Les zones montagneuses en Algérie sont menacées par une « très grave » érosion, selon Direction générale des forêts.
Les zones montagneuses sont soumises à un processus d’érosion « très grave » qui menace les écosystèmes en place avec 120 millions de tonnes de terres arrachées annuellement, a avisé jeudi la Direction générale des forêts (DGF) à l’occasion de la Journée internationale de la montagne célébrée cette année sous le thème: « l’agriculture montagnarde est une agriculture familiale ». « Les zones montagneuses peu ou non boisées sont soumises à un processus d’érosion des sols très grave qui menace, à court terme, les systèmes en place, les ouvrages et les équipements en aval », a souligné la DGF dans un communiqué publié à l’occasion de cette Journée internationale célébrée le 11 décembre de chaque année.
Les spécialistes estiment à 120 millions de tonnes de terres arrachées chaque année, surtout au niveau des bassins versants dénudés, alors que 30 millions de m3/an atterrissent au niveau des ouvrages de retenue (barrages), ce qui fait perdre autant de volume de capacité de réserves, selon la même source. Abritant une population de 10 millions d’habitants, ces zones sont également exposées au risque incendie de forêt dont la moyenne nationale, durant ces dix dernières années, est estimée à 23.372 hectares (ha).
Outre la dégradation des terres et les feux de forêt, les zones montagneuses sont aussi marquées par une tendance forte au dépeuplement, note la DGF. La population, notamment les jeunes, a tendance à fuir ces territoires montagneux en quête d’emploi et de meilleures conditions de vie ailleurs à cause de la faiblesse des infrastructures et des équipements et du manque de création d’emplois, constate-t-elle.
L’espace montagneux en Algérie s’étend sur tout le long de la partie nord du pays et en bordure des hautes plaines steppiques. L’agriculture et l’élevage sont les principales activité économiques dans ces zones qui comptent une superficie agricole utile de 1,5 million ha, soit 16% du total national, et participent à hauteur de 17% à la valeur de la production agricole du pays. Dans leurs tentatives d’atténuer l’aggravation de la situation, les pouvoirs publics ont mis en place plusieurs actions et initiatives visant à protéger les ressources naturelles dans les zones de montagnes en améliorant les conditions de vie des populations qui y vivent. Le secteur des forêts, en collaboration avec le fonds international de développement agricole, avait initié en 2003 des projets pilotes de développement des zones de montagne au niveau de Skikda, Constantine, M’Sila et Tlemcen.
Le reboisement et les billons pour lutter contre l’érosion
Parallèlement à cela, le secteur de l’agriculture et du développement rural a mis en place le programme du renouveau rural à travers la mis en œuvre de projets de proximité de développement rural intégrés, l’objectif étant de valoriser les espaces ruraux dont la majeur partie se situe en zones de montagne. Les axes privilégiés par ce programme concernent la gestion du patrimoine forestier, l’aménagement des bassins versants, la lutte contre la désertification et la conservation des écosystèmes naturels au niveau des aires protégées. S’appuyant sur des études initiées conjointement par la DGF et l’Agence nationale des barrages et transferts, le secteur des forêts a recensé 60 bassins versants situés en amont de retenues d’eau nécessitant en protection. Les actions réalisées, jusqu’ici, concernent notamment les travaux de conservation des eaux et des sols, les plantations forestières, fruitières et pastorales et la mise en valeur des terres.
Selon le bilan total des plantations, la DGF estime à 716.427 ha la superficie plantée dans le cadre du plan national de reboisement lancé en 2000 dont 256.916 ha de plantations fruitières. En outre, le gouvernement avait adopté en 2008 un schéma directeur des espaces naturels et des aires protégés afin de protéger la biodiversité des espaces naturels qui se situent dans les zones de montagne.
D’autres techniques de luttes contre l’érosion des soles (d’origine hydrique ou éolienne) préconisent également l’aménagement par billons (pour augmenter l’infiltration de l’eau et diminuer la vitesse du ruissellement), la construction de terrasses (plantées d’arbres fruitiers), le recours à des cultures associées et à l’agroforesterie.
Sur le plan législatif, le gouvernement a adopté la loi sur la montagne en juin 2004, qui donne une définition aux zones de montagne et aux massifs montagneux. Actuellement, 20 groupements de massifs montagneux ont été identifiés au niveau national, une dizaine d’études de massifs étant finalisées à ce jour.