Les experts doutent encore de la rentabilité d’une telle opération d’exportation par bateau dans un contexte marqué par la baisse des prix du gaz qui sont indexés aux cours pétroliers.
Le gaz de schiste américain arrive en Europe. Il atteindrait la France dès cet été. « La prochaine livraison pourrait être pour la France dans moins de deux mois », rapporte le site Francetvinfo qui précise que « EDF a signé un contrat de 50 cargos de gaz américain, du gaz de schiste extrait aux États-Unis ».
Après le boom du gaz de schiste de la fin des années 2000, les USA comptent exporter jusqu’à 60 millions de tonnes de gaz par an d’ici à 2020. Invraisemblables, il y a quelques temps les livraisons de gaz américains sont arrivées au Brésil avant d’atteindre l’Europe, il y a deux semaines, avec une première cargaison de gaz naturel liquéfié (GNL) américain livrée au groupe pétrolier et gazier portugais Galp Energia.
Les experts doutent encore de la rentabilité d’une telle opération d’exportation par bateau dans un contexte marqué par la baisse des prix du gaz qui sont indexés aux cours pétroliers. « Il faut que ces exportations soient rentables, ce qui n’est pas évident avec des coûts élevés et des prix actuellement au plus bas », estime le directeur de la revue « Pétrole et Gaz arabes », Francis Perrin.
Dans un entretien accordé au journal français Le Parisien, M. Perrain juge que ces opérations d’exportation requièrent une infrastructure lourde et des investissements colossaux. « Il faut construire au point de départ des usines de liquéfaction pour refroidir le gaz à des températures inférieures à – 160 °C, afin de le rendre liquide, puis louer ou développer des flottes de méthaniers pour le transport. Des bateaux qui peuvent dépasser 300 m de long pour 50 m de large ! Et enfin bâtir à l’arrivée de nouvelles usines de regazéification. Cela prend du temps », explique-t-il.
Quoi qu’il en soit, l’arrivée du gaz américain sur le marché européen est une réalité tangible surtout lorsqu’on sait que des travaux sont en cours sur le terminal de Dunkerque dans le Nord qui s’apprête à recevoir une première cargaison de gaz de schiste américain.
Pression sur le gaz algérien
Ainsi, après avoir tourné le dos au gaz algérien à la fin des années 2000, les américains viennent bousculer l’Algérie sur son marché traditionnel. L’Union européenne, principal client de l’Algérie a beau affirmer que l’Algérie est un « partenaire stratégique » en la matière, elle ne cesse de diversifier ses sources d’approvisionnement pour s’affranchir de sa dépendance notamment envers le gaz russe.
Le transport par canalisation demeure, certes, le moyen le plus fiable, mais l’arrivée du gaz américain sur le marché européen risque de mettre encore plus de pression sur l’Algérie qui a déjà perdu ses parts de marché en Europe au profit du Qatar et de la Russie au moment où elle compte augmenter ses livraisons en direction du vieux continent.
L’Algérie espère augmenter de 15% ses exportations pour atteindre les 50 milliards de mètre cubes cette année, contre 45 milliards en 2015.