Les partisans du président Bouteflika sont en ordre de bataille, pour une élection qui ne laisse plus de place au suspens.
Le dispositif est en place. A deux mois et demi de l’élection présidentielle d’avril 2014, les soutiens traditionnels du président Abdelaziz Bouteflika sont tous là, bien alignés, disciplinés, attendant le feu vert.
Dès que le chef de l’Etat annoncera sa décision de briguer un quatrième mandat, ils se mettront en campagne, avec la certitude de gagner. Et de ce côté-là, il n’y a pas de souci à se faire. Ils savent opérer. Une campagne électorale dont le résultat est connu d’avance, ils savent l’organiser, la mener, trouver les slogans adéquats et les mots d’ordre creux, comme ils savent mobiliser les troupes.
Cette ultime étape arrivera au terme d’un parcours que le président Bouteflika a soigneusement jalonné. En plus de ses fidèles de longue date, agissant publiquement ou dans l’ombre, il a nommé des proches au ministère de l’intérieur et de la justice, ainsi qu’au conseil constitutionnel. Et le président de la commission électorale est le premier ministre Abdelmalek Sellal, son ancien directeur de campagne.
Ces choix avaient été, en leur temps, clairement interprétés comme des premières indications de ce qu’allait être l’élection présidentielle. Ils ont provoqué une certaine impatience dans les rangs des partisans du chef de l’Etat. Amar Saadani a multiplié les appels pour demander au chef de l’Etat d’être candidat. Même si ses appels sont probablement dictés par d’autres considérations, le patron du FLN, dont on annonce chaque semaine la destitution, persiste et signe. Il est relayé par son partenaire de l’alliance présidentielle, le RND, dont le président Abdelkader Bensalah, proche parmi les proches, a demandé au président Bouteflika de poursuivre l’œuvre entamée il y a quinze ans. Abdelmadjid Sidi Saïd, le patron de l’UGTA, ne pouvait être en reste. Il avait pris les devants, suppliant presque M. Bouteflika de ne pas abandonner les travailleurs.
Défections sans importance
Faut-il encore citer la nébuleuse des petits partis et des associations qui se sont mis en marche sans même attendre le coup de starter ? De l’académie de la société civile à la coordination de soutien du programme du président Bouteflika, une bonne partie de l’Algérie apparatchik est prête. Ne manque à l’appel que de rares fidèles, comme le MSP, qui a tellement perdu de terrain à cause de sa proximité du pouvoir qu’il ne pèse plus rien dans la société. Mais cette défaillance demeure sans importance. Elle n’aura pas d’impact particulier sur la présidentielle, particulièrement quand on sait que l’administration est là, elle aussi, fidèle au poste, prête à veiller à ce que les Algériens votent bien.
Avec de tels préparatifs, le doute n’est plus permis. La candidature du président Bouteflika devient une certitude. Une obligation même. On ne mobilise pas tout ce monde au profit d’un candidat pour, en fin de compte, le voir se défiler. M. Bouteflika a, désormais, une obligation envers ses supporters, et il ne peut les décevoir. Malgré son état de santé, il est contraint de se sacrifier, une fois encore, pour se mettre au service du pays. Il ne peut que répondre à l’appel du peuple, et s’incliner devant la volonté du pays profond, pour accompagner cette vague qui le réclame en vue de poursuivre l’œuvre entamée il y a quinze ans, pour consolider la paix et la réconciliation, et parachever l’œuvre de développement.
Bouteflika contre Bouteflika
Le seul adversaire de M. Bouteflika est M. Bouteflika lui-même. Amara Benyounès, Amar Ghoul et Abdelmalek Sellal sont déjà en compétition pour animer sa campagne électorale. Beaucoup de médecins sont prêts à certifier qu’il est apte à exercer le métier de chef d’Etat, même s’il n’est plus en mesure de fréquenter les forums internationaux depuis des années, une tâche qui fait partie intégrante des obligations d’un président de la république. Mais tout ceci est secondaire, et peut être balayé d’un revers de la main, face au seul handicap dont souffre le chef de l’Etat, son état de santé, autour duquel plane une grande opacité. Personne ne peut garantir qu’il n’y aura aucune évolution négative d’ici le 17 avril.
L’état de santé du chef de l’Etat constitue d’ailleurs le principal casse-tête pour le pouvoir jusqu’à l’échéance d’avril, et même au-delà. Ce qui oblige les dirigeants du pays à organiser un nouveau plébiscite en faveur de M. Bouteflika, tout en pensant à un plan B, dont la mise en œuvre peut s’imposer à tout moment. Et c’est ce plan B qui intrigue le plus, car celui qui en bénéficiera éventuellement a de fortes chances de succéder au président Bouteflika.