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La composante du gouvernement Sellal 2 n’affiche aucune identité économique

Par Maghreb Émergent
mai 6, 2014
La composante du gouvernement Sellal 2 n’affiche aucune identité économique

Gérer la rente, préserver la paix sociale, ne pas faire de vagues. Le gouvernement de M. Abdelmalek Sellal n’a pas l’intention de bouleverser la gestion de l’économie du pays.

 

Le gouvernement Sellal 3 peine à se doter d’une identité économique propre. La nouvelle équipe, dont la composition a été annoncée lundi, une semaine après la prestation de serment du président Abdelaziz Bouteflika, ne compte aucune personnalité aux choix politiques ou économiques marqués. Les ministres appelés à gérer l’économie du pays ont plutôt un profil de fonctionnaire docile, ayant pour première préoccupation de ne pas faire de vagues. Comme souvent depuis l’avènement du président Bouteflika, la plupart d’entre eux préfère afficher un profil de technocrate, se limitant à l’exécution, la politique étant un domaine exclusif du chef de l’Etat.

Le nouveau ministre des finances, Mohamed Djellab, est un banquier, qui a notamment occupé le poste de PDG du CPA, la banque dont la privatisation avait fait grand bruit durant le second mandat du président Bouteflika, avant d’être abandonnée. Le principal fait d’armes de M. Djellab est d’avoir joué le rôle de voiture-balai dans l’affaire Khalifa. En tant qu’administrateur de la banque Khalifa, il s’était occupé de la gestion de la banque entre le moment du retrait de l’agrément et celui où un liquidateur a été désigné. Nommé ensuite ministre délégué chargé du budget, il succède à M. Karim Djoudi, qui souhaitait se retirer pour des raisons de santé.
Les idées « fossilisées de Yousfi
Pour le seconder, M. Djellab pourra compter sur un autre ancien fonctionnaire, M. Hadji Baba Ammi, un mozabite qui a effectué une longue carrière dans l’administration fiscale, intronisé ministre délégué chargé du budget dans le cabinet Sellal 3. Ni M. Djellab ni M. Baba Ammi ne sont connus pour avoir développé des opinions tranchées en matière économique. Ils se sont toujours contentés d’appliquer scrupuleusement les directives, sans faire de vagues.
Ce n’est pas M. Youcef Yousfi qui va apporter de l’innovation au gouvernement. Reconduit au ministère de l’Energie, après avoir assumé l’intérim du premier ministère durant la campagne électorale, lorsque M. Abdelmalek Sellal était devenu directeur de campagne du président Bouteflika, M. Yousfi développe des idées « fossilisées ». Sa gestion du secteur de l’Energie, basée sur une prudence excessive, laisse peu de place aux idées nouvelles.
Malgré les gaspillages énormes d’énergie, avec une hausse ingérable de la consommation, et des prix fortement subventionnés, M. Yousfi n’a lancé aucune initiative pour changer la donne. Il gère son secteur dans une optique principale, préserver la paix sociale, sans tenir compte de l’efficacité du modèle énergétique algérien. Il a évoqué une seule fois, en avril dernier, la nécessité de revoir ce modèle sur le long terme, mais il s’était rapidement rétracté, de peur de gêner la campagne de M. Bouteflika.
Secteurs dépensiers
L’industrie, qui représente moins de cinq pour cent du PIB, est confiée à un homme qui a déjà dirigé le secteur en 1996-1997, M Abdessalem Bouchouareb. Dirigeant du RND, proche de M. Ouyahia, M. Bouchouareb avait notamment validé le plan d’ajustement préparé par le FMI lorsque l’Algérie s’était retrouvée en cessation de paiement, au milieu des années 1990. Mené à la hussarde, le plan avait donné lieu à des licenciements de près d’un million de salariés, et la privatisation, dans des conditions opaques, de centaines d’entreprises en difficulté.
Deux anciens walis, Abdelkader Kadi et Abdelmadjid Tebboune, et un ancien haut fonctionnaire, Hocine Necib, héritent de secteurs fortement dépensiers, les travaux publics, l’habitat et les Ressources en eau. Le premier devra gérer les séquelles du scandale de l’autoroute est-ouest, et le second a lancé un plan de réalisation de plus d’un million de logements, avec des dépenses prévues de près de 60 milliards de dollars. Un autre ancien wali, Abdelwahab Nouri, est maintenu au ministère de l’Agriculture.
Gérer la rente
Amara Benyounès et Amar Ghoul, partisans zélés du président Bouteflika, sont tous deux maintenus. Le premier passe de l’industrie au commerce, alors que le second est maintenu au ministère des transports, malgré le scandale de l’autoroute est-ouest. MM. Benyounès et Ghoul, à la tête de leurs partis respectifs, ont été les deux premiers membres du gouvernement à afficher leur soutien au président Bouteflika, y compris quand sa candidature paraissait fortement compromise.
Aucun de ces ministres ne développe une pensée économique ou une doctrine plus ou moins élaborée. Ils se contentent d’un discours populiste, dépensent sans compter, et se contentent de gérer la rente des hydrocarbures. Leur préoccupation principale est de préserver la paix sociale, y comprist en injectant massivement les revenus des hydrocarbures dans les salaires et la consommation.

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