La réunion OPEP- non OPEP aujourd’hui à Vienne se fait sous une double appréhension: un non-respect des limitations de production de la part des producteurs et le risque d’un retour en force du pétrole de schiste US en cas de hausse sensible des prix.
Les signataires de l’accord de Vienne du 30 novembre 2016 relatif à la réduction de la production pétrolière se réunissent, aujourd’hui, dans la capitale autrichienne avec une double crainte. Celle de voir certains pays OPEP ou non OPEP augmenter leur production mais aussi celle d’une hausse incontrôlée des prix, ce qui rendrait le pétrole de schiste américain plus compétitif.
Officiellement, la réunion du Comité ministériel de suivi de l’accord Opep-non a pour objectif d’étudier « la méthodologie et les mécanismes à mettre en place pour concrétiser la mission de monitoring que les pays membres et non membres de l’OPEP ont confié à ce comité ministériel co-présidé par le Koweït et la Russie et dont l’Algérie est membre avec le Venezuela et le Sultanat d’Oman », signale l’APS qui cite une source du ministère de l’Energie.
D’autre part, dans sa déclaration à la presse à son arrivée à Vienne, le ministre de l’Energie M. Boutarfa a indiqué que cette réunion serait consacrée aux différentes questions liées au système de monitoring, notamment « les sources, le planning, les délais et les systèmes d’alerte ».
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— Amena Bakr (@Amena__Bakr) 22 janvier 2017
Mais, il a été plus explicite en ajoutant qu’il « y aura également un indicateur sur les exportations lors de cette réunion », précisant qu’il s’agirait d’une information complémentaire « qui sera demandée aux pays ». « Nous allons aussi discuter pour que la question des exportations fasse partie des documents du monitoring », a-t-il souligné.
La tentation d’augmenter la production
La tentation d’augmenter la production pour certains pays est trop grande, Et qu’ils soient ou non signataires de l’accord de Vienne, ces pays peuvent, à terme, rompre l’équilibre fragile du marché.
De fait, certains pays ont déjà augmenté leur production dernièrement comme l’Irak, l’Iran ou le Koweït. Mais ces pays n’inquiètent pas plus pour les quantités qu’ils ont mises sur le marché que par le fait qu’ils pourraient créer un effet d’émulation.
Selon les derniers chiffres, l’Irak qui devait réduire sa production à 4,4 millions barils par jour l’a augmentée de 43.000 barils par jour pour atteindre 4,6 millions de barils par jour (mbj), le Koweït qui devait baisser sa production à 2,7 millions l’a augmentée de à 2,8 millions de barils par jour.
L’Algérie veut, quant à elle, donner l’exemple avec une réduction de 50.000 barils/jour, en deçà des quantités fixées, la production actuelle étant de 1,027 million de barils par jour, selon le ministre de l’Energie.
Les signataires de l’accord redoutent aussi une trop grande augmentation des prix du pétrole qui rendrait les prix du pétrole de schiste américain plus rentable, ce qui propulserait le marché dans une situation similaire à celle dans laquelle il se trouvait il y a deux ans. D’après les calculs de l’Arabie Saoudite, un baril à 55 dollars éloignerait le schiste américain du marché. Selon cette estimation donc, les pays producteurs de pétrole devront oublier leur rêve d’un baril à 100 dollars.
Mais même les calculs saoudiens pourraient être faussés avec l’arrivée du nouveau président américain, Donald Trump qui veut relancer le pétrole de schiste, notamment à travers des subventions au profit des gisements marginaux.Le cauchemar pourrait prendre une autre dimension lorsque de grands pays producteurs de pétrole tels que la Russie se tourneront eux-mêmes vers le pétrole de schiste.