Slim Othmani, président du d’Action et de Réflexion sur l’entreprise (Care), a déploré lundi que le gouvernement se comporte comme ‘’un bagarreur de quartier’’ : il veut imposer ses règles et sa force dans le fonctionnement de l’économie.
M. Slim Othmani président du cercle d’Action et de Réflexion sur l’entreprise (Care), a déploré lundi ce qu’il considère, chez le gouvernement algérien, comme une ‘’incompréhension assez surprenante des mécanismes qui gèrent l’économie mondiale’’.
Il y a, selon lui, un ‘’décalage’’ entre le fonctionnement de l’économie et la perception de l’économie chez les dirigeants algériens. Il impute cela, entre autres, à la présence d’experts ‘’dogmatiques’’ qui ‘’gravitent autour du gouvernement’’.
Au cours de l’émission ‘’l’invité du direct’’ de Radio-M, M. Othmani a aussi mis en doute l’utilité de la tripartite, telle qu’elle est organisée actuellement. Avec le format actuel, cette réunion se résume à ‘’un message des pouvoirs publics’’, mais ce n’est pas un lieu de négociations, a-t-il dit. ‘’Il y a des speechs, on déjeune ensemble puis chacun rentre chez soi’’.
Selon lui, les ‘’quatre moteurs de la croissance’’ sont en panne en Algérie : l’investissement, la consommation, les exportations et la commande publique. Avec une telle situation, il est difficile d’envisager une relance de l’économie, alors que le pays a le potentiel pour développer une croissance à deux chiffres.
Syndromes
M. Othmani a aussi longuement insisté sur ce qu’il appelle les six ‘’syndromes de l’économie algérienne’’. Ceux-ci constituent des blocages sur lesquels bute le gouvernement : la crise de la dette, Khalifa Bank, Djezzy, Rebrab, la crise financière de 2008 et l’effondrement des cours pétroliers depuis bientôt trois ans.
Depuis l’affaire Khalifa, le gouvernement n’a plus permis l’émergence d’une banque algérienne privée, a-t-il noté. Au lieu d’étudier sérieusement cette affaire, de déterminer les défaillances, de comprendre les mécanismes qui l’ont provoqué, le gouvernement a préféré tirer un trait sur les banques à capitaux privés algériens. De son côté, le capital étranger est ‘’décrié, montré du doigt’’.
Face au capital étranger, à l’investisseur privé, le gouvernement se comporte comme ‘’un bagarreur de quartier’’ alors qu’il faudrait institutionnaliser toutes ces activités. Il a plaidé pour l’établissement d’une ‘’relation apaisée avec l’étranger’’, en vue de faciliter les investissements étrangers qui ont besoin de ‘’stabilité et de visibilité’’. Quant à la fameuse règle du 51/49, il a été tranchant : ‘’ce n’est pas possible’’ d’envisager un afflux d’IDE avec cette règle.
Méthode non efficiente
Bien qu’il soit lui-même patron de l’entreprise privée NCA Rouiba, M. Slim Othmani a affirmé que l’idée de protéger la production nationale, avec des méthodes administratives pour restreindre les importations, n’est pas efficiente. Selon lui, il faudrait mettre en compétition les entreprises algériennes et étrangères, en les mettant ‘’dans les mêmes conditions’’.
Il a toutefois mis en doute la capacité des entreprises publiques algériennes à supporter la comparaison. ‘’Quand je vois les Conseils d’administration des Entreprises Publiques Economiques, j’ai envie de pleurer’’ a-t-il dit, ajoutant : ‘’vous ne pouvez pas faire fonctionner des entreprises avec des personnes non concernées’’ occupant des ‘’postes honorifiques’’.