M A G H R E B

E M E R G E N T

Maghreb

Larbi Bouraada, héroïque mais amer: « Les Olympiades ne se préparent pas en trois mois! »

Par Yacine Temlali
août 20, 2016
Larbi Bouraada, héroïque mais amer: « Les Olympiades ne se préparent pas en trois mois! »

Après son exploit à Rio, où il s’est classé 5e dans classement général des JO de sa discipline, le décathlonien algérien Larbi Bouraada a dénoncé le manque de moyens dont souffrent les athlètes algériens pour préparer les Jeux olympiques.

 

 

Auteur d'un nouveau record d'Afrique, avec 8.521 points, l'athlète a critiqué les moyens "dérisoires" mis à sa disposition avant les Olympiades, estimant que ces jeux ne se préparent pas en trois mois : "On manque de moyens pour atteindre le niveau mondial. Les Jeux olympiques se préparent pendant deux à trois ans et non pas en trois mois", a-t-il déclaré à l'envoyé spécial de l'Agence de presse algérienne (APS) à Rio. Et d’ajouter : "L'athlète pétri de qualités, qui a fait ses preuves plusieurs fois, devrait être pris en charge dans le moindre détail pour qu'il puisse se concentrer sur sa discipline et pouvoir rivaliser avec les meilleurs. Malheureusement ce n'est pas le cas chez nous. A l'approche d'un événement sportif on court à gauche et à droite et on tente de préparer l'athlète à la dernière minute. Nous sommes très loin du niveau mondial."

Pourtant la participation, première du genre, de l'athlète aux Jeux Olympiques, est loin d'être décevante ; elle s'apparente même à un réel exploit surtout qu’il n'a pas été épargné par les blessures dont une au dos qui l'a tenu éloigné des pistes pendant plusieurs mois. 
"J'ai payé cash mon manque de compétition. A ce niveau, il faut être prêt sur tous les plans. Malheureusement ça n'a pas été le cas pour moi contrairement à mes adversaires dont certains sont à leur troisième participation aux Jeux Olympiques" a expliqué Bouraada.
Les problèmes de l'athlète ne s'arrêtent pas au manque de compétition : "J'ai rencontré beaucoup de problèmes pour avoir à mes côtés mon entraîneur adjoint, Hocine Mohamed. Je le remercie pour tout ce qu'il a fait pour moi à Rio : il était avec moi 24 heures sur 24. Lors des deux jours de compétition, il n'a pas dormi un instant. Il a également pris beaucoup de risques pour entrer au village olympique et au stade." 
En terminant parmi les cinq meilleurs au monde, Larbi Bouraada estime qu’il ne doit l'exploit qu'à sa personne et aux entraîneurs qui l'ont soutenu : "Je suis très content de ma performance, ce n'est pas chose facile de se classer dans les cinq premiers aux JO. Certes, j'aurais aimé décrocher une médaille olympique mais le manque de moyens et de compétition ainsi que la blessure m'ont empêché d’atteindre mon objectif, j'espère que le peuple va me comprendre. Il y a beaucoup qui ne connaissent pas le décathlon, c'est une discipline très difficile." 
Le record man d'Afrique conditionne son avenir sportif par l'assistance de la fédération algérienne d'athlétisme. Sans la mobilisation des moyens nécessaires pour poursuivre son œuvre et améliorer ses performances au niveau mondial, rien ne sera possible. "J'ai besoin d'aide de la fédération, des moyens pour travailler et progresser. Je veux des moyens de récupération et du matériel d'entraînement. Je veux aussi disposer d'un kinésithérapeute, c'est la moindre des choses pour un athlète de l'équipe nationale", a-t-il lancé.