On assiste, à l’occasion des législatives de mai 2017, à une valse d’ex-responsables, à qui on offre des tribunes pour procéder à un lynchage en règle de l’autre, tout en reconnaissant leurs participations à des opérations de fraudes généralisées d’élections de tout genre. Non contents d’avoir trahi la confiance publique, avec leurs déclarations répétitives, ils ébranlent la confiance, sèment le doute et entretiennent la suspicion sur nos institutions les plus vénérables et demandent au peuple de les croire sur parole en prétendant vouloir faire leurs examens de conscience*.
Souvenez-vous, au mois de juin dernier, le peuple algérien assistait aphone et impuissant face à une agression immonde contre un symbole, une institution.
L’on pouvait prendre connaissance des communiqués du commandement de gendarmerie nationale, de la police nationale, de plusieurs ministres de la république et suivre l’intervention du Premier ministre en personne dénonçant une atteinte à la sécurité nationale.
Des enquêtes, des interpellations, des dizaines de personnes auditionnées et des promesses de sanctions-sévices à la hauteur de l’affront. Rassurez-vous il ne s’agissait pas de guerre ni d’attentat, mais seulement -excusez le terme- de tricherie.
En effet, des fuites organisées des sujets des examens avaient provoqué des fraudes généralisées au Baccalauréat 2016. L’affaire avait pris les allures de scandale politique appelant l’indignation des plus hautes autorités du pays, qui, devant l’ampleur du phénomène avaient décidé d’annuler une partie des épreuves et d’organiser une seconde session où quelques 350.000 élèves sur les 818.518 inscrits devaient ainsi repasser une à plusieurs matières.
Pour éviter la réédition d’un pareil scénario qui serait catastrophique, des réunions, comme ils aiment les appeler de haut niveau, se sont tenues et des décisions sont tombées : Nous allons traiter le mal à la racine, nous allons couper internet. Oui c’est tout. Mais avouez que c’est radical.
La tricherie en examen, même si elle est facilitée, n’est pas en fonction des moyens, elle est le symbole d’une faillite morale. Le système éducatif fait semblant de promouvoir des valeurs fondées sur le mérite qui vont à l’encontre de la réalité vécue par la majorité écrasante des populations dans leur quotidien.
Nos façons de vie, de travail et de promotion sociale nous poussent à prendre, à chercher et à privilégier toutes formes de raccourcis. Pourtant, chacun de nous le sait, la triche nuit à un véritable apprentissage, affaiblit nos capacités à innover et fausse la compétition, moteur de l’humanité et essence du progrès.
Notre système éducatif est incapable de former des élèves consciencieux et les protéger contre la banalisation de la fraude que leur renvoi la société. Nos élèves manquent de confiance en eux, en les autres et en l’avenir.
Malheureusement, ce n’est pas tout, Le comportement passé est un indice capital qui permet de prédire l’avenir. Il serait légitime de penser que ceux qui s’adonnent à la fraude sur les bancs des écoles, pendant les examens et à l’université seront tentés de continuer dans le monde de l’entreprise, dans les administrations publiques, dans la justice, en politique, à tous niveaux de responsabilités.
Tenez, on assiste, à l’occasion des législatives de mai 2017, à une valse d’ex-responsables, à qui on offre des tribunes pour procéder à un lynchage en règle de l’autre, tout en reconnaissant leurs participations à des opérations de fraudes généralisées d’élections de tout genre. Non contents d’avoir trahi la confiance publique, avec leurs déclarations répétitives, ils ébranlent la confiance, sèment le doute et entretiennent la suspicion sur nos institutions les plus vénérables et demandent au peuple de les croire sur parole en prétendant vouloir faire leurs examens de conscience.
Peut-on se fier aux paroles d’un fraudeur ? Aux récits d’un tricheur ? Peut-on encore lui faire confiance ?
La confiance se construit très tôt, à l’enfance, elle est primaire et originaire : rien ne se fait sans elle. Elle suppose une certaine dépendance à l’autre. Ces commis de pouvoir en place, indignes du peuple, sont coupables d’oubli de reconnaissance et d’auto-réification. Lorsqu’on a été élevé à des fonctions disproportionnées, on ne perçoit pas l’autre comme semblable, encore moins comme une partie de soi, on est froid et détaché et, on nous fait croire que nous détenons une compétence rare, clé de tout succès.
Le regretté Abdou Benziane commençait toujours ses chroniques par une citation. Dans l’une de ses chroniques il reprenait Napoléon Bonaparte qui disait: « le sot a un avantage certain sur l’homme d’esprit, quoi qu’il fasse, il est toujours content.* Nous pouvons toujours couper quelque chose pour éviter la fraude -ou pour l’accomplir d’ailleurs- mais nous pouvons faire autre chose, intemporelle et radicale pour de vrai : être citoyen au Bac comme au Vote.
Nous sommes aux portes de deux grandes échéances, l’une électorale et l’autre éducative. De la première découlera une institution des plus vénérable : l’Assemblée Nationale, et, de la deuxième dépendra l’avenir de l’Algérie : les universitaires et futurs cadres de la Nation. Ce sont là deux grandes occasions pour dire non. Non à la fraude.
(*) Cette contribution a été publiée initialement par le Huffington Post Algérie.