Si les hydrocarbures constituent depuis longtemps la clé de voûte de l’économie algérienne, le ralentissement des exportations et de la production dû au vieillissement des champs pétroliers et à un contexte de prix bas du pétrole, a entraîné en 2016 une intensification des initiatives de diversification de l’économie du pays ainsi que l’adoption de mesures destinées à améliorer le climat des affaires.
Le pétrole et le gaz ayant représenté 47% des recettes de l’Etat en 2016, le budget de cette année prévoit une baisse des dépenses publiques de 9%, une hausse des recettes fiscales de 4% et une réduction des subventions. Ces changements pourraient toutefois mettre du temps à porter leurs fruits et, selon les prévisions du FMI, le déficit budgétaire se creuserait d’un point de pourcentage en 2016, atteignant 15,6%, avant de remonter à 12,2% l’année suivante.
Le déficit courant, qui s’est accru d’environ 12% et s’élevait à 16,2% du PIB en 2015, a également eu des répercussions sur la stratégie adoptée par le gouvernement en 2016, celui-ci ayant instauré des politiques destinées à limiter les importations onéreuses et à encourager les exportations de marchandises à forte valeur ajoutée afin de réduire le déficit. Des mesures qui devraient contribuer, selon le FMI, à une légère baisse du déficit, qui s’établirait à 15,1% en 2016.
Diversification économique
En juillet, le gouvernement a annoncé un nouveau modèle de croissance économique dont les différentes phases d’exécution s’étaleront sur les quatre prochaines années et dont l’objectif est de générer des recettes fiscales supplémentaires grâce à davantage d’investissements dans les secteurs à forte valeur ajoutée, tels que le secteur agro-industriel, les énergies renouvelables, les services ainsi que l’économie numérique et l’économie de la connaissance.
La nouvelle stratégie s’appuie sur le plan quinquennal 2015-2019 actuellement en vigueur qui vise également à intensifier la production nationale et à réduire la dépendance de l’économie algérienne aux hydrocarbures.
Parmi les secteurs qui présentent un fort potentiel et pourraient jouer un rôle moteur dans le développement de l’économie hors hydrocarbures, on peut citer le secteur automobile. Mi 2016, les autorités algériennes ont entamé des négociations avec le constructeur automobile Peugeot au sujet de la construction d’une usine de production. En outre, Volkswagen et le groupe algérien SOVAC ont signé un accord portant sur la création d’une usine d’assemblage de véhicules à Relizane. Cette dernière, qui nécessitera un investissement de quelque 170 millions d’euros, devrait démarrer la production mi 2017.
Doper les activités commerciales
Selon le FMI dans ses consultations de 2016 au titre de l’Article IV, « l’ampleur de la bureaucratie et la lourdeur des procédures administratives » continuent de nuire à l’environnement commercial algérien.
Pour tenter de remédier à ces problèmes et appuyer les efforts de diversification de l’économie, les autorités ont modifié mi-juillet le code de l’investissement. La nouvelle loi simplifie les démarches administratives pour les investisseurs, réduisant ainsi le poids de la bureaucratie sur les projets.
Une règlementation selon laquelle la majorité du capital des sociétés étrangères basées en Algérie doit être détenue par la partie algérienne – connue sous le nom de règle 51-49% – a été extraite du code de l’investissement et est désormais inscrite dans la loi des finances. Cette dernière fixe le budget et est modifiée tous les ans, ce qui a conduit certains observateurs à interpréter ce nouvel emplacement comme étant annonciateur d’un possible assouplissement de la règle qui autoriserait une participation majoritaire des compagnies étrangères, en particulier dans les secteurs non-stratégiques.
En octobre, la Banque Mondiale a classé l’Algérie à la 156ème place sur 190 pays dans son rapport « Doing Business 2017 », soit une amélioration de sept places par rapport au classement de l’an dernier. Le rapport explique ce meilleur score de l’Algérie par la réduction du capital minimal exigé pour le lancement d’une entreprise, le raccourcissement des délais nécessaires à l’obtention d’un permis de construire, davantage de transparence dans les tarifs de l’électricité ainsi qu’une réduction de la taxe sur l’activité professionnelle.
Renforcer les PME
Les autorités algériennes se tournent vers les petites et moyennes entreprises (PME) afin de contribuer à doper l’économie, avec l’adoption d’une série de réformes législatives encourageant la croissance des PME. Au mois de décembre, le parlement a adopté une loi élargissant la définition des PME – qui, selon des chiffres publiés par le gouvernement, constituent près de 95% des entreprises algériennes – afin de permettre à un plus grand nombre d’entre elles de bénéficier des mesures d’aide existantes.
Dans le cadre de la nouvelle loi, la limite du chiffre d’affaires annuel a été portée à 4 milliards de dinars (34,5 millions d’euros) contre 2 milliards de dinars (17,2 millions d’euros) auparavant, et celle du bilan annuel a également été augmentée, passant de 500 millions de dinars (4,3 millions d’euros) à 1 milliard de dinars (8,6 millions d’euros).
La loi algérienne sur les PME fait suite à d’autres initiatives destinées à améliorer les perspectives des PME algériennes. Le projet de Loi de Finances 2016, adopté en novembre 2015, comporte des mesures fiscales incitatives pour les PME créées en 2016 et accorde des exonérations fiscales pour une période allant jusqu’à cinq ans aux entreprises dont le chiffre d’affaires annuel brut ne dépasse pas 600 000 dinars (5168 euros), ainsi qu’aux chômeurs titulaires d’un diplôme universitaire exerçant des activités non-commerciales et qui ne dépassent pas les 300 000 dinars (2586 euros) de chiffre d’affaires annuel.
Perspectives d’avenir
En octobre dernier, le Conseil des Ministres a approuvé le projet de loi de finances 2017 qui présente une réduction des dépenses publiques de l’ordre de 14% et vise à ramener le déficit budgétaire à 8% du PIB. Les autorités comptent également augmenter la TVA de deux points en 2017, espérant ainsi entrainer une hausse des recettes de 14,4%.
Ces coupes budgétaires devraient permettre un ralentissement de l’accumulation de la dette ; L’Algérie s’attèle toutefois à trouver de nouveaux moyens de financer ses dettes, un phénomène relativement récent pour le pays, par exemple par le biais du lancement d’un emprunt national en avril 2016. En novembre, le Ministre des Finances Hadj Baba Ammi a déclaré dans la presse locale que les souscriptions avaient atteint 568 milliards de dinars (4,9 milliards d’euros).
Farid Bourennani, expert financier et conseiller privé, s’attend également à un retour de l’Etat sur les marchés internationaux de la dette, observant cependant que son absence ces dernières années ferait grimper le coût d’emprunt. « L’Algérie aurait dû continuer à emprunter de petits montants au cours des dernières années afin de maintenir sa note souveraine et ses benchmarks, car sans ces derniers, lever des fonds sur les marchés internationaux se révèlera plus coûteux, » a-t-il déclaré à OBG.
Outre son activité sur les marchés financiers, le pays a également fait appel à des bailleurs de fonds extérieurs pour la première fois depuis des années, recevant un prêt de 900 millions d’euros de la Banque Africaine de Développement en novembre 2016. Ce prêt d’appui budgétaire, le premier que l’Algérie reçoit de la part de l’institution, devrait servir à compenser en partie la chute des prix du pétrole et contribuer au développement des secteurs industriel et énergétique du pays.