Les députés tunisiens de la l’Assemblée nationale constituante (ANC) ont adopté tard dans la soirée de dimanche et à une écrasante majorité, la nouvelle loi fondamentale du pays. Un accouchement consensuel difficile qui remet le pays dans la voie de la démocratie, 3 ans après la chute du régime Ben Ali.
Plus de 3 ans après la révolution du « Jasmin » qui a eu raison du système Ben Ali et provoqué un tsunami de révoltes dans le monde arabe, les députés tunisiens de la l’ANC ont imposé une nouvelle constitution pour le pays par une majorité de 200 voix contre 12.
Le nouveau texte fondamental a été signé par le chef de l’Etat Mocef Marzouki, le premier ministre sortant Ali Larayedh et le président de la Constituante (ANC), Mustapha Ben Jaafar. Il a fallu 3 années aux islamistes d’Ennahda et aux autres sensibilités représentées au sein de l’ANC pour se mettre d’accord sur un texte qui préserve le caractère républicain d’un pays profondément marqué par les assassinats politiques et la violence des groupes islamistes radicaux. Du 3 janvier jusqu’à la nuit de l’adoption de la nouvelle constitution, les débats ont été houleux sur certains articles, comme celui de la motion de censure contre le gouvernement.
Etat civil préservé
La version finale de la loi fondamentale propose un savant mélange entre laïcité et «islamité» de la Tunisie. Le caractère civil de l’État est consacré et le peuple assuré de sa «souveraineté». La liberté de conscience et de croyance constitue une première dans le monde arabe, tout en prenant le soin de préciser que le peuple tunisien est attaché aux enseignements de l’islam (…) religion de la Tunisie et non « religion d’Etat », comme l’avaient exigé les islamistes d’Ennahda, majoritiares à l’ANC. Sur ce point, les islamistes ont fait machine arrière, tout comme ils avaient déjà accepté, en mars 2012, de ne pas inscrire la charia – loi islamique – dans la Constitution.
Nouveau gouvernement
C’est dans l’euphorie du vote de la nouvelle constitution tunisienne que le nouveau premier ministre Mehdi Jomaa, a présenté dimanche soir un cabinet composé de technocrates, après que les islamistes eurent accepté, sous la pression, de céder leur place au pouvoir. Mehdi Jomaa, ministre sortant de l’industrie, avait été choisi en décembre dernier après de longues tractations, pour former un cabinet apolitique à même de conduire la Tunisie vers des élections en 2014, et de sortir ainsi le pays de la profonde crise politique provoquée par l’assassinat en juillet du député d’opposition Mohamed Brahmi.
La nouvelle équipe gouvernementale est composée de 21 ministres dont deux femmes. Le portefeuille des finances revient à un économiste passé par la Banque africaine de développement, Hakim Ben Hammouda, et celui des affaires étrangères à un ancien responsable de l’ONU, Mongi Hamdi. Le ministère de l’Intérieur reste entre les mains du contesté Lotfi Ben Jeddou, que le premier ministre a dit vouloir garder à son poste en raison de « la volatilité de la situation sécuritaire et le besoin de continuité ».