L’Algérie qui paie déjà les frais de la chute des prix du pétrole est exposée aux pressions des firmes pétro-gazières internationales pour libéraliser davantage le marché des hydrocarbures, estime l’économiste Amor Khelif, ancien responsable à Sonatrach.
L’Algérie, à l’instar d’autres pays producteurs de pétrole, ne découvre plus de grands gisements. Celui de Hassi Messaoud dont les réserves sont estimées à 1,5 milliards de tonnes ne récupère que 20% de son stock. Au point où il n’existe plus que de petits gisements. Aussi, les coûts de production des gisements d’hydrocarbures sont en train d’augmenter. Et l’Algérie qui paie les dégâts collatéraux de la chute des prix du pétrole, sera coincée par les pressions des firmes pétro-gazières internationales, estime l’économiste Amor Khelif. « Je crains qu’on ouvre davantage le marché pétrolier aux compagnies pétrolières internationales qui essaient par tous les moyens d’exercer des pressions sur les marchés dont elles ont été chassées pendant les nationalisations des années 70 », a-t-il précisé lors d’une conférence-débat organisée lundi à Alger. Selon lui, dans toutes les crises qu’elle a dû traverser, l’Algérie a recouru à plus de libéralisation de sa richesse nationale pour payer ses dépenses internes.
L’alibi de la chute des prix de pétrole
« Il y a un problème au niveau de l’autonomisation de l’économie. Devant chaque crise, on ouvre la production aux capitaux étrangers. « Il ne faudrait pas que cette baisse des prix soit un alibi pour libéraliser davantage le code d’investissement en hydrocarbures en Algérie », a-t-il mis en garde. Pour le professeur d’économie à l’Université d’Alger, la compagnie pétrolière nationale Sonatrach qui assurait jadis l’ensemble de sa production en pétrole, gaz, GPL et dérivés, « n’assure aujourd’hui que 46% de la production nationale, le reste étant l’œuvre des multinationales ». Amor Khelif regrette le recul de la capacité humaine et technique de Sonatrach qui a mis ses cadres à la retraite avant de pouvoir former de nouvelles compétences. « Est-il normal qu’il n’y ait pas de formation universitaire dédiée à la gestion des ressources en hydrocarbures, dans un pays dont l’économie repose sur les hydrocarbures ? Est-il normale que la gestion des ressources du pays soit l’apanage d’une infime minorité ? », S’est-il indigné.
L’erreur du gaz de schiste
Amor Khelif est revenu sur la décision gouvernementale d’exploiter les réserves de gaz de schiste. Pour lui, c’est une grande erreur que l’Algérie ne pourra pas assumer surtout que nous n’avons pas la capacité de maitrise de la technologie. « Nous allons immanquablement suivre les même schémas de dépendance envers le savoir-faire et la technologie étrangers », a-t-il précisé. Selon lui, l’Algérie va engager des dépenses faramineuses dans les coûts de productions, pour une rentabilisation à long terme. En continuant à compter sur les énergies fossiles comme source principale des revenues du pays, l’Algérie court un grand danger, a-t-il conclu.