Une note récente d’Algérie Poste, exige la légalisation des photocopies des pièces d’identités (carte nationale ou permis de conduire) pour les retraits CCP effectués par le moyen des chèques guichets. La dé-bureaucratisation du service public, promise par Boureflika IV, est mal entamée.
Les usagers, qui souffrent des modalités de délivrance de la carte magnétique, du mauvais fonctionnement des distributeurs de billets, et des délais aléatoires de la réception des carnets de chèques, doivent, en plus, se présenter aux APC pour légaliser leur photocopie, avant de chercher un bureau de poste où la foule est moindre pour attendre leur tour. Même les proposés au guichet sont gênés de renvoyer leurs clients. L’un d’eux, dans un bureau de poste au centre d’Alger, conseille carrément aux usagers de faire légaliser une vingtaine de copies à la fois, pour ne pas avoir à subir, à chaque retrait, le même circuit bureaucratique.
Cela parait tout simplement incroyable, après les annonces en grandes pompes de la simplification des procédures administratives. Mais assurément, les réflexes bureaucratiques ont la peau dure. Et le poste de ministre délégué chargé de la reforme du service public auprès du premier ministre, n’a vécu que le temps d’une campagne électorale, le département ayant été rayé de l’organigramme du « nouveau » gouvernent de Abdelmalek Sellal. Avec lui, sont d’ores et déjà enterrés l’Observatoire National du Service Public crée par décret le 26 mars dernier, et les 140 000 postes vacants dans la fonction publique, qui devaient commencer à être pourvus au début d’avril dernier.
Pourtant la création de ce ministère a suscité des attentes légitimes des citoyens. Farouk Ksentini, président de la CNCPPDH, avait même déclaré, après l’annonce de la formation du gouvernement Sellal 3, que «la création d’un ministère chargé de la Réforme du service public est une réponse du président de la République aux revendications de la société civile pour la lutte contre la bureaucratie, vivier de la corruption administrative,». Il a ajouté que cette revendication avait été transmise au chef de l’Etat en mai 2011 par Abdelkader Bensalah, lorsqu’il avait été chargé des consultations pour la révision de la constitution.
Promesses non tenues
Selon les déclarations de Khaled Zabchi, adjoint du président de la commission nationale du pré-emploi et du filet social, la direction de la fonction publique devait dégager les 43.000 premiers postes (sur 140.000 vacants dans la fonction publique), pour l’intégration de travailleurs contractuels du secteur. Une opération qui devait commencer au mois de mars dernier. Il faut savoir qu’ils sont 900.000 employés à avoir été recrutés dans le cadre des deux dispositifs de pré-emploi et du filet social, dans plusieurs wilayas (600.000, à travers l’Agence nationale de l’emploi et 400.000, via les directions de l’action sociale).
Des jeunes avaient même été contraints de s’impliquer dans la promotion de la candidature du président Abdelaziz Bouteflika, pour prétendre à une titularisation dans ce cadre, selon des informations relayées par les médias. A l’heure actuelle, ceux qui n’avaient d’autres choix que de se prêter à ce jeu, n’ont bénéficié que d’une prolongation de leur contrat d’emploi.
Pour ce qui est des 140.000 postes vacants dans l’ensemble de la fonction publique, plusieurs sources gouvernementales indiquent que, dans la plupart des cas, il s’agit de postes qui requièrent des qualifications précises et souvent pointues et que leur pourvoi se heurte à l’absence de candidats qualifiés, aux conditions de rémunération codifiées par la grille des salaires de la fonction publique. La prudence de M. Djoudi, l’ex-ministre des finances, à relayer les discours de MM. Ghazi et Benmeradi (ministre du travail du gouvernement Sellal 2) sur cette question, semble aujourd’hui plus proche de cette vérité.
Beaucoup d’employés, peu d’efficacité
Dans son recensement pour l’année 2013, la CNAS évalue à 2,8 millions d’agents, les effectifs des services publics. Les chiffres de la direction générale de la fonction publique font, pour leur part, état de deux millions d’employés, dont 85% de permanents et 15% de contractuels. Le « surplus » de 900.000 emplois enregistrés par la Cnas est imputé au nombre de travailleurs classés dans les catégories du pré-emploi et du filet social.
L’Algérie entretient 42 fonctionnaires pour 1000 habitants, alors qu’au Maroc, ils ne sont que 26 pour le même nombre. Mais si l’on devait faire une comparaison entre la qualité de service et les moyens humains mobilisés, ce n’est pas le bon exemple. Au prorata du nombre d’habitants, les chiffres de notre administration sont plus en rapport avec la Tunisie qui, avec 44 agents pour 1000 citoyens, assure de bien meilleures prestations.