La 52ème conférence des ministres des Finances, de l’économie et la planification qui se déroule actuellement à Marrakech, au Maroc, a adopté aujourd’hui lundi le thème de l’année en cours des travaux de la commission économique des Nations unies pour l’Afrique et qui porte sur « la politique budgétaire, le commerce et le secteur privé à l’ère du numérique ».
A l’ouverture des travaux de la conférence des ministres, ont pris part à cette session inaugurale le ministre de l’Economie et des Finances marocain, Mohamed Benchaâboun, la vice-secrétaire générale de l’Organisation des Nations unies (ONU), Amina Mohammed, le vice-président du Conseil économique et social des Nations unies (ECOSOC) l’ambassadeur, représentant du Maroc à l’ONU, Omar Hilale et la secrétaire exécutive de la Commission économique pour l’Afrique (CEA), Vera Songwe.
la secrétaire exécutive de la CEA a justifié le choix de cette thématique par le fait que le commerce, la politique budgétaire, le secteur privé et le numérique « sont des sujets d’actualité chez les pays membres et ils créent le débat sur la mobilisation des ressources, la création d’emplois et la croissance inclusive », mais aussi cela nous permet « de nous pencher sur les possibilités offertes par la numérisation rapide pour traiter ces questions pertinentes ».
Chiffres à l’appui, et devant l’assistance d’environ 30 ministres des Finances et de l’économie africains, la secrétaire exécutive de la CEA a rappelé le taux de croissance qui était en 2018 à 3,2%, précisant que cette croissance devrait s’accélérer et atteindre les 3.4% en 2019.
Selon elle, cette amélioration est due « à la hausse de la demande mondiale de produits africains, à la hausse des prix du pétrole et de la consommation privée, aux investissements soutenus dans les infrastructures et à la hausse de la production pétrolière ». Par contre, selon plusieurs documents d’analyse des experts, les niveaux de croissance varient considérablement d’une sous-région à l’autre. L’Afrique de l’Est, regroupant principalement des pays qui ne sont pas riches en ressources, est en tête du peloton, affichant une croissance estimée à 6,2 % en 2019, tirée par l’augmentation des dépenses publiques dans les infrastructures et le boom de la construction, de l’immobilier et du commerce de détail.
Pour le vice-président de l’ECOSOC, l’Afrique « doit trouver des solutions aux handicapes du continent, surtout en renforçant les recettes fiscales et lutter contre les flux illicites des capitaux qui ont atteint en 2018 plus de 50 milliard de dollars ». Mais aussi, il y a le secteur privé qui a fait ses preuves partout en Afrique et attend d’avoir un écosystème prospère pour renforcer les investissements ».
L’horloge de la pauvreté stagne
L’autre grande problématique du continent africain a été évoqué lors de l’intervention de Vera Songwe:« Les niveaux de pauvreté qui restent alarmants ». Pendant la période couverte par les OMD (objectifs du Millénaire pour le développement), même si la proportion d’Africains extrêmement pauvres est passée de 57 % en 1990 à 43 % en 2012, « le nombre de personnes vivant dans la pauvreté sur le continent est passé de 287,6 millions à 388,8 millions sur cette même période », a-t-elle regretté.
La CEA a récemment mis en place une horloge africaine de la pauvreté afin d’aider les décideurs politiques du continent à évaluer les progrès accomplis en matière de réduction de la pauvreté dans la vie réelle et en temps réel. Aujourd’hui, l’horloge indique que plus de 400 millions de personnes en Afrique, soit environ 33 pour cent de la population, vivent dans l’extrême pauvreté. En ce jour du 25 mars 2019, l’horloge dénombre environ 5,552 personnes qui ont échappé à la pauvreté, mais 5,435 autres qui y sont tombées.
De notre envoyé à Marrakech: Aboubaker Khaled