelle du Maroc : Marges intensives et extensives de nos exportations », l’ouverture de l’économie marocaine a ‘’permis de réaliser des avancées significatives en matière de renforcement des échanges, d’attraction des investissements directs étrangers et de modernisation du tissu productif national’’. Cependant, ‘’elle a mis à rude épreuve la capacité de notre pays à atteindre le niveau adéquat pour affronter la concurrence mondiale, et ce, en raison de la persistance de plusieurs fragilités structurelles’’, explique l’étude, qui ajoute qu‘’il s’agit en particulier du dynamisme limité de l’offre exportatrice nationale, sa concentration sur quelques produits (textile-habillement, agriculture, NDLR) et sur quelques marchés, une forte dépendance aux importations incompressibles, la prédominance de produits à basse technologie et à forte intensité en ressources naturelles et en main-d’œuvre conjugués à une faible qualification de la main-d’œuvre et de la productivité comparativement à des pays concurrents particulièrement asiatiques.’’
Ruineuse fringale d’ALE
Mais, l’étude tempère ce jugement en estimant que ‘’l’émergence de nouveaux relais de croissance dans les industries à haute valeur ajoutée à l’exportation, notamment la construction automobile et l’aéronautique tendent (…) à pondérer ce constat et à ouvrir de nouvelles perspectives.’’
Le Maroc a négocié et conclu entre 2003 et 2006 plusieurs accords de libre-échange. Certains ont provoqué une vive réaction de rejet, à l’instar de l’ALE avec les Etats-Unis (2004), dénoncé par les économistes comme par le mouvement associatif, car à ‘’sens unique, le Maroc n’ayant pas le potentiel pour exporter sur le marché américain.’’ En outre, cet accord supprime à 95% les droits de douane de produits américains sur le marché local. Avec la GZALE (grande zone de libre échange arabe), le royaume a également un autre ‘’ALE’’ bilatéral avec la Turquie, et un autre multilatéral (accord d’Agadir) avec la Jordanie et l’Egypte, la Tunisie et la Palestine (2004).
Une désespérante perte de compétitivité
Les trois grands accords de libre-échange se sont avérés des semi-échecs, sinon des échecs complets. Beaucoup d’experts, dont ceux du Centre marocain de conjoncture (CMC), avaient critiqué cette »fringale » d’ALE qui, en définitive, sanctionne l’économie marocaine, notamment l’industrie et l’agriculture.
L’exemple le plus édifiant est celui de l’accord avec la Turquie qui a fait paniquer les industriels marocains du textile-habillement, incapables de rivaliser avec leurs homologues turcs. En cinq ans, les importations marocaines depuis la Turquie ont doublé (9,8 milliards de DH en 2012) contre seulement 2,8 milliards de DH d’exportations. Le déficit commercial avec Ankara s’est ainsi établi à près de 7 milliards de DH en 2012.