L’Algérie n’arrive pas à augmenter ses recettes hydrocarbures, malgré la hausse des prix du gaz en Europe. Selon l’ancien vice-président de Sonatrach, Ali Hached, ceci est dû à « la stratégie commerciale de Sonatrach que ne s’est pas adaptée à la conjoncture mondiale ».
L’ancien cadre de la compagnie nationale d’hydrocarbures, a révélé lors d’une conférence du Front des Forces Socialistes (FFS), organisé vendredi dernier, que 80% des contrats engagés de l’Algérie sur le marché du gaz, sont inscrits à long terme. « Avec des prix indexés sur ceux du pétrole, c’est des sommes colossales que nous sommes en train de perdre », a-t-il regretté.
Sur ce point, il explique que la généralisation de la libéralisation des marchés est inscrite dans une tendance lourde. « En Europe, elle a commencé avec la libéralisation des prix du gaz avec une perspective de 10 ans, pour ouvrir totalement le marché à l’équilibre de la balance de l’offre et la demande, à l’image de ce qui se faisait aux Etats-Unis », a-t-il souligné.
« Lorsque nous avons pris connaissance que cette décision était irréversible pour l’Europe, nous avons commencé à penser qu’il fallait nous désindexer des prix du gaz et s’inscrire dans cette libéralisation du marché », a-t-il ajouté.
A ce sujet, Hached prend l’exemple de la Russie qui a minimisé ses ventes de gaz aux prix indexés, à hauteur de 15%, et a ouvert des plateformes de vente libre sur les marchés européens. « Pourquoi pas nous ? », s’est-il demandé.
« L’Algérie ne doit pas renoncer à son bouquet énergétique »
Par ailleurs, Ali Hached a insisté sur l’importance du secteur de l’énergie. « La première puissance énergétique dans le monde c’est les Etas-Unis », a-t-il souligné en indiquant que « l’Algérie ne doit pas renoncer à son bouquet énergétique ».
L’ancien cadre de Sonatrach a affirmé que depuis 2010, l’Algérie avait inscrit un ensemble de ressources énergétiques, dont le charbon, les énergies renouvelables et même les ressources non conventionnelles, « afin de subvenir à nos besoins énergétique à long terme ».
Il affirme à ce propos, que les gaz de schiste étaient ainsi désignés comme pôle de développement et sources d’emplois pour les années futures. Sur ce point, Hached s’est demandé, « pourquoi beaucoup de pays ont développé cette ressource alors que nous nous restons spectateurs ? » Et d’ajouter : « Particulièrement si nous sommes la troisième réserve au monde », a-t-il ajouté.
Selon l’expert, un rapport avait déjà affirmé en 2011, que l’Algérie n’aura plus de gaz à exporter à l’horizon 2027. « On avait dit qu’on allait retarder cette échéance en développant le gaz de schiste et en préservant les ressources traditionnelles pour le financement des énergies renouvelables, qui sont indispensables dans le mix énergétique national », a-t-il affirmé en ajoutant que « dans 40 ou 50 ans, on arrivera à ne plus avoir de fossile même en réserves et donc, il faudra trouver d’alternative à cela mais dans le long terme ».
« Augusta, c’est la plus grande bêtise qu’on a faite ! »
Concernant le carburant, Hached explique qu’en 2004, un programme était inscrit au niveau de la Sonatrach pour développer le raffinage avec des installations nouvelles. « Ce programme n’a pas été réalisé et on s’est retrouvé en 2009 à importer du gasoil et de l’essence », a-t-il regretté.
A ce propos, Ali Hached a exprimé son incompréhension au sujet de l’achat de la raffinerie d’Augusta en Italie. Selon lui, « c’est la plus grande bêtise qu’on a faite ».
Pour le conférencier, ce projet (achat de raffinerie à l’étranger), s’est appuyé sur deux « mensonges » ; le traitement de brut algérien au niveau de cette raffinerie et le chiffre annoncé de la facture d’importation de carburant, estimé à 2 milliards de dollars. Il s’est par ailleurs interrogé comment est-ce possible que l’Algérie paie annuellement cette grosse facture pour importer son carburant, alors que si on traitait notre brut à l’étranger on aurait extrait cette quantité depuis la valeur du carburant exporté ?
Pour l’ancien vice-président de Sonatrach, « ces deux mensonges ne justifient pas l’achat de la raffinerie italienne ». Il s’est aussi demandé, comment la Banque d’Algérie n’a pas contrôlé cette facture d’importation de carburant, qui a couté au trésor public durant huit années, 16 milliards de dollars ?