Parmi les mesures annoncées par le gouverneur de la Banque d’Algérie figure un ancien dispositif évoqué à plusieurs reprises au cours des dernières années. Il s’agit du marché à terme des devises.
« Nous avons une volonté féroce de nous attaquer aux problèmes qui constituent des entraves à l’export. Ces prochaines mesures structurelles vont nous permettre de faire avancer ce processus des exportations », a déclaré hier M. Loukal lors de la réunion de la cellule de suivi des exportations du ministère du Commerce qu’il a présidée avec le ministre du Commerce, Bakhti Belaïb, en présence d’exportateurs nationaux. Parmi les mesures annoncées par le Gouverneur de la Banque d’Algérie figure notamment : « la mise en place, durant le premier semestre 2017, d’un marché à termes des devises pour contrecarrer les risques de change ».
Un dispositif qui se fait attendre
Pour ne parler que de la période la plus récente, le prédécesseur de M. Loukal au poste de gouverneur de la Banque d’Algérie assurait déjà en juin 2015 que « la banque centrale, compte prendre au cours de l’année 2015 de nouvelles mesures pour développer le marché interbancaire des changes et promouvoir la couverture à terme par les banques de la place au profit des opérateurs». En dépit de ces annonces, on n’a rien vu venir en 2015. Le 6 janvier 2016, M. Laksaci revenait sur cette question en annonçant que son institution « envisageait d’introduire de nouvelles mesures pour la couverture du risque » sans donner plus de détails sur le dispositif envisagé et la nature de ses bénéficiaires éventuels ni sur un calendrier de sa mise en œuvre.
Une forte dévaluation depuis 2015
L’année 2016, comme l’année 2015 avant elle, aura été marquée par une forte dévaluation du dinar ; une dévaluation sans aucune comparaison avec celle des années précédentes et qui rappelle plutôt déjà à certains les mauvais souvenirs des années 90. Cette dépréciation de la valeur de la monnaie nationale s’est répercutée sur le renchérissement des prix à l’importation. En janvier dernier le gouverneur de la Banque d’Algérie soulignait que « l’impact du choc externe subi par l économie algérienne a provoqué une dépréciation de 19,5% du cours moyen du dinar contre l dollar américain entre janvier et septembre 2015, et de 2,1% par rapport à l’euro ». On attend encore la publication des premières notes de conjoncture de la Banque d’Algérie pour l’année 2016, qui sont très en retard par rapport à leur rythme de publication habituel, pour mesurer l’ampleur exacte de cette dévaluation pour l’année en cours.
Quelles importations concernées ?
La création d’un marché à terme de la devise est une revendication déjà ancienne des opérateurs économiques algériens et des associations patronales. Le change à terme permet de fixer aujourd’hui un cours d’achat ou de vente de devises pour une échéance future. L’importateur, pour se couvrir contre le risque de change lié à l’appréciation éventuelle d’une devise, achète à terme les devises correspondant au montant de sa dette. Il connaît ainsi avec précision le montant en monnaie nationale qu’il devra payer.
L’impact attendu de cet instrument est la réduction des pertes de change que subissent tous les jours les importateurs en Algérie (pertes considérables rapportées aux 47 milliards de dollars annuels du commerce extérieur de marchandises prévus cette année ). Le futur marché à terme de la devise, a précisé hier M.Loukal « permettra aux exportateurs d’avoir une visibilité à même de mieux maîtriser les coûts et de prémunir les importations des matières premières et des investissements, nécessaires à la production des biens à exporter, d’une éventuelle dépréciation du dinar ». Cette formulation semble indiquer que seules les importations destinées à l’approvisionnement de l’appareil de production seront concernées par le nouveau dispositif annoncé pour le premier semestre de l’année prochaine .