Le Brexit fait plonger les Bourses mondiales et la livre sterling - Maghreb Emergent

Le Brexit fait plonger les Bourses mondiales et la livre sterling

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Les Bourses ont plongé vendredi à travers le monde après le choc provoqué par le vote des Britanniques en faveur d’une sortie de l’Union européenne, qui fait dévisser la livre sterling et secoue l’ensemble des marchés mondiaux.

La saignée est générale en Europe, tous les secteurs étant affectés, et en premier lieu les banques, dont l’indice sectoriel Stoxx décroche de 13,34%.
A l’inverse, les investisseurs se ruent sur les valeurs refuges comme les obligations d’Etat allemandes, le yen, le franc suisse ou l’or.
Le choc est tel qu’il pourrait contraindre la Réserve fédérale américaine à renoncer à ses projets de hausse des taux cette année, voire inciter les grandes banques centrales dans le monde à prendre de nouvelles mesures d’assouplissement monétaire pour soutenir l’économie.
À Paris, l’indice CAC 40 perd 7,76% à 4.119,15 points vers 09h15 GMT. À Francfort, le Dax cède 6,35% et à Londres, le FTSE abandonne 4,81%.
L’indice EuroStoxx 50 de la zone euro chute de 8,09% et le FTSEurofirst 300 de 6,48%. A Milan et Madrid, la baisse de vendredi pourrait être la plus importante jamais enregistrée.
L’onde de choc est mondiale puisque la Bourse de Tokyo a perdu près de 8% et que Wall Street est attendue en baisse de 3% à 4% à l’ouverture.
Les banques britanniques sont les premières touchées avec des plongeons de 17% à 21% pour Barclays, Lloyds et Royal Bank of Scotland. En l’espace de quelques instants, elles ont perdu jusqu’à 116 milliards d’euros de capitalisation boursière.
Leurs homologues de la zone euro souffrent également avec des reculs compris entre 13% et 19% pour les françaises BNP Paribas et Société générale, l’allemande Deutsche Bank, l’espagnole Banco Santander ou encore l’italienne Intesa Sanpaolo.

“Retour vers le futur”

La livre sterling est ébranlée et n’avait jamais connu une séance aussi volatile. Elle plonge de près de 7% face au billet vert, aux alentours de 1,3860 dollar, après être descendue jusqu’à 1,3232, soit un plus bas depuis les Accords du Plaza de septembre 1985, lorsque les grandes économies de la planète s’étaient entendues pour affaiblir le dollar.
La devise britannique était montée jusqu’à 1,5022 dollar lorsque les premiers sondages donnaient le camp du maintien vainqueur, avant de plonger de 18 cents, de loin la plus forte dégringolade jamais observée.
“C’est retour vers le futur, nous revenons là où nous en étions en 1985”, commente Nick Parsons, responsable de la stratégie sur le marché des changes chez NAB à Londres. “Nous avons assisté à une baisse de 10% en six heures. C’est tout simplement exceptionnel.”
Le gouverneur de la Banque d’Angleterre, Mark Carney, a déclaré que la BoE était prête à débloquer 250 milliards de livres sterling supplémentaires pour soutenir les marchés financiers et à envisager d’autres mesures dans les semaines à venir.
L’euro est aussi malmené face au dollar en raison des doutes qui émergent pour l’avenir de la construction européenne et il perd près de 2,5% à 1,1110 dollar.
“C’est une décision extraordinaire pour les marchés financiers et aussi pour la démocratie”, dit Richard Benson, coresponsable de la gestion chez les spécialiste londonien du marché des changes Millennium Global, au sujet du Brexit.
La Banque nationale suisse (BNS) a annoncée être intervenue pour freiner l’envolée du franc suisse, dopé par son statut de valeur refuge.

Le marché s’attend à des baisses de taux d’intérêt

“Le marché intègre dans ses valorisations des baisses de taux d’intérêt de la part des grandes banques centrales et nous supposons qu’il va y avoir une injection mondiale de liquidités de leur part dans les heures à venir”, ajoute-t-il.
Le yen, valeur refuge, est passé sous les 100 yens pour un dollar pour la première fois depuis fin 2013 avant de revenir aux alentours de 103, alors qu’il évoluait auparavant à 106,81. Le dollar pourrait ainsi connaître sa plus forte chute face au yen depuis 1998.
Le vote britannique provoque aussi des tensions sur le marché des dettes souveraines de la zone euro, avec un creusement des écarts de rendement entre les obligations des pays jugés sûrs, comme l’Allemagne ou la France, et celles des pays du Sud comme le Portugal, l’Espagne ou l’Italie.
Le rendement de l’emprunt à 10 ans de l’Allemagne est tombé à un nouveau plus bas historique de -0,169%, une baisse d’une ampleur inédite depuis le paroxysme de la crise de la dette dans la zone euro, en 2012.
D’après certains traders, la Banque centrale européenne (BCE) a quelque peu apaisé la situation en rachetant des obligations d’Etat. Les rendements à 10 ans de l’Espagne et de l’Italie ont pendant un temps augmenté de 40 points de base pour atteindre respectivement 1,92% et 1,76%.
Les obligations du Trésor américain attirent également les investisseurs et le rendement à 10 ans des Treasuries a chuté de plus de 30 points de base jusqu’à 1,406%, plus très loin de son record de 1,38%.
Les marchés des matières premières ne sont pas épargnés, un Brexit étant considéré comme un frein majeur à la croissance de l’économie mondiale.
Les cours du pétrole perdent plus de 4%, le Brent de la mer du Nord revenant sous les 49 dollars le baril.
L’or gagne plus de 4% aux alentours de 1.308 dollars l’once.

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