L’arrivée de la BDL à la bourse d’Alger est orchestrée comme une opération de charme en direction des investisseurs. Les informations sur cette opération boursière étaient distillées au compte-gouttes, entretenant le suspens depuis de longs mois.
La dernière étape vient enfin d’être franchie et la BDL a obtenu le visa du Conseil des participations de l’État (CPE). Le directeur de la Bourse avait de son côté fait savoir que tout sera finalisé avant la fin de l’année. Il ne reste donc plus qu’à organiser la campagne d’information autour de l’ouverture du capital de la banque. Sans elle, l’opération ne touchera que les investisseurs institutionnels et les entreprises publiques.
Mais le gouvernement veut une opération sur le modèle du CPA, considérée comme un succès. L’ouverture de son capital à hauteur de 30% par l’émission de 60 millions d’actions d’une valeur nominale de 1 000 DA a donné lieu à une levée de capital de 112 milliards de dinars.
Le marché boursier s’est emparé de plus de 80% des actions émises, selon le bilan de la COSOB. Par segment, les personnes physiques ont acquis 33 millions d’actions pour une valeur de 76 milliards de dinars ; 169 500 actions sont parties pour les salariés du CPA qui ont levé 356 millions ; les institutionnels ont acquis 3,8 millions d’actions pour une valeur de 8,74 milliards et enfin les personnes morales ont acquis 11 millions d’actions pour une valeur de 26 milliards de dinars.
Fait remarquable, les petits porteurs n’ont pas boudé tant que cela l’action CPA alors que la méfiance caractérise fortement le marché algérien. De manière générale, les personnes physiques comparent les gains attendus d’un investissement en bourse aux gains d’un placement à la Cnep. En tout cas, les chiffres de la bourse montrent que l’action CPA a plus que doublé en presque une année, passant à 2 273 DA.
Quant aux autres investisseurs, le choix du placement ne relève pas uniquement de leur décision. Ceci est une autre caractéristique de la bourse d’Alger. Les levées de fonds qui s’y organisent n’attirent pas d’investisseurs autres que les grandes entreprises publiques. Le marché financier n’est constitué que de ceux-là même que l’État peut contrôler, alors que sa dynamique et sa rentabilité demandent la participation de nombreux acteurs.
Les efforts consentis pour redonner vie à la bourse d’Alger sont tout de même à saluer. L’opération CPA a fait évoluer le niveau de capitalisation de la bourse à 1 milliard de dollars. Un effet d’entrainement est encore espéré avec l’introduction de la BDL et de l’opérateur de téléphone mobile Djezzy qui lui emboitera le pas. Le gouvernement émet ainsi le signal d’une ouverture pour accueillir et capter les capitaux pour développer les grands projets structurants.
De fait, si le marché s’interrogeait constamment sur l’arrivée de la BDL à la bourse, il s’interroge aussi sur l’utilisation des fonds qui seront levés. Pour quelle stratégie et dans quel but cette levée de fonds est-elle initiée ? On sait déjà que les banques sont appelées à procéder à leur transition numérique. Six des banques étatiques possèdent un projet d’acquisition du système d’information intégré Global Banking.
La digitalisation des opérations bancaires est-elle inscrite dans les budgets qui pourront être mobilisés grâce à la levée de capitaux ? L’amélioration des moyens de paiement ne peut qu’augmenter les performances des banques et détendre le climat des affaires.