Le programme économique du candidat à la présidentielle Ali Benflis sera basé sur un discours de vérité. « Il faut arrêter de mentir aux Algériens », a déclaré, mardi sur Radio M, l’ancien ministre de la communication, Abdelaziz Rahabi, soutien de Benflis et de son programme économique qu’il qualifie de « post-rente pétrolière ».
Engagé depuis quelques semaines aux côtés de Ali Benflis dans la course aux élections présidentielles d’avril 2014, Abdelaziz Rahabi a exposé la vision économique du programme de son candidat, dont l’intégralité sera dévoilée dans les prochains jours. « Dans notre projet, nous proposons une période post-rente, une période dans laquelle l’entreprise serait véritablement le moteur de la croissance, du développement et de la prospérité », a-t-il déclaré.
Pour cela, une véritable réflexion doit être engagée sur les subventions énergétiques et notamment sur le coût réel du litre d’essence dont « le prix relève du secret d’Etat » selon l’ancien diplomate. « L’Algérie soutient les matières énergétiques à raison de 10 milliards de dollars qui auraient pu servir à lancer une véritable industrie pétro-chimique », dénonce Abdelaziz Rahabi qui estime que « le prix soutenu des produits pétroliers est complètement scandaleux ».
Malgré l’impopularité de telles mesures, en opposition avec la politique, mise en place par le président Bouteflika et financée par des cours soutenus du pétrole depuis 15 ans, l’ancien diplomate a affirmé que « Benflis n’envisage pas de mentir aux Algériens ». « Je ne peux pas m’associer à un discours porté par le mensonge ou les promesses non tenues », a-t-il déclaré, en prenant pour exemple les récentes déclarations sur le programme AADL, promettant la réalisation de « 230.000 logements en une année ». Des promesses impossibles à tenir, a-t-il dit.
Donner la priorité aux entreprises algériennes
«J’appartiens à une équipe qui a refusé de signer l’accord d’association [NDRL de démantèlement tarifaire] avec l’Union européenne dans les années 90 malgré des conditions très difficiles, terrorisme, FMI, isolement politique », a rappelé Abdelaziz Rahabi, qui a qualifié sa signature par Bouteflika de « grave erreur ». «Bouteflika s’est servi de cet accord d’association pour soit disant sortir l’Algérie de l’isolement diplomatique et il a ordonné seul la signature de cet accord, » a révélé l’ancien ministre. « Et le résultat est là, on ne trouve pas de produits algériens dans les supermarchés du pays car les importations ont envahi le marché », a poursuivi l’ex-ministre. Les négociateurs algériens avaient entamé les négociations avec l’UE sur la base d’un taux bas, de protection de la production locale à hauteur de 45%, alors que les Marocains avaient placé haut la barre à 90%, a précisé Rahabi. « En dix ans, nous sommes passés d’un taux de protection de 45 % à 12% », a-t-il déploré.
Pour renverser la tendance à l’import-import, le programme de Ali Benflis qui « met l’entreprise au centre du projet », préconise plusieurs mesures concrètes détaillées par Abdelaziz Rahabi : « défiscaliser certains produits, exercer un audit indépendant sur le secteur public, ouvrir le partenariat secteur-public secteur-privé, agir sur les concessions agricoles qui seront portées, dans notre projet, à 90, 99 ans, etc. » Par ailleurs, Abdelaziz Rahabi, a insisté sur la nécessité d’agir sur le foncier industriel en redonnant aux zones industrielles leur vocation première et non « celle de zones de stockage des importations qu’elles jouent aujourd’hui ».
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