Transformer la capitale en une « perle de la Méditerranée ». C’est l’objectif que se sont assignés les promoteurs du « plan stratégique Alger 2029 » à son lancement en 2009. Quatre années après, le projet bat de l’aile.
A son lancement, le projet Alger 2029 a suscité beaucoup d’espoir. Parmi ceux qui y ont cru l’architecte Mohamed Larbi Merhoum. Pour lui, ce projet avait constitué une révolution dans les rapports administration centrale-collectivités locales et permis pour une fois de consacrer le rôle d’acteur de l’administration locale dans la prise de décision liée à l’urbanisation et la façon de repenser la ville. « La manière avec laquelle a été conçu le projet et les arbitrages qui ont été décidés en haut lieu de l’administration témoignent d’une véritable prise de pouvoir de la part des autorités locales », a affirmé, ce mardi, Mohamed Larbi Merhoum, invité du Direct de Radio M, pour sa première émission de la nouvelle saison. Pour lui, la grande puissance de ce « feu » projet c’est qu’il a apporté cette dimension de « démocratisation de la décision » politique même si l’on reste dans un système étatique où la part du citoyen et de l’élu reste dans sa petite dimension, ce qui n’a pas empêché de donner lieu à de « véritables enjeux » entre des niveaux de décision locaux (administration locale) et centraux (gouvernement).
Le rêve de « une ville du monde » s’évapore
Porté par l’ancien wali d’Alger, Mohamed El Kebir Addou qui voulait faire d’Alger « une ville du monde », le plan stratégique Alger 2029 doté d’une enveloppe initiale de 202 milliards de DA et prévoyant entre autres, le plan d’aménagement de la baie d’Alger a, vite fait, de battre de l’aile. Si l’ancien wali a pesé dans la mise en place de ce plan, il en a été aussi et presque malgré lui le maillon faible. L’architecte Larbi Merhoum appuie ce constat. « La faiblesse de ce projet est qu’il a été porté par l’ancien wali d’Alger. Et c’est le problème lorsqu’il n’y a pas d’arbitrage démocratique sur ce genre de questions. Quand un projet n’est pas porté par la population et les élus, il est fort à penser que le départ de M. Addou fasse dévier le projet d’un certain nombre de décisions stratégiques qui ont été annoncées », se prend à regretter l’invité de « Radio M ». Et d’asséner : « Je ne pense pas que l’on retienne de ce projet quelque chose d’important. Il y a une espèce de petits abandons et l’on s’est remis à faire comme on a l’habitude de le faire. Certes, il y a un certain nombre de structures qui sont déjà lancées (pénétrantes, rocades), celles-là ne risquent pas d’être remises en cause. Mais il y a de fortes chances que ce projet s’effrite ».
Projet de dépollution de l’oued El Harrach : pierre angulaire de cette stratégie
Le schéma directeur relatif à la stratégie de réhabilitation de la ville d’Alger qui s’étend de 2009 à 2029 est réparti en quatre étapes de cinq ans chacune. La première de ces phases, 2009-2014, est essentiellement axée sur la reconquête du front de mer de la capitale avec des opérations portant, en particulier, sur la réhabilitation du centre historique d’Alger comme la Casbah, la restauration des équilibres écologiques, le réaménagement urbain de certains quartiers implantés autour des grands équipements publics, la mise en œuvre d’un plan d’éclairage moderne et le macro maillage du transport en commun urbain. Le projet de dépollution de l’oued El Harrach constitue la pierre angulaire de cette stratégie axée autour de l’aménagement de la baie d’Alger.
Cette phase du projet, dont l’achèvement est programmé pour décembre 2015, devrait être accompagnée d’autres réalisations notamment dans les secteurs de l’enseignement supérieur (écoles de médecine et de droit) et de transports comme la nouvelle Gare centrale intermodale du Hamma. Pour la deuxième étape (2015-2019), les grandes actions prévues sont destinées à permettre à la capitale de pouvoir abriter un grand évènement international de portée universelle. Ces actions porteront ainsi sur la réalisation d’un nouveau port en eaux profondes, la poursuite de l’aménagement de la baie d’Alger, la récupération d’espaces fonciers détenus par le secteur industriel et leur conversion en d’autres vocations urbaines et l’aménagement de zones transversales de développement urbain. La troisième phase (2020-2024), la poursuite de l’aménagement de la baie d’Alger constitue le principal axe de développement. Quant à la dernière étape (2025-2029), le plan arrêté par les pouvoirs publics porte sur l’achèvement des travaux d’aménagement de la baie et l’extension de la ville vers l’est.
Ecouter l’émission