Hocine Haroun, le président de l’APW de Tizi Ouzou, rencontré par la journaliste du Huffington Post Algérie, ne partage pas les analyses qui imputent de manière catégorique la persistance du terrorisme en Kabylie à une défiance de la population à l’égard des autorités centrales, surtout après le Printemps noir.
Au lendemain de la mort d’Hervé Gourdel, dans le Djurdjura, la prudence est de mise en Kabylie. Les appréhensions existent mais cela n’entrave pas la vie quotidienne qui se poursuit normalement.
« Tant que le problème du terrorisme n’est pas définitivement résolu, il faut être vigilant », déclare Hocine Haroun, le président (Front des forces socialistes ; FFS) de l’Assemblée populaire de la wilaya de Tizi-Ouzou (APW), rencontré jeudi dans son bureau à Tizi-Ouzou.
Le président de l’APW ne partage pas les analyses qui imputent de manière catégorique la persistance du terrorisme en Kabylie à une défiance de la population à l’égard des autorités centrales, surtout après le Printemps noir ; il privilégie l’explication par la géographie et le relief difficile des zones où ces groupes se sont implantés.
« Quand on dit Tizi Ouzou, on dit maquis, on dit Djurdjura. Les reliefs ont permis à ces groupes terroristes de survivre, de subsister et des fois carrément de vivre », note-t-il en relevant qu’il « y a des casemates, des chemins qui ne sont pas empruntés par de simples civils ». « C’est un peu cela qui fait qu’il y a encore des terroristes dans la région », ajoute-t-il précisant, cependant, que cela n’est pas spécifique à la Kabylie.
« Détrompez-vous, les terroristes existent ailleurs. Ils sont à Jijel, ils sont à Batna, ils sont partout en Algérie. Maintenant il y a peut-être un repli assez conséquent ici. C’est ce qui se dit, mais toutes les informations sécuritaires sont filtrées, elles ne sont pas à notre portée » ajoute-t-il.
Hocine Haroun refuse en tout état de cause qu’on donne une image sinistre de Tizi-Ouzou : « Les touristes viennent, les entrepreneurs travaillent. Il n’y a pas de phobie de la région ou de peur viscérale. Il se passe des choses de temps en temps comme il s’en passe ailleurs, avec peut-être un accent prononcé dans la région pour les raisons que je vous ai données. A mon avis, beaucoup plus pour des raisons géographiques ».
La Kabylie ne fait pas l’objet d’un plan de sécurité particulier, note l’élu en précisant que l’APW n’est pas automatiquement informée des questions sécuritaires qui relèvent des compétences du wali nommé par le chef de l’Etat : « Le président de l’APW ne fait pas partie de la commission de sécurité », indique Hocine Haroun pour expliquer le fait qu’il ne détient pas d’information sur l’opération menée par l’armée dans les montagnes du Djurdjura.
« Vie normale »
« A vrai dire, nous vivons de manière normale jusqu’à ce que l’on entende que, quelque part, il y a eu un attentat ou un kidnapping », souligne le président de l’APW. « C’est devenu presqu’une fatalité, et c’est ce qui est difficile, car l’on vit presque dans l’insouciance. »
En dépit de la violence et de la cruauté du mode opératoire des « Soldats du Califat »», le groupe jihadiste responsable de la décapitation d’Hervé Gourdel, la panique ne s’est pas emparée de la région, constate l’élu avec soulagement : «Certes, nous appelons les citoyens à faire attention en restant mais il faut continuer de vivre, de travailler, etc. »
Les terribles événements vécus dans la région ces derniers jours ne s’arrêtent pas aux frontières de la Kabylie relève l’élu : « Ce Daech là ou cette mutation du terrorisme concerne le monde entier. Nous sommes en train de voir que cela se passe en Irak comme en Syrie. »