Le sort de la gouvernance de l’opérateur téléphonique nationalisé est incertain.
Le groupe russe Veon (ex Vimpelcom) ne va pas garder le management de l’opérateur algérien Djezzy après avoir cédé ses 45,76 % de parts du capital au Fonds national d’investissement (FNI), le 1er juillet dernier, pour 682 millions de dollars.
Un accord parallèle à la convention de rachat par le FNI des actions de Veon, conclu en avril dernier, prévoyait que le management de Djezzy soit délégué pendant une période pluri-annelle à Veon pour 25 millions de dollars par an.
Ce contrat de délégation de management a finalement été annulé par la partie algérienne au moment du closing à Alger, au début de l’été. Veon avait assuré le management depuis 2015 après son acquisition auprès de l’Égyptien Télécom Orascom de la quasi-totalité du capital de son opération en Algérie, puis la revente forcée par le gouvernement algérien, en avril 2014, au profit du FNI de 51% du capital, au montant de 2,6 milliards de dollars.
Le contrat de management comprenait également pour Veon une mission de recherche d’un investisseur pour reprendre l’opérateur téléphonique Djezzy. Une disposition controversée, car Veon avait lui-même recherché sans succès, en 2020 et jusqu’au printemps 2021, un repreneur de ses actifs en Algérie, avant de recourir à la clause – dénoncée comme une grave erreur par de nombreux spécialistes – qui oblige le FNI à racheter les parts de Veon conformément au pacte d’actionnaires de 2014.
« Djezzy peut devenir invendable »
L’expert financier Farid Bourennani, invité du direct sur Radio M, (diffusion youtube ce vendredi à 21h) prévient du risque d’enlisement dans ce dossier « qui pourrait rendre Djezzy invendable à terme ».
Le FNI, qui n’a pas existé dans la gestion de Djezzy ces sept dernières années, devra en assurer le management et lui trouver un repreneur pour une vente sans doute quasi intégrale cette fois, la démarche inverse de 2014. L’actif de l’opérateur de la première licence privée GSM a fondu de 71% entre 2014 – au moment du rachat des 51% par le FNI- et le 1er juillet 2022 avec la reprise des parts de Veon.
Il s’agit d’un solede lourdement négatif en devises.
La reprise de prés de 97% du capital de Djezzy – le reste appartient toujours au groupe Cevital – par l’Etat Algérien, via le FNI, a couté prés de 3,4 milliards de dollars au trésor public.
Une cession d’un Djezzy, correctement managé, dans le contexte déprimé de l’activité de la téléphonie, en l’absence d’un fort rebond dans les prochaines années, ne peut plus espérer rapporter plus de 1,5 milliard de dollars. Entre temps, les dividendes empochés le FNI, ont drastiquement baissé par rapport à la période Orascom de Djezzy (2003-2013). La profitabilité de Djezzy a, cependant, connu un redressement, en 2021, avec une marge d’Edibta de 44% et une progression du chiffre d’affaires à 88,85 Milliards de dinars.