Vieillissement des élites politiques issues de la guerre de libération nationale, gestion volontariste, obsolescence du système politique et enjeux de pouvoir internes, crise économique, sociale et culturelle et contraintes externes de plus en plus pesantes ont révélé une réalité bien amère : l’absence dramatique d’une véritable stratégie nationale d’adaptation tant aux mutations internes qu’externes le tout aboutissant à des incohérences au manque de visibilité dans la démarche.
La conjonction de facteurs endogènes et exogènes et l’intervention massive– parfois directe et par moment insidieuse – d’acteurs internes et externes a abouti finalement à une crise systémique d’une ampleur inattendue et à une transition qui se traîne en longueur depuis des décennies. Pour preuve, entre 1963 et avril 2019 la nature du pouvoir n’a pas changé de fond mais seulement de formes dominé par les liens dialectiques, rente, monopole et logique rentière : pour preuve directement et indirectement 98% des recettes en devises provenant de Sonatach, qui est l’Algérie et l’Algérie c’est Sonatrach.
A. Une transition inachevée depuis l’indépendance politique : six constats
1.-La sentence de la population du 19 avril 2019 est sans équivoque : après plusieurs vendredis l’immense majorité de la population a rejeté l’actuel chef d’Etat, l’actuel premier ministre et le gouvernement où des ministres ont été hués lors de récents déplacements, montrant la confiance brisée avec les actuelles institutions. Or sans confiance Etat-citoyens, point de bonne gouvernance.
2.– Dans ce cas, il est illusoire voire utopique de prévoir l’élection présidentielle pour le 04 juillet 2019 où on assiste déjà à une désobéissance civile tant des présidents d’APC que des magistrats dans bon nombre de wilayas, avec le risque d’ un boycott massif ne résolvant en aucune manière la crise qui est avant tout politique, au contraire avec le risque de l’amplifier.
3.- Evitons le juridisme, aucune Constitution depuis l’indépendance politique à ce jour n’a été réellement appliquée, ne devant pas confondre volonté politique de changement avec le cadre juridique, l’Algérie ayant promulguée certaines lois les plus belles du monde mais rarement appliquées.. Pendant les suspensions temporaires de certaines constitutions, 1965, les années 1990, les régimes ont continué à promulguer des lois qui ont engagé tant le fonctionnement interne de la société que les accords internationaux.
4.-Actuellement nous avons quatre forces en présence deux réformistes et deux conservatrices. Les deus forces réformistes ayant tenu compte de la période tragique des années 1990/199 où c’est la population et l’ANP ( ce n’est pas une armée classique mais pour l’instant, une armée populaire) et les forces de sécurité qui ont payé le lourd tribu expliquant cette symbiose ANP/Al Hirak, avec l’appui de forces externes acquis aux réformes dans la mesure où toute déstabilisation de l’Algérie se répercuterait sur la région méditerranéenne et africaine . Nous avons deux forces conservatrices très puissantes qui feront tout pour faire avorter les réformes avec des alliances externes de pays qui ne veulent pas que la démocratie véritable et une économie de marché concurrentielle à finalité sociale s’instaurent en Algérie, ce qui aurait des incidences négatives sur certains pouvoirs et sur certains intérêts occultes. Ces forces sont la bureaucratie centrale et locale rentière présente dans tous les appareils de l’Etat et l’oligarchie financière rentière non pas les véritables entrepreneurs créateur de richesses, tissant des liens étroits. De ces rapports de force dépendra la future trajectoire.
5.-Tous les Partis du pouvoir et même de l’opposition avec leurs satellites dires société civile ont été hors circuit durant ces évènements, l’immense majorité de la population ne leur faisant pas confiance. Au vu d’élections administrées (fraude) depuis l‘indépendance politique, , aucun parti en ce mois d’avril 2019 ne connait exactement sa représentativité réelle, ne pouvant donc pas dresser la réelle cartographie électorale. D’ailleurs nous assistons à un paradoxe, unique dans le monde , des alliances contre nature, avec des programmes différents qui dans la vie courante ont un impact sur la structuration sociale et politique. Or à l’avenir l’Economique sera déterminants où les alliances doivent avoir un socle commun : vision socialisante du passé, vision libérale ou vision socio-démocrate.
6.-Enfin attention à ces slogans des courants extrémistes, qui risquent de conduire Al HJirak dans l’impasse total : « dégagez tous ». S’il faille lutter contre la corruption, supposant une moralité sans faille de ceux qui auront à diriger la Cité, devant avant tout reposer sur un Etat de Droit et une justice réellement indépendante, la majorité des fonctionnaires, des cadres tant au niveau de la société civile que de l’ANP/forces ee sécurité sont honnêtes, devant à tour prix éviter le vide des institutions ce qui conduirait à l’anarchie profitable aux conservateurs J’’émets dans ce cadre sept propositions, les constitutionnalistes pouvant trouver des solutions adéquates conciliant le respect de la constitution et la solution politique,
B-Pour une sortie rapide de la crise politique en Algérie : sept (07) propositions
1.- Devant la gravité de la situation, le vice ministre de la défense nationale Chef d’Etat Major de l’ANP ayant affirmé récemment que toutes les solutions sont ouvertes pour trouver rapidement une issue à la crise, il y aura démission de l’actuel chef d’Etat , le Haut conseil de sécurité peut désigner une personne au maximum à cinq personnes, étant souhaitable trois ( le chiffre doit être impair donnant deux voix au président) qui auront l’autorité de chef d’Etat, devatn faire l’objet d’un minimum de consensus et surtout avoir une haute prohibité morale ne devant pas se présente à la future élection présidentielle.
2.-L’actuel gouvernement devant démissionner, la nouvelle présidence transitoire, désignera un gouvernement de compétences nationales non partisans, des personnes morales chargés de gérer els affaires courantes jusqu’à la fin de l’année. Deux ministères doivent retenir l’attention : celui de la justice et celui de l’intérieur, tout en soulignant l’importance de la nomination rapide du gouverneur de la banque d’Algérie, indépendante de l’exécutif selon la Loi, afin de crédibiliser nos relations financières internationales, n’appartenant pas au ministère des finances ou à des organes bureaucratiques le contrôle des changes.
3. -La nouvelle présidence transitoire , installera et c’est l’aspect le plus important, une commission indépendante de supervision des élections composée de représentants de la société civile dans sa diversité, les représentants d’ El Hirak, les représentants des partis politiques, et des personnalités candidats à l’élection présidentielle , avec des réseaux au niveau des wilayas et communes.
4.-Le ministère de ’intérieur, les walis (assurant seulement la logistique) et les actuels APC à dominance FLN/RND ne seront pas ’concernés par cette supervision, la centralisation des résultats se faisant au niveau de la commission nationale et ce afin d’éviter la fraude.
5.-La date de l’élection présidentielle devra avoir lieu le dernier trimestre 2019, avec une date précise
6.-L’ANP, en symbiose avec le mouvement populaire, (la sécurité permanente du pays devant impliquer la société), comme cela a été souligné par le haut commandement de l’ANP, veillera à des élections « transparentes » et accompagnera cette transition démocratique, pour revenir à ses missions constitutionnelles après l’élection présidentielle.
7.-Afin d’éviter le vide institutionnel, seul un Président légitime pourra réviser la constitution dissoudre l’APN et le Sénat et tracer les profondes réformes politiques, sociales et économiques qui doivent être contenues dans son programme.
En résumé, en ces moments de grands bouleversements géostratégiques, où toute Nation qui n’avance pas recule forcément, espérons que la raison l’emportera sur les passions, devant être réaliste et privilégier uniquement les intérêts supérieurs du pays pour une profonde transformation politique et économique Espérons une Algérie nouvelle, souhaitée par l’immense majorité de la population, mais qui ne se fera pas par une baguette magique, demandant du temps. Espérons un équilibre des pouvoirs, plus de décentralisation afin de rapprocher l’Etat du citoyen, évitant cette centralisation politique monarchique et une concurrence loyale entre les différents candidats lors de la prochaine élection présidentielle se fondant sur des idées innovantes opérationnelles. Le défit du futur de l’Algérie peut se résumer ainsi : soit une véritable stratégie d’adaptation à ce monde turbulent et instable, de profondes réformes afin de favoriser le développement durable ou une régression de l’Algérie tant dans le domaine économique, social, politique et militaire. Le véritable pouvoir économique mondial et l’influence diplomatique reposent sur une économie forte, où les deux pivots du développement du XXIème siècle sont la bonne gouvernance et la maitrise du savoir étant l’’aube de la quatrième révolution économique mondiale 2020/20030. La crise politique en Algérie, conditionnant sa sécurité, doit être révolue impérativement avant la fin de l’année 2019, sinon il y a risque d’une récession économique et sociale, allant droit à la cessation de paiement et donc un retour au FMI horizon 2021/2022. Dans ce cas, il serait illusoire de parler d’indépendance politique et économique, sans compter du fait des tensions au niveau de la région, des impacts géostratégiques (voir nos différentes contributions 2016/2019 sur www.maghrebemergent .com sur ce sujet ) [email protected]
Références -Cette présente analyse s’inscrit dans le prolongement de trois contributions parues au niveau international (Africa Presse Paris ) , avant le 22 février 2019 le déclenchement d’El Hirak (Pr A. Mebtoul (1/3) : –« Le développement de Algérie implique la réforme du système politique » 8 août 2018 – Pr A. Mebtoul (2/3) :« Il est urgent d’adapter nos partis politiques algériens, pour la majorité liés à des intérêts de rente » 9 août 2018 – Pr A. Mebtoul (3/3) : « Pas de développement pour l’Algérie sans vision stratégique d’une économie hors hydrocarbures » 10 août 2018) Pr A. MEBTOUL : « Les cris de la jeunesse d’Algérie pour un profond changement doivent être entendus » 5 mars 2019. AfricaPresse Paris France- -Ouvrage collectif « les enjeux géostratégiques de l’intégration du grand Maghreb » Edition Harmattan Paris/ France – 2015 sous la direction d’Abderrahmane Mebtoul et de Camille Sari deux ouvrages (1050 pages) Le premier ouvrage collectif s’intitule, « quelle gouvernance et quelles institutions au Maghreb face aux enjeux géostratégiques ». Le second ouvrage collectif traite « de l’intégration économique maghrébine, un destin obligé. Contribution du professeur Abderrahmane Mebtoul Institut Français des Relations Internationales – IFRI- « La coopération Europe/Maghreb face aux enjeux géostratégiques 55 pages 04 avril 2011 » et du même auteur « la problématique de la sphère informelle au Maghreb (IFRI 28 pages 03 décembre 2013). -Interviews à l’American Herald Tribune 28 décembre 2016 (58 pages) et au quotidien financier français la Tribune.fr mars 2017 « toute déstabilisation de l’Algérie aurait un impact sur l’espace méditerranéen et africain »- Pr Abderrahmane Mebtoul- à l’American Herald Tribune – 11 aout 2018 sur le bilan et les perspectives de l’économie algérienne 2018/2020/2030 (14 pages)