La promotion de la destination Algérie ne doit pas se suffire des participations aux Salons internationaux du tourisme. C’est un travail continu, qui passe nécessairement par une présence sur le Web et les réseaux sociaux, recommande Fadhila Brahimi, spécialiste dans la stratégie de communication digitale.
Comme en Europe, où la majorité des touristes préparent leur voyage en ligne, en Algérie aussi, avec l’intégration progressive des technologies de l’information et de la communication (TIC) dans les mœurs de consommation, ils sont « près 50 % à avoir planifié leurs voyages et séjours sur Internet », selon une présentation d’une responsable au ministère de la Poste et des TIC lors du dernier Salon international du tourisme et du voyage (Sitev 2014). Mais ces données ne semblent pas être prises en compte par les acteurs du secteur du tourisme, dont le ministère de tutelle, à en juger par la présence timide de la destination Algérie sur le web. Pourtant, une initiative fort louable avait été prise en 2010 la promotion des produits touristiques à travers la généralisation de l’utilisation des TIC dans les domaines liés au tourisme. Une convention cadre, ayant pour objet la formation à l’usage des TIC au profit des différents acteurs du secteur du tourisme, avait été signée entre le ministère de la Poste et TIC et celui du Tourisme. La convention cadre visait aussi à assurer le soutien aux opérateurs dans le développement des applications «e-tourisme» pour la promotion de la destination Algérie. Plus trois années plus tard, rien, ou presque, n’a été fait. La présence de la destination Algérie sur Internet est réduite à des pages statiques avec quelques images de paysages et, surtout, très peu d’informations pratiques pour les touristes. S’il est possible de réserver en ligne, le paiement ne peut se faire qu’une fois sur place. Sur un site comme celui de l’ONAT, une réservation en ligne une fois accomplie donne lieu à ce message : « Votre demande a été prise en considération, nous reviendrons vers vous sous 48 heures ». Cet écueil technique pèse lourdement sur la relation TIC et tourisme. Mais la faute n’est pas imputable aux seuls organismes institutionnels. « Les opérateurs et les agences de voyages doivent aussi jouer le jeu de la popularité de l’internet et des médias sociaux en Algérie », recommande Fadhila Brahimi spécialiste dans la stratégie de communication digitale.
Les réseaux sociaux comme cheval de bataille
Selon Mme Brahimi, les TIC en général, et les médias sociaux en particulier, doivent être le cheval de bataille du secteur touristique. « Nous avons un peu de retard pour investir le monde numérique, mais nous pouvons également le capitaliser en profitant des expériences et des échecs des autres », recommande-t-elle. Pour cette spécialiste en image et communication d’influence, les acteurs du secteur doivent tout d’abord renforcer leur présence sur les médias sociaux les plus populaires en Algérie à l’image de Facebook et de Youtube, et non pas sur tous les réseaux sociaux. Cette présence renforcée doit être de qualité, dit-elle, afin de ne pas souffrir de « retours négatifs ». « Il n’y a pas de raisons de s’affoler pour un commentaire négatif si, à côté, on a une dizaine de positifs », précise-telle.
Les médias sociaux ont changé la façon de faire du touriste durant toutes les phases de son voyage. Les commentaires et autres avis des touristes sur les destinations visitées sont devenus une partie intégrante dans la stratégie de communication. « Le bouche à oreille s’est également digitalisé avec l’apparition des plateformes dédiées aux échanges parmi les passionnés des voyages », précise-t-elle. Par ailleurs de nouveaux outils et applications pour smartphone ont fait leur apparition pour guider le touriste durant toutes les étapes du voyage. Ces outils doivent aussi être « adaptés à la sauce algérienne en misant sur les compétences web locales », soutient Mme Brahimi. Pour elle, la grande tendance du moment est la cherche des ambassadeurs de marque sur un territoire de destination. Les acteurs du tourisme doivent, selon elle, travailler avec les bloggeurs et autres animateurs de communautés sur les médias sociaux pour travailler l’image de la destination Algérie. « La promotion de la destination Algérie ne viendra ni du tourisme ni d’Internet mais de la synergie des deux », a-t-elle conclu.