Nouvel échange d’accusations entre l’Algérie et le Maroc quant à la responsabilité du blocage de la construction de l’Union maghrébine.
De nouveau, la guerre médiatique entre le Maroc et l’Algérie sur la construction de l’UMA et la réouverture des frontières terrestres entre les deux pays fermées depuis 1994 revient au- devant de l’actualité maghrébine. Un commentaire de l’agence marocaine Maghreb Arabe Presse (MAP) publié samedi à partir de Nouakchott, qui reprenait le discours du monarque marocain à l’occasion du 15e anniversaire de son intronisation, accable l’Algérie et la rend responsable du blocage de la construction de l’Union du Maghreb Arabe (UMA). »Il est temps de passer outre les entraves artificielles qui empêchent cette union de voir le jour », suivant un « nouvel ordre maghrébin fondé sur une volonté sincère, un climat de confiance et de dialogue, de bon voisinage et de respect mutuel des spécificités nationales », avait estimé, dans son discours, Mohamed VI.
MAP a écrit : »Toutefois, force est de constater que tous les appels marocains sincères et les initiatives sérieuses se brisent sur le mur de l’entêtement du pouvoir algérien, qui se plaît à nager contre le courant du bon sens et de l’histoire. » Dans la foulée, l’agence marocaine revient sur le dossier des frontières entre le Maroc et l’Algérie et rappelle que »les responsables marocains, au plus haut de l’Etat, ont toujours appelé à (leur) ouverture ».
La réplique d’Alger
A Alger, le sentiment général est que le Maroc tente un forcing diplomatique pour la réouverture des frontières, et poursuit sa fuite en avant dans le blocage d’une solution définitive à la question du Sahara Occidental. Jeudi, un haut fonctionnaire du ministère des Affaires étrangères algérien a affirmé que les relations algéro-marocaines et la construction maghrébine avaient fait les frais de la « stratégie de la tension » et de la « politique de rupture » que le Maroc entretient « savamment » pour que l’Algérie revienne sur sa »position principielle sur la question du Sahara occidental », a indiqué cette source officielle citée par l’agence Algérie Presse Service (APS).
Pour rappel, l’Algérie a fermé en août 1994 ses frontières terrestres avec le Maroc, qui avait accusé les autorités algériens d’être derrière un attentat contre des touristes espagnols à Marrakech et avait imposé l’obtention d’un visa consulaire aux ressortissants algériens voulant visiter le royaume. Une chasse aux touristes algériens avait été organisée durant ce mois d’août 1994 par la police marocaine.
De beaux jours pour… le « Non-Maghreb«
En 2005, Rabat a signifié à l’Algérie que la visite prévue du Chef du gouvernement algérien Ahmed Ouyahia pour régler les dossiers en suspens entre les deux pays »n’était pas la bienvenue ». Le 15 décembre dernier, le chef de la diplomatie algérienne Ramtane Lamamra, en réponse à des appels insistants du Maroc pour la réouverture des frontières, avait déclaré: »Les frontières algéro-marocaines ne seront rouvertes qu’une fois disparues les causes à l’origine de leur fermeture. A ce moment-là, les choses reprendront leur courts normal avec le voisin marocain. »
Selon des économistes, le « non-Maghreb » coûte 10 milliards de dollars par an, soit 2% du PIB des pays de la région maghrébine. Le commerce intra-régional ne représente que de 5% du volume global des échanges des pays de l’Union du Maghreb avec l’UE, estimés à 80 milliards de dollars.