Cette contribution revient sur la polémique qui agite les réseaux sociaux au sujet de Miss Kabylie, Tinhinane Tartag, qui, sur un plateau de télévision, a préféré s’exprimer en arabe et non pas en kabyle.
Aveuglés par une conception de l’identité réduite à la supériorité des « purs » Kabyles, les séparatistes s’en prennent cette fois-ci à une paisible jeune fille, Tinhinane Tartag, élue Miss Kabylie, pour n’avoir pas parlé en kabyle dans une émission de télévision. Il faut dire que ces ultras saisissent la moindre occasion pour s’attaquer à ceux qui ne pensent pas comme eux.
Ainsi, bien que l’appartenance à la région n’obéisse à aucune règle préétablie, le fait qu’elle ait répondu en arabe pendant cette émission devient un scandale. Voilà une conception réductrice d’un mouvement qui bâtit son projet sur le rejet de l’arabe.
Dans le fond, ce qui est reproché à la jeune Miss Kabylie, c’est ce que nous vivons quotidiennement dans les villages. Selon l’écrivain, Rachid Oulebsir, « la sortie de cette Miss … est révélatrice de la régression du parler kabyle ! Alors, ceux qui hurlent et appellent au châtiment feraient mieux de regarder autour d’eux, dans leur propre famille, combien parlent encore kabyle ».
En un mot, ce qui est reproché à Miss Kabylie, c’est ce qu’eux-mêmes reproduisent quotidiennement. Toute la différence se situe dans le « panaché » à utiliser : kabyle-arabe ou kabyle français.
Les signes avant-coureurs existaient bien avant cette campagne. En juillet dernier, Ferhat Mehenni ne déclarait-il pas à Algérie Focus, à propos d’un futur État qu’il comptait créer -c’est comme si les habitants étaient des moutons à qui on demande de rentrer dans la bergerie -, qu’il y avait forcément des bons et des mauvais Kabyles. Et s’il y avait eu, à ce moment-là, une conscience collective, les habitants de la région auraient dû répondre que cette belle région d’Algérie ne tombera jamais dans l’escarcelle de ceux qui veulent la définir sur une base raciale.
Car, dans toute son histoire, la Kabylie a toujours accueilli et accueille encore – de moins en moins, il est vrai – tous les courants politiques. Dans les pires moments de l’histoire, à l’instar des son quadrillage par l’ANP en 1963-1965, elle n’a jamais été animée par ce sentiment de racisme, étranger de surcroît à nos traditions.
En somme, avec la multiplication des insultes, des brimades, les habitants de la région ne peuvent pas dire qu’ils n’étaient pas au courant. Et si la région veut manifester un quelconque particularisme en plus de son attachement indéfectible à la nation algérienne, il faudra que ce projet se rapproche des valeurs universelles et non pas d’une quelconque référence à la race, le recours, par le passé, à ce genre de concept ayant eu de terribles conséquences.