« L’Algérie doit se considérer comme étant un acteur de la transition énergétique », selon le point de vue du spécialiste des questions énergétiques et président d’Emergy, Mourad Preure, qui était l’Invité du direct de Radio M de cette semaine.
Pour Preure, l’Algérie ne doit pas se contenter de sa position d’exportateur de pétrole et aller à l’Opep pour défendre les prix du marché, mais plutôt opérer à un renversement de perspective stratégique. « Je pense que les grands acquis de l’histoire militante des pays producteurs c’est les compagnies nationales et en ce qui nous concerne c’est la Sonatrach », a souligné l’expert.
Dans ce contexte, Preure considère que la puissance des pays producteurs ne dépend plus de leur niveau de réserve ou de production mais de la puissance de leurs compagnies nationales. « Nous devons placer Sonatrach dans une perspective de compagnie énergétique qui soit le moteur de la transition énergétique », a-t-il noté.
Au sujet de la hausse qu’ont connue les cours du pétrole, Preure signale que l’Algérie va respirer un peu, mais selon lui, « il serait excessivement dangereux qu’elle ne tire pas la leçon de ce choc baissier qui a réellement ébranlé l’économie algérienne et a révélé sa vulnérabilité ».
« L’industrie pétrolière à besoin de visibilité et n’aime pas le changement »
Dans son intervention, Mourad Preure est revenu sur la législation pétrolière qui selon lui, a fait le bonheur de toute l’économie pétrolière nationale durant des années auparavant, ce qui n’est pas le cas pour ces dernières années.
« On a touché à législation pétrolière », regrette Preure. « On avait la loi de 1986 (86-14) qui était magnifique ». « Le contrat de partage de production est connu des juristes de toutes les compagnies mondiales. Si tu bouges une virgule dans le contrat il te repère », explique l’expert pétrolier, en ajoutant que cette législation qui a duré une vingtaine d’années était stable, tout en garantissant la souveraineté nationale.
Preure signale qu’au cours d’une année, la loi sur les hydrocarbures a été changée à deux reprises. « C’est une chose que les compagnies pétrolières ne supportent pas », a-t-il souligné en appelant, par l’occasion, au retour de cette loi 86-14.
Au sujet du choix des partenaires économiques du domaine des hydrocarbures, Preure dira qu’il est très complexe de faire un choix dans le secteur pétrolier. « Ceci nécessite des négociations, des travaux d’approche, du lobbying et derrière tout cela, toute une diplomatie économique qui suit », a-t-il expliqué.
Dans ce contexte, Preure estime que le recours au système des appels d’offre n’est pas la forme idéale, mais il faudrait plutôt être ‘’offensif’’. Selon lui, c’est la responsabilité de la compagnie nationale de bien négocier avec les partenaires des grandes compagnies internationales.
S’agissant des prix du pétrole, l’invité du direct de Radio M dira qu’ils sont orientés, dans une tendance à long terme, à la hausse. Mais cette tendance, explique-t-il, est contrariée par des facteurs à court terme. Il ajoute dans ce sens, que ce conflit de tendance fait que le marché est volatil.
Pour 2019, l’expert a indiqué que les prix vont rester dans un sentier de 70 à 80 dollars le baril, mais, selon lui, il peut y avoir de mauvaises surprises en cas de conflit. « Le président Trump envoie des signaux contradictoires au marché. Il pénalise l’Iran et en même temps il tire sur la Chine, ce qui risque de ralentir la croissance économique de ce dernier », a-t-il expliqué. « Mais on peut aussi avoir, en plus des mauvaises surprises du côté de la demande, de bonnes surprises du côté géopolitique du Moyen-Orient en cas de conflits », a-t-il conclu.