Attendue pour une présentation devant le parquet de Sidi M’hamed dès ce dimanche 16 mai, Kenza Khatto passera « vraisemblablement » 24 heures de plus au commissariat central de police de Amirouche (Alger), suite à la prorogation du délai de sa garde, a appris Radio M auprès de l’avocate Zoubida Assoul.
« J’ai ce dimanche 16 mai rendu visite à Kenza Khatto au niveau du commissariat central de Amirouche (Alger), pendant une demi-heure, en présence d’un agent de la police judiciaire. Selon toute vraisemblance, la garde à vue de Kenza Khatto a été prolongée de 24 heures, car elle n’a pas été libérée ni déférée devant le parquet. » A informé l’avocate lors d’une emission spéciale de Radio M consacrée à l’affaire de notre collègue.
Et d’ajouter : » Dans un premier temps, elle a été conduite, en compagnie de nombreuses personnes interpellées vendredi dernier au commissariat dit « Cavaignac », avant d’être transférée à la division sise rue Docteurs Saadane, dite « Trolard », où elle a été interrogée jusqu’à minuit. »
La journaliste aurait apposé sa signature
Selon Me Assoul, la journaliste aurait apposé sa signature, ainsi que son empreinte de l’index (selon les détails rapportés par l’avocate suite à son entretien avec la journaliste, ce sont les policiers qui ont pris la main de la jeune journaliste pour réaliser cette opération) sur le procès verbal de son audition, sans toutefois pouvoir le lire, car les agents qui l’ont interpellée de manière violente, ont cassé ses lunettes de vue au moment des faits.
Par ailleurs, Me Assoul a, malheureusement, confirmé que notre collègue, Kenza Khatto, a subi des violences physiques consécutives à son arrestation musclée. « Elle porte les stigmates de son interpellation violente, notamment des blessures apparentes au niveau du cou et du bras », a-t-elle déclaré. Kenza Khatto déclarera à Me Assoul qu’elle a été conduite chez un médecin pour les besoin de la visite médicale, mais que celui-ci ne n’a pas daigné l’ausculter.
Les questions ont concerné uniquement son travail de journaliste chez Radio M
L’avocate a également révélé que les questions qui lui ont été posées par l’agent de la police judiciaire, concernent uniquement son travail de journaliste chez Radio M, notamment le volet couverture des manifestations du Hirak.
Rappelons à ce titre que Kenza Khatto était munie d’un ordre de mission en bonne et due forme, qui lui permettait d’exercer sa mission de journaliste sur le terrain.
Quant aux accusations supposées, Me Assoul dira que pour l’heure la journaliste bénéficie de la présomption d’innocence et est de ce fait uniquement suspecte. « C’est au parquet et non à la police de préciser quelles seraient les accusations qui présentaient sur elles, en fonction de son audition par le procureur de la République et du contenu des procès verbaux. » Explique Zoubida Assoul.
Interpellée violemment au début de la 117e manifestation du Hirak vendredi 14 mai à Alger, la journaliste de Radio M a été placée en garde à vue, contrairement à d’autres confrères et consœurs qui ont été libérés en fin de journée. Au moment où nous mettons sous presse, nous ignorons toujours le ou les motifs de cette procédure et si Kenza Khatto sera présentée demain lundi 17 mai devant le procureur de Sidi M’hamed.
A noter qu’une large campagne de solidarité avec la jeune jouraliste du service politique de Radio M, s’est rapidement répandue sur les réseaux sociaux sous le slogan « le journalisme n’est pas un crime », en guise de soutien à elle et à l’ensemble de nos journalistes et de nos médias , qui subissent des pressions régulières de la part de la police politique.