« La Banque d’Algérie a donné beaucoup de dividendes et a financé la planche à billets. Mais depuis 2017, après que Ouyahia eut signé la Loi de Finances (2017), ils se sont mis à dépenser de manière démesurée ».
C’est ce que rappelle le Professeur Nour Meddahi, sur le plateau de Radio M, dans l’émission l’Invité Du Direct (IDD). Cet expert, explique que la Loi de Finances de 2017 revêtait bel et bien le cachet de la rigueur, et signale qu’il craignait que « Le risque était qu’ils mettent la main sur la planche à billets et vont arrêter la rigueur. En 2016 c’est ce qui m’inquiétait. » Et d’ajouter : « On avait recommandé 2500 milliards de dinars de planche à billets sur trois ans. Et on avait dit il n’y aura pas d’inflation. »
Toutefois, cette recommandation a été foulée au pied, puisque Nour Meddahi explique que l’on a eu la main lourde sur la planche à billets. « Ils ont ouvert les vannes à grande échelle et 6500 milliards ont été imprimés pour tenir deux ans. » Poursuit l’expert, qui rappelle que la recommandation des experts était de 2500 milliards de dinars de planche à billets sur trois ans.
Dans l’absolu M. Meddahi estime que le recours à la planche à billets n’induit pas forcément l’inflation et que le plus important est de savoir « Où va l’argent ». « Le risque inflationniste n’est pas une fatalité pour autant. » Dit-Il. Selon lui, en décembre 2019, le reliquat de la planche à billets était de 1700 milliards.
A la faveur de son intervention sur Radio M, Nour Meddahi suggère par ailleurs que le silence qui entoure le recours à la planche à billets en Algérie est éloquent. « Au début de l’année, Teboune n’a plus rien dit sur la planche à billets… » Indique-t-il à ce propos.
Ce silence autour du recours à la planche à billets en Algérie, détonne avec le débat souvent houleux qui entoure le sujet dans les pays voisins que sont le Maroc et la Tunisie. Deux pays qui affichent clairement leur résistance au recours à la planche à billets. Le gouverneur de la Banque du Maroc oppose depuis un an une résistance farouche au recours à la planche à billets. Il a déclaré devant le parlement marocain : « Vous me demandez de créer de l’inflation, moi ce n’est pas mon rôle, le mien c’est de lutter contre l’inflation et non la créer. »
Cet exemple que livre Nour Meddahi à titre d’illustration s’ajoute au cas de la Tunisie, dont la banque centrale a tant bien que mal résisté au recours à la planche à billets. « La loi de finances complémentaire pour 2020 a été votée au parlement tunisien, et mentionne que la Banque centrale est autorisée à donner un certain montant en planche à billets. Ils ont décidé de 3% du PIB. On voit bien qu’il y a de la résistance ; qu’en est il du cas algérien ? » S’interroge dans la foulée Nour Meddahi.
Cet expert aura au préalable livré une réflexion critique sur la conjoncture inédite que connaît l’Algérie, marquée notamment par la crise sanitaire induite par le Covid-19, et celle hautement politique liée au post printemps 2019.
L’Algérie qui est ainsi doublement impactée se relèvera difficilement de ce double choc, surtout qu’elle affiche un tableau alarmant, où, le déficit budgétaire atteint allègrement les 16,5%. Soit 7% à 8% de déficit, hérités de 2019.