Pour Ali Benouari, ancien ministre du Budget et candidat déclaré à la présidentielle algérienne de 2014, aucune réforme du système de gouvernance actuel ne peut se faire « sans des réformes politiques et institutionnelles ». Très marqué par le modèle démocratique Suisse où il réside depuis 1984, Benouari fait la part belle à la « liberté » dans son programme politique qu’il a défendu mardi sur Radio M.
« Aucune expertise nationale ou internationale ne peut solutionner les problèmes de ce pays et changer la gouvernance sans réformes politiques et institutionnelles », a martelé avec force, le candidat à la présidentielle Ali Benouari, mardi sur Radio M, la web radio de Maghreb Emergent. L’ancien ministre sous le gouvernement de Sid Ahmed Ghozali en 1991-92, reconverti depuis des années dans la finance internationale en Suisse, préconise de mettre immédiatement « le cap sur la démocratie » en « engageant une transition douce » de l’Algérie vers un pays plus libéral en matière de pratiques politiques. Une transition réalisable à travers une séparation des pouvoirs, l’instauration d’un régime parlementaire et, insiste-t-il, le bannissement de la « tutelle paternaliste » prédominante au sein du personnel politique algérien, héritée des présidences de Ben Bella et Boumediene. Autant de préalables qui éviteront au pays « de replonger dans la violence et la guerre civile », comme ce fut l’Algérie l’a vécu à la fin des années 1980 et durant la décennie 1990. « Le printemps arabe frappe à nos portes et il gagnera l’Algérie qu’on le veuille ou non, » avertit Ali Benouari. « Il vaut mieux que ce système parte de façon pacifique et civilisée plutôt que par la violence avec les conséquences que l’on voit actuellement en Libye, en Egypte. »
« Réforme totale mais pas brutale »
Ali Benouari estime qu’il ne sert à rien « de s’attarder sur les noms » des responsables politiques qui se sont succédé à la tête du pays depuis 1962 et qui l’ont conduit à l’échec et préfère plutôt s’attaquer au « système » dans son ensemble. « Il faut passer à l’action et réformer en urgence le système de gouvernance du pays », a-t-il plaidé. Une transition qu’il propose sur une période de cinq ans car, estime-t-il, « la réforme doit être totale mais pas brutale ».
Bien que l’héritage colonial pèse pour beaucoup dans l’état de sous développement du pays, Ali Benouari considère que l’échec de l’Algérie date des choix idéologiques et du modèle politique pris dès l’indépendance. «Le socialisme a détruit les capacités créatrices et productives de l’Algérie et a fait des algériens un peuple d’assistés», a-t-il dit. Mais il estime aussi que « l’enrichissement soudain » du pays par la grâce de la rente pétrolière est un handicap pour engager une quelconque réforme. «Cette situation n’incite pas à être imaginatif pour trouver une solution de sortie de crise ».
Pays riche, peuple en détresse
Avec près de 200 milliards de dollars de réserves de change et des centaines de milliards de dollars investis au cours des dix dernières années, l’Algérie reste « un pays en détresse », s’alarme Ali Benouari. « Le sentiment de malaise est prédominant au sein de la population alors que l’Algérien vit mieux qu’un marocain ou un tunisien. Il y a un grave malaise collectif dans ce pays, » déplore le candidat Benouari. Ce dernier impute la responsabilité de cette situation au « mauvais système de gouvernance », qui a fait que des milliers d’algériens veulent quitter le pays à tout « y compris au prix de leur vie », que les émeutes se multiplient à travers le pays et que le sentiment de « hogra » est vécu au quotidien par les algériens.
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