Le Fmi a appelé l’Algérie à une transition économique Stable.Cette phrase est digne de rester dans les annales de l’incohérence, tout autant que le reste du texte qui lui sert de base.
Le FMI, qui est bourré d’analystes politiques autant qu’économiques, trouve qu’une transition politique, se déclinant présentement sous forme d’errance existentielle, et même pour certains sous forme de porte ouverte à toutes sortes d’aventurismes et de revanches personnelles est de nature à s’accompagner d’une transition économique stable, dont il donne un aperçu de sa vision propre dans le corps du texte, et qui bien sûr n’a rien de concret à la clé comme voies et moyens d’y arriver, en dehors des grands axes qui mènent tout droit à l’inverse d’une transition politique stable.
Parce que les nimbus du FMI savent aussi que les mesures économiques à vocation comptable, surtout quand elles s’accompagnent de mesures politiques à vocation populiste et par certains côtés putschistes, ne sont jamais rien d’autre que les ingrédients d’une dérive suivie d’une faillite, ouvrant la porte elle-même à d’autres dérives.
Réduire les déficits n’est pas sur « la feuille de route » de la transition
Commençons par les premières recommandations qui, elles, concernent le Budget de l’Etat boiteux depuis des décennies, mais jamais appréhendé comme tel, tant que les caisses étaient remplies.
Le FMI recommande de réduire les déficits, et tout le monde sait que le seul moyen de réduire un déficit public ou de ménage consiste à réduire ses dépenses ou à améliorer ses recettes, c’est aussi simple que ça.
Or pour augmenter les recettes en dinars, il faut déjà qu’il y’ait une économie digne de ce nom, ce qui n’a jamais été le cas sous les précédents régimes, et encore moins au vu de la tournure que prennent les choses avec cette monstruosité bicéphale qui s’installe insidieusement de jour en jour.
Pour les recettes pétrolières, nous sommes loin du niveau d’équilibre du baril et avec des déficits de production en plus, ce qui ne permettra pas d’engranger de quoi financer les dépenses actuelles.
Et présentement nous sommes en face d’un phénomène politique qui consiste non pas à trouver la solution, mais des têtes à couper pour faire oublier le reste au bon peuple.
Il reste la réduction des dépenses, et là, j’ai beau chercher, je ne trouve pas autre chose que le budget d’équipement à élaguer de quelques projets pour un maximum de 1000 milliards d’actuel dinars, en se privant d’une fiscalité de 250 milliards plus haut, et surtout en envoyant des milliers d’employés mendier pour quelques années, car dans ce genre de budgets on trouve au moins 300 milliards de dinars de salaires.
Pour le Budget de fonctionnement, la partie détenant 25% de ce budget, est présentement au pouvoir de facto, et je doute fort qu’il soit dans ses intentions de l’accepter, et de ce fait il faudra penser au reste des dépenses pour y trouver matière à réduction, et là aussi rien à gratter.
Le régime à venir ayant tout l’air d’être un conglomérat de populismes et de bricolages. Transition ou pas, personne n’osera toucher un budget dont 60% est constitué de salaires, et 40% de transferts dits sociaux et de rentes populistes.
On oublie donc l’augmentation des recettes, qu’aucun pillage des biens d’autrui par voie de saisies anarchiques ne viendra renflouer ni dans l’immédiat ni dans vingt ans, et de même la réduction des dépenses qui sont toutes orientées vers la même vision politique du monde, qui loin de s’estomper semble prendre un tournant plus primitif avec les prétendants actuels ou gouvernail de ce Titanic en perdition.
Le Budget sera maintenu tel quel, tant que personne n’a été élu dans ce pays sur un programme qui porte en son sein l’intention de changer de cap, et les chemins clarifiés pour y arriver.
Et personne dans une transition civile ou militaire ne le fera, et juste après une supposée révolution que d’aucuns veulent squatter et que d’autres veulent tout simplement voler par la force.
« Eviter de monétiser le déficit », oui mais….
Le deuxième conseil, étant qu’il faut éviter de monétiser le déficit, soit en langue claire, la planche à billets, qui est évidemment l’invention la plus débile d’un régime acculé à cette extrémité par son imprévoyance et la même vision économique qu’une bonne partie de la population qui croit toujours que le pays est riche et volé, et qu’il faut juste récupérer l’argent pour vivre heureux et ne rien foutre qu’attendre sa part et saboter celle du voisin.
Or, en dehors de cette planche de salut glissante, il faudra bien trouver des préteurs d’ici ou d’ailleurs, or les prêteurs d’ici sont tous dans l’informel et sans une mesure d’amnistie ou de saisie ils ne mettront pas un sou dans les caisses d’un Etat qui gouverne selon les humeurs du chef, ni d’un autre qui pour une transition va en faire sa carte de campagne en les égorgeant.
Et pour les prêteurs étrangers, je ne connais pas beaucoup de pays et d’organismes financiers qui font autre chose que des aumônes aux pays en transition vers l’inconnu, et au cas où, aux dictatures erratiques et sous-cultivées.
On leur fait des aumônes, et sous des conditions qui en font non seulement des dictatures sombres, mais des régimes mendiants et sans souveraineté.
Il reste bien sûr, l’autre planche à billets à laquelle a recouru Mohamed Leksaci avant Mohamed Loukal, et celle-ci est d’autant plus dangereuse, que si elle a pour simple objectif une réduction des déficits par création de recettes factices par voie de dévaluation, elle fera un effet de bombe à fragmentation qui fera rire le Venezuela devant ses effets.
Cette technique consiste à dévaluer le dinar juste assez pour créer une fiscalité pétrolière factice adossée aux dollars des recettes pétrolières de l’exercice, et des supposées recettes exceptionnelles adossées, elles, au réserves de change en temps réel au moment de l’émission.
Ainsi, par exemple, on aura 25 milliards de dollars de fiscalité pétrolière qui deviendront avec un dollar à 150 dinars, 3750 milliards de dinars au lieu de 3000 actuellement, pour engendrer 750 milliards de dinars de réduction du déficit budgétaire annuel, et en même temps multiplier les dollars détenus en réserves de change par le même taux, afin d’obtenir en contrepartie 2190 milliards de dinars de plus en produits de la Banque d’Algérie, sur lesquels elle donnera chaque année le nécessaire pour amortir le déficit en recettes dites exceptionnelles à l’Etat qui est le propriétaire de cette banque.
Mais si cette technique permet de transformer les prêts au trésor en bénéfices dus, elle est tout aussi fausse et encore plus désastreuse en effets que l’autre, et elle ne repose sur strictement aucune richesse créée au même titre que celle décriée, en entraînant la destruction de richesses chez leurs détenteurs dans la société, et exactement la même masse de faux dinars que l’autre, du fait qu’elle ne sera pas la dernière dévaluation qui se fera.
Ces dinars injectés dans la société n’auront bien sûr pas le même pouvoir d’achat et d’érosion des réserves de change que leurs frères de la planche à billets, mais paupériseront les couches les plus vulnérables de la société, et accentueront la course vers les spéculations chez les commerçants dont les marges ne seront pas de nature à couvrir leurs frais, avec une clientèle de moins en moins capable d’absorber leurs produits.
Une dévaluation pour pouvoir être efficace doit être massive, adossée à une reforme monétaire et un plan économique de relance sérieuse et pas aux cogitations des comptables publics pour résorber leur déficit en piquant dans toutes les poches en pouvoir d’achat, et surtout dans les poches de ceux qui n’ont rien d’autre que leur salaire.
Des recommandations incompatibles avec putschisme et populisme
De ce fait, les recommandations du FMI, tombent mal, ne sont pas destinées à une transition, mais à un pouvoir fort et légitime et pas légitime par la force, et risquent une fois appliquées dans les conditions actuelles, de casser tout ressort de sortie de la crise multidimensionnelle dans laquelle le pays est plongé depuis longtemps.
Le deuxième volet de la recommandation étant économique, il reprend les poncifs habituels, en matière de sortie de la dépendance aux hydrocarbures et de relance d’une économie productive saine sur des bases saines.
Or ce qui a été développé dans la premier partie, est justement la supposée correction des effets pervers de cette dépendance, mais aussi de ses faits générateurs, qui sont clairs et définis depuis longtemps, et sous la forme des intrusions du pouvoir politique dans les ressorts de l’économie et sa prise en otage des ressources du pays au profit d’un régime de bureaucrates rentiers appuyés sur des préfabrications qu’ils veulent présenter maintenant comme des pillards sortis de nulle part.
Or, tout cela est faux et le FMI le sait, tant que le pouvoir se mêle de gestion économique il n’en sortira rien de bon, et la dépendance aux hydrocarbures sera encore plus accentuée, et si les militaires se mêlent directement du pouvoir de décision cela va être encore pire, et une transition partant d’une situation aux relents populistes ne fera que s’enfoncer plus dans le marécage de la dépendance.
Ils essaieront de limiter les importations par voie discrétionnaire en cassant les ressources fiscales et le marché interne, et ils essaieront de limiter les affaires douteuses ou non qui échappent à leur emprise et ils casseront ce qui reste de générateurs d’emplois, de fiscalité et d’économies de dépenses, cat il faudra bien un jour que quelqu’un emploie ces gens chassés de leurs emplois si l’économie est en panne.
Et l’Etat sera incapable de faire, et le marché noir et la délinquance prendront le pas sur les capacités de tout pouvoir à les juguler.
Les transitions ne sont pas faites pour lancer des économies saines, pas plus que les pouvoirs autoritaires et populistes, élus ou imposés, ils en sont l’antithèse vérifiée dans tous les pays du monde sous-développé en matière de pensée économique.
Le pouvoir autoritaire démiurgique précèdent a donné la possibilité à ses pillards de transformer des combines en projets, et l’actuel semble être prêt à transformer des projets en combines juste par populisme politicien.
Les recettes du FMI, dans les deux volets sonnent plus comme un constat et un avertissement qu’il ne faut pas compter sur lui, pour financer d’autres politiques que les siennes, et porte en lui le terme de transition comme une sorte d’oukase pour avertir contre un coup de force antinomique avec sa vision du monde, en disant clairement qu’il discutera selon son agenda avec une transition démocratique et rien avec toute autre formule imaginée sur place.
Le financement du FMI est déjà pré-conditionné
A mon sens c’est le seul point positif qu’il recèle, soit le conseil à toute partie ayant des tentations autres que démocratiques et libérales de revoir sa copie ou d’aller voir ailleurs.
Et le FMI, n’est pas le zombie isolé qu’on présente, mais le porte-parole de toutes les banques du monde occidental et oriental qui sont alignées sur le libéralisme, et qui justement détiennent 99% des fonds de la planète y compris nos fameuses réserves.
Et même si je ne suis pas très proche de certaines de ses médications, je trouve que certaines tentations qui pointent à l’horizon avec un mélange de populisme, de roublardise et de coups de force, devraient y réfléchir à deux fois en lisant ce genre de messages, ainsi que les articles comme celui du Financial Times, qui ne seront pas les derniers, avant d’aller plus en avant dans leurs entreprises.
Surtout quand on sait que le gros des parties impliquées dans le volet politique et économique de la polémique actuelle, ne sont pas des idéologues du socialisme et de l’autarcie, bien au contraire rien qu’à voir leurs amitiés et proximités politiques passées et présentes.
Le peuple algérien n’étant pas formaté comme l’égyptien, il a été en partie déformé par une pensée de gauche mal intégrée, et prend au mot ses populistes même s’il les croit quand ils disent des choses proches de ses propres errements idéologiques.
Il n’acceptera jamais de se faire rouler dans la farine sans y prendre part en espèces sonnantes et trébuchantes.
Bouteflika avait l’argent à l’appui de ses bobards, pas la force brute ou la manipulation des mauvais penchants et des mauvais sujets.
Sans argent, toute entreprise d’enfumage finira en eau de boudin, et débouchera sur l’innommable.
Le choix est maintenant celui des Algériens à la croisée des chemins, soit une république gouvernée par la rationalité et l’efficacité au service d’une renaissance, soit un régime erratique qui finira de réussir ce que Bouteflika n’a pas eu le temps de finir, soit la faillite clé en main.
Car de là à penser que ce personnage avait à ses côtés d’autres mieux inspirés que lui, il faut être doté d’une certaine dose de naïveté excessive, ou d’une mauvaise foi qui défie l’entendement.