M A G H R E B

E M E R G E N T

Actualités

La pêche en mer : un métier à haut risque, en quête de protection sociale en Algérie

Par Maghreb Émergent
21 novembre 2024
La pêche en mer : un métier à haut risque, en quête de protection sociale en Algérie

La pêche en mer, bien loin d’être une activité paisible, est l’un des métiers les plus dangereux au monde. Les risques encourus sont multiples : naufrages, échouements, retournements, incendies, abordages, collisions, sans oublier les accidents à bord comme les chutes, les coupures, les brûlures ou encore le surmenage.

Et bien que très exposée, la profession ne bénéficie pas ou pas assez de la couverture sociale.
Selon une étude basée sur les données du ministère de la Pêche et des Productions halieutiques et de l’Office national des statistiques (ONS), la population active du secteur comptait, en 2020, 130 315 professionnels. Ces derniers opéraient dans 46 ports de pêche et plus de 60 sites d’échouage.

La flottille de pêche algérienne se composait de 3 594 navires de petits métiers (61,3 %), 1 684 sardiniers (28,7 %), 548 chalutiers (9,3 %), 27 thoniers (0,5 %) et 9 corailleurs (0,2 %). Sur le plan des accidents professionnels, les chiffres illustrent la dangerosité du métier : 27 % des incidents sont dus à des chutes ou des glissades, 22 % à des coups ou coincements, et 19,9 % à des coupures, morsures ou piqûres.

Des mesures pour une meilleure protection sociale

Un tel déphasage entre risques et couverture sociale a appelé une réaction du gouvernement. Une commission mixte réunissant le ministère de la Pêche et des Productions halieutiques et celui du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale a été instaurée en 2022.

Dans la foulée, une étude est lancée, soutenue par l’Union Européenne. Depuis, le programme Économie Bleu a permis des avancées notables, donnant accès à une grande partie des pêcheurs aux droits aux soins et aux multiples aides.

Pourtant, une proportion d’environ 40 % des professionnels demeure toujours en marge du système.
Pour bénéficier du parapluie de la CNAS, Casnos et CNR, il faut répondre à une série de critères, comme les critères techniques de l’architecture navale, validés par les garde-côtes. Comme toutes les autorisations, celle-ci ne se décroche pas aisément.

Les plus fragiles de la profession, c’est-à-dire les pêcheurs artisanaux travaillant sur de petites embarcations, peuvent encore moins y prétendre. Entre Ettaref et Annaba, le programme Economie Bleu a recensé 500 petits pécheurs sans matricule et donc sans existence légale ni couverture sociale.

Non seulement ces pêcheurs ne peuvent prétendre à aucune prestation médicale, ni pour eux ni pour leurs familles, non seulement ils ne sont pas éligibles à la CNR, mais ils se retrouvent régulièrement sans ressources ni indemnisations en période d’inactivité due aux intempéries ou lors du désarmement. Il peut durer jusqu’à 4 mois selon les espèces pêchées.

C’est par un tour de passe-passe que les plus nantis régularisent leur situation. En louant des licences de navigation de bateau de plaisance et en les armant pour la pêche, ils passent de l’ombre à la lumière. En réalité, le quota de pêche des plaisanciers est très inférieur à celui des bateaux de pêche et la vente du produit de la pêche leur est interdite. Mais ceci est une autre histoire.

Comment étendre donc de manière plus transparente la couverture sociale aux pêcheurs artisanaux ? Parmi les solutions envisagées, le statut de l’auto-entrepreneur. Facile d’accès, il pourrait permettre à cette frange de la profession de sortir sans frais de la sphère informelle.

Néanmoins, un obstacle s’érige : la pêche ne figure pas dans la liste des métiers en auto-entreprenariat. Plutôt que l’équité des droits sociaux recherchée, le projet d’inclusion sociale a ainsi davantage isolé une partie de la profession, la plus démunie et la plus fragile.

Seule une réforme pourrait corriger cette distorsion des droits, mettre tous les professionnels à égalité et concilier durabilité environnementale et durabilité sociale.

Des études comparables à celle menée par le projet Economie Bleue ont en effet démontré que les ressources halieutiques sont davantage préservées lorsque la ressource humaine est mise à l’abri des aléas de la profession.

ARTICLES SIMILAIRES

Á la une Actualités

Procès Andaloussi : Les preuves contre l’ex-porte-parole d’Air Algérie s’effondrent devant le tribunal

Le procès de l’ancien porte-parole d’Air Algérie s’est tenu ce jeudi 26 décembre devant le tribunal de Dar El Beida à Alger. Incarcéré depuis septembre 2024, Amine Andaloussi fait face… Lire Plus

Á la une Algérie

Investissements : L’AAPI accélère ses réformes dans une course régionale serrée

Dans un contexte de forte concurrence régionale, l’Agence algérienne de promotion de l’investissement (AAPI) engage la deuxième phase de ses réformes. Cette nouvelle étape, centrée sur l’optimisation du guichet unique… Lire Plus

Actualités

Algérie : Hausse de l’euro sur le marché officiel

Contrairement au marché noir, l’euro reprend du terrain face au dinar algérien sur le marché financier officiel. En effet, le taux de change officiel du 25 décembre, est d’un euro… Lire Plus

Actualités Entreprise

Boissons énergisantes : un danger silencieux chez les collégiens, les écoles tirent la sonnette d’alarme

Les collégiens deviennent de grands consommateurs de boissons énergisantes, bien que ces dernières soient fortement déconseillées aux personnes de moins de 16 ans. L’alerte a été donnée le 12 décembre… Lire Plus

Actualités Commerce

Modernisation du commerce : Plus de 600 marchés “fantômes” au cœur de la bataille contre l’informel

Dans le paysage économique algérien, une situation paradoxale persiste où 618 marchés communaux et de wilayas, construits à grands frais, demeurent inexploités. Cette réalité, révélée par le ministre du Commerce… Lire Plus