Le talk politique le plus libre du paysage médiatique algérien n’arrive pas à se remettre de la chaise roulante du 1er novembre. Mais il essaye.
Et si donc les difficultés du projet du 5e mandat venaient tout simplement de là. De la dégradation accélérée de l’état de santé du président Bouteflika, étalée au grand jour lors de la figure imposée de la cérémonie du 1er novembre à El Alia. Un homme au bout du rouleau, devenu un cauchemar pour les réalisateurs de la télévision algérienne, devant faire la captation d’un supplice.
« Un suicide visuel » selon le bon mot du journaliste d’El Watan Mustapha Benfodil, cité d’entrée par Daikha Dridi. Le président Abdelaziz Bouteflika va-t-il donc faire défection aux siens, en devenant cliniquement absent au moment où ils auront besoin de lui dans quelques mois pour briguer un 5e mandat présidentiel ? Les paris sont donc lancés.
Il faudra donc à un moment donné tout de même admettre que le président malade ne pourra plus prétendre à la fonction cinq nouvelles années. Qui décrétera ce moment venu. Dans le café presse politique les regards se tournent à nouveau vers Ahmed Gaïd Salah, le puissant chef d’Etat-major qui a concentré beaucoup de pouvoirs en ses mains, sous couvert de travailler pour la présidence à vie de son mentor Abdelaziz Bouteflika.
Le CPP s’est arrêté sur la poignée de main particulièrement pathétique entre les deux hommes, lors de cette cérémonie du 1er novembre. Jusqu’où leur alliance ira-t-elle ? Ne s’est-elle pas un peu fissurée déjà cette semaine avec la libération des cinq généraux majors détenus préventivement sur instruction de Gaid Salah et sans doute libérés sur une contre instruction présidentielle ? Et comment interpréter l’attaque en rase campagne d’un ministre du gouvernement Ouyahia contre son Premier ministre ?
La saillie de Tayeb Louh ministre de la justice a immédiatement suscité une réponse du patron du RND, par le canal de son parti politique. Les haches sont de sortie. C’est dans un tel contexte déliquescent de l’Etat algérien que le roi du Maroc a proposé une main tendue à son voisin de l’Est, pour mettre en place un mécanisme de dialogue entre les deux pays sans sujets tabou. Said Djaffer propose à Alger de dire chiche. Les autres membres du CPP ne sont pas d’accord sur le caractère inédit de l’offre de dialogue ni tout à fait sur la réponse qu’il convient de lui donner. Mais qui, à Alger, peut répondre au roi du Maroc ? Les deux parties du CPP sont finalement liées. Comme souvent.
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