Les augmentations de salaires et surtout les rappels accordés entre 2011-2012 ont créé un emballement du marché automobile en Algérie. Ce cycle est fini. Les ventes reculent de manière sensible sauf pour le segment du luxe qui n’a pas besoin de « rappels ».
Le salon de l’auto d’Alger est devenu plusieurs années la foire commerciale la plus populaire et la plus courue du pays. Mais l’ambiance survoltée des éditions précédentes a cédé la place cette année à un climat plus morose. Les premiers signes d’une baisse de la température et d’un tassement très net du marché étaient déjà apparus au cours du dernier trimestre de l’année 2013. L’association des concessionnaires, très inquiète, annonçait déjà des ventes en baisse de 38%. En 2013 le marché algérien de l’automobile, c’est une cinquantaine de concessionnaires recensés par les Douanes algériennes qui se sont partagés un gâteau de 7,3 milliards de dollars pour un peu plus de 550 000 véhicules importés. Cela va de Renault, le leader du marché qui a importé un peu plus de 100 000 véhicules, au petit poucet Djedid auto Mostaganem qui en a importé tout juste 354 en 2013. Parmi eux une douzaine de société de distribution qui ont importé plus de 10 000 véhicules chacune et représentent plus de 80% du marché algérien. Le podium est occupé par Renault, suivi de Peugeot qui a profité du boom des dernières années pour s’accrocher solidement à la deuxième place avec 70 000 importations en 2013 et de Sovac, concessionnaire exclusif Volkswagen, qui occupe la troisième place avec 55 000 véhicules importés. Il est suivi à distance respectable par Hyundai (40 000 véhicules) en perte de vitesses au cours des dernières années, lui-même talonné par Toyota (36 000 véhicules). En valeur, après Renault dont le chiffre d’affaire a dépassé 1,1 milliards de dollars, Sovac est deuxième avec une facture de 900 millions de dollars devant Peugeot pour 800 millions de dollars .
Retournement du marché depuis novembre 2013
Depuis près d’un an, on s’attendait à un retournement du marché mais on ne prévoyait ni son ampleur ni le moment où il se produirait. Les concessionnaires ont de ce fait continué à importer, comme si de rien était. A peu près au même rythme qu’en 2012, année du record vertigineux de 605 000 véhicules importés. Au dernier trimestre 2013, les stocks ont commencé à gonfler dangereusement avant que les importations ne commencent à chuter brutalement depuis le début de l’année 2014 sous l’effet de l’effondrement des ventes.
En 2013, le recul a été particulièrement sensible pour Nissan, Djamal ou HYUNDAI qui enregistrent des baisses comprises entre 20 et 30%. Les français Renault (-5%) et Peugeot (-2%) limitent les dégâts. Sur cette toile de fond certains concessionnaires, à l’inverse de la tendance générale du marché, semblent tirer leur épingle du jeu. C’est le cas particulièrement de Sovac (plus 7%) avec 55 000 véhicules importés en 2013. Son PDG, Mourad Oulmi a donné le chiffre de 9727 véhicules écoulés au cours des 2 premiers mois de l’année 2014, soit +10% par rapport à la même période en 2013. Cela prouve que le client est devenu «exigeant et connaisseur des marques du groupe», commente-t-il. Le patron de Sovac exhorte ses équipes « à poursuivre leur engagement envers leurs clients et de hisser les marques du groupe au rang de numéro un des ventes et de la qualité des services en Algérie ».
Fin de cycle et concurrence renforcée.
La tendance au retournement du marché est confirmée et amplifiée par les derniers chiffres disponibles. Les importations de véhicules sont en baisse de 50% au mois de janvier 2014. Des chiffres instructifs avec à peine un peu plus de 23 000 véhicules importés. Certes, beaucoup d’acheteurs attendaient le salon et ses nombreuses remises. Mais dans la même situation, en janvier 2013, on en avait importé plus de 47 000. Les importations sont ainsi divisées par deux, ce qui ramène de façon très caractéristique à la situation de…. 2010. En rythme annuel, on se retrouve pour 2014 sur une tendance 300 000 véhicules importés et une facture de l’ordre de 5 milliards de dollars. Les interrogations sur les causes de l’emballement du marché entre 2011 et 2013, ont désormais une réponse certaine. Il s’agit d’un cycle déclenche par les augmentations de salaires accordées en 2011 et 2012 essentiellement aux travailleurs de la fonction publique et des entreprises étatiques. Plus que ces augmentations de salaires elles-mêmes, ce sont les fameux « rappels »sur 2 voire 3 ans, qui expliquent la croissance exponentielle du marché automobile algérien au cours des dernières années. Une fin de cycle qui a renforcé, au salon d’Alger 2014, la concurrence entre constructeurs. Les offres commerciales les plus alléchantes se sont multipliées. Le consommateur algérien bénéficie au cours de cette édition de remises allant de 50 000 à 250 000 dinars avec des délais de livraisons qui feraient rêver un acheteur européen. Cela ne suffira certainement pas à inverser une tendance qui semble désormais durablement installée.