Alors que les syndicalistes étaient empêchés dimanche d’organiser un sit-in devant le siège de l’APN, le ministre du Travail, de l’emploi et de la sécurité sociale, Mohamed El Ghazi, présentait en séance plénière le projet de loi relatif à la retraite dont les dispositions visent, selon lui, à « préserver la caisse nationale des retraites (CNR) de la faillite ».
Le but, a-t-il affirmé, est de « réformer la CNR et de la préserver de la faillite dans le cadre de la justice sociale » et de maintenir un « système de retraite, fondé sur le principe de solidarité intergénérationnelle qui assure le versement de plus de 3 millions de pensions ».
Le rapport préliminaire de la commission de santé donne un quitus au projet qui assure-t-il traduit « le souci de l’Etat, à travers ces nouvelles mesures législatives, de garantir le droit des générations montantes à la pension de retraite et la pérennité du financement de la Caisse nationale des retraites (CNR) ».
Les représentants des groupes parlementaires du Front des forces socialistes (FFS), du Parti des travailleurs (PT), de l’Alliance pour l’Algérie verte (AAV) et du parti pour la Justice et le développement étaient loin d’être d’accord et ont dénoncé un rapport préliminaire « falsifié » et ont décidé de boycotter sa lecture.
Les députés du Front des forces Socialistes (FFS) ont refusé de participer aux débats sur le projet en estimant qu’ils étaient stériles. Le chef du groupe parlementaire du FFS, Chafaâ Bouaïche, a apporté avec colère un écho des traitements musclés subis à l’extérieur par les syndicalistes hostiles au projet.
Un rapport « sans identité connue «
» Il est impossible de débattre un projet de loi sous l’embargo de la police… C’est une humiliation du peuple et de ses repères « a-t-il martelé en dénonçant « un parlement mafieux sans transparence ». Le chef du groupe FFS a estimé qu’il ne pouvait y avoir de débat si les syndicats ne participent pas à l’examen du projet et il a fustigé la commission de la santé, affaires sociales, travail et formation professionnelle de l’APN qui « ne représente qu’elle-même. «
L’Alliance Algérienne verte (AAV), El-Adala et le parti des travailleurs (PT) ont choisi de participer au débat et de voter contre le projet de loi sur la retraite. Avec un tir groupé sur le rapport préliminaire qui selon eux n’a pas été élaboré par la Commission de la santé et des affaires sociales.
« Ce rapport est sans identité connue… il est falsifié » a tonné Lakhdar Benkhellaf d’El-Adal et il cite à l’appui de ses dires le député FLN Salahedine Bourezag. » Le professeur Bourezag du FLN qui est aussi membre de la commission a confirmé qu’il a consulté le rapport depuis déjà une semaine « .
Selon lui, ces déclarations du professeur (en cardiologie) prouvent que le rapport préliminaire endossé par la Commission a été rédigé au ministère, ce qui est « inacceptable « . Son homologue de l’Alliance de l’Algérie Verte (AAV), Ben Ferhat Abderahmane a dénoncé également un rapport falsifié qui donne un débat faux.
» Le gouvernement doit retirer ce projet de loi antisocial et relancer un débat réel » lance Ramdane Taazibte du PT en se demandant ce que » veut le gouvernement par cette politique d’agression contre les acquis des travailleurs ? « .
Mais la présidence du parlement veut en finir vite avec le dossier de la retraite. Programmé initialement pour le 6 décembre, le vote de cette loi controversée a été avancé au mercredi 30 novembre 2016.