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La demande en formations de pilotes privés en Algérie, bridée par les interdits et une offre limitée

Par Maghreb Émergent
janvier 8, 2014
La demande en formations de pilotes privés en Algérie, bridée par les interdits et une offre limitée

La demande sur la formation de pilote privé est quatre fois plus importante que ce que peuvent assurer les six aéroclubs existant actuellement en Algérie. C’est ce qu’affirme Lyes Mohammed Seghir, président de l’aéroclub Sonair basé à Boumerdes.

 

«Sur 100 candidatures, nous ne pouvons en retenir qu’une vingtaine », dit-il, expliquant l’augmentation de la demande par le fait que les formations assurées par les aéroclubs algériens soient reconnues mondialement. Depuis 2005, la loi permet aux aéroclubs d’assurer des formations aux normes internationales. En 2008, le premier aéroclub entrant dans cette catégorie a été ouvert en Algérie. « Il y a les passionnés d’aviation qui viennent se former chez nous, mais il y a aussi des candidats à la recherche d’une carrière ». Car une fois leur licence obtenue, ces pilotes privés peuvent se former à l’école d’aéronautique de Batna, ouverte au début des années 2000 et qui forme des pilotes de ligne.
Six clubs se partagent… 3 avions en Algérie
De son côté, Samir Souissi, fondateur d’un aéroclub dans la région de Oued Souf et formateur à Sonair parle du « déséquilibre existant actuellement entre l’offre et la demande ». Il constate que la formation de pilote privé intéresse beaucoup d’algériens, mais le nombre d’aéroclubs est encore réduit. Il en existe actuellement à Oued Souf, Guelma, Ain Timouchent, Tiaret, Tlemcen et Boumerdes. De plus, ajoute-t-il, « il n’existe actuellement que trois avions (des Zlin d’origine tchèque) que se partagent les six aéroclubs, ce qui accentue la difficulté à répondre à toutes les demandes. « Les aéroclubs peuvent, en moyenne, assurer des formations pour trois à quatre promotions de quinze personnes par an », estime M.Souissi. Dans certains cas, « un aéroclub peut lancer deux promotions en même temps et atteindre 20 à 25 élèves », ajoute M. Mohammed Seghir.
Rareté des formateurs
Les formations dépendent, toutefois, de la disponibilité des formateurs, dont le nombre est aussi réduit, selon les professionnels. « La rareté des formateurs représente l’un des obstacles majeurs auxquels nous faisons face aujourd’hui », déplorent-ils.
Un candidat à une licence de pilote privé est supposé payer autour de 170. 000 dinars pour la formation théorique. Les cours pratiques, à bord d’un avion, coûtent dans les 15.000 dinars l’heure. Un tarif à multiplier par 45, puisqu’un pilote doit avoir fait, en moyenne, 45 heures de vol pour prétendre à un brevet de pilotage.

Les ULM, interdits de vol
Il existe, par ailleurs, un vide juridique concernant les formations au pilotage des ULM (aéronef ultra léger motorisé) en Algérie, pour lesquels les autorisations de vol ont été suspendues depuis plusieurs années. Officiellement, ils ne sont pas reconnus par la loi algérienne.
Kamel Kadi, pilote ayant fait partie d’un groupe à l’origine de l’introduction, en 1988, des premiers ULM en Algérie, révèle ainsi que « les autorités algériennes ont toléré, pendant une certaine période, l’existence des ULM ». Mais depuis le début des années 2000, ils ont été interdits de vol, poursuit-t-il. M. Kadi rappelle qu’il avait créé à la fin des années 1990, une entreprise qui utilisait son unique ULM, pour la surveillance des feux de forêt. « J’ai également mis mon ULM à la disposition de la protection civile pour la surveillance des plages », souligne-t-il en précisant que ce moyen de transport « est, dans certains pays, un élément important pour encourager le tourisme ». Les ULM sont actuellement considérés en Algérie comme des objets volants non identifiés puisque ne jouissant d’aucun statut sur le plan légal.
La Tunisie et le Maroc en avance sur ce créneau
Selon Samir Souissi, « la Tunisie et le Maroc sont en avance, par rapport à l’Algérie, en ce qui concerne les ULM et les aéroclubs en général car ils jouent un rôle important dans le secteur du tourisme ». Il estime, par ailleurs, que la situation aurait pu être meilleure en raison de l’histoire de l’Algérie dans ce domaine. « Beaucoup de personnes ignorent que l’Algérie a une grande histoire dans le domaine de l’aéronautique et qui remonte à l’année 1909. A l’époque coloniale, l’Algérie comptait 52 aéroclubs et en quittant l’Algérie, les Français avaient laissé 300 appareils légers ». Un héritage dont l’Algérie aurait pu mieux tirer profit, estime ce professionnel.

 

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